Si vos ventes se font online, devez-vous suivre ?

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Pour faire court : si vos ventes se font en ligne, devriez-vous suivre ? Matthias Langenaeker, Comms & Effectiveness strategist Publicis Groupe, s'est penché sur le problÚme.

AprĂšs plus de 10 jours d'isolement social, je pense que nous pouvons dire que le coronavirus a un impact considĂ©rable sur tout ce que nous faisons actuellement. En fait, on a l'impression que toute notre vie est passĂ©e sur le "cloud". Boire seul Ă  la maison est dĂ©sormais possible grĂące Ă  Houseparty, nous parvenons enfin Ă  travailler ensemble par la grĂące des Ă©quipes Microsoft et il semble mĂȘme que nous ayons trouvĂ© le temps et les moyens d'appeler (en vidĂ©o) nos grands-parents. Toutefois, ce qui exige le plus d'attention de la part de notre secteur est une partie plus formative de ce "lockdown" : l'e-commerce fait d'Ă©normes progrĂšs.

Alors que les gens passent plus de temps en ligne et que la demande de services d'e-commerce augmente clairement, nous sommes confrontĂ©s Ă  un scĂ©nario prĂ©visible dans le monde du marketing : "DĂ©placez vos budgets publicitaires avec vos ventes en ligne". J'ai dĂ» le lire au moins dix fois dans les rapports sur le raz-de-marĂ©e actuel qui inonde nos boĂźtes aux lettres. C'est le genre de conseil qui semble inoffensif et peut mĂȘme sembler trĂšs logique, mais qui m'agace Ă  chaque fois. Non pas parce que c'est nĂ©cessairement un mauvais conseil, mais parce que c'est une reprĂ©sentation si simple de la rĂ©alitĂ© qu'elle peut devenir un dangereux mantra pour l'avenir. D'oĂč la question dans le titre : si vos ventes se dĂ©placent en ligne, devez-vous suivre ? DĂ©mĂȘlons rapidement les arguments, pour voir si l'ensemble tient toujours la route.  

C'est vrai, les gens passent plus de temps en ligne. Nous ne disposons pas actuellement de donnĂ©es solides sur le temps qu'ils y passent, mais des donnĂ©es rĂ©centes sur le trafic web et des contacts avec nos partenaires l'indiquent. Cependant, cette croissance de la consommation de mĂ©dias ne concerne pas seulement les chaĂźnes numĂ©riques ; davantage de personnes regardent la tĂ©lĂ©vision et les magazines, et les Ă©diteurs (journaux et magazines) nous disent Ă©galement qu'ils constatent une croissance significative de leur distribution gratuite. Ce n'est pas une surprise, bien sĂ»r, nous sommes dans le genre de crise oĂč les gens sont obligĂ©s de rester assis chez eux et ont besoin d'informations et de distractions. Parfois, 1+1 n'est en fait que 2. Donc, en effet, il n'est pas forcĂ©ment mauvais de transfĂ©rer Ă  court terme les budgets que vous avez fournis en affichage et en cinĂ©ma, par exemple, vers l'Internet. Mais je ne m'arrĂȘterais pas lĂ , en offrant aux mĂ©dias hors ligne comme la tĂ©lĂ©vision et les journaux au moins autant de possibilitĂ©s en termes d'Ă©chelle et d'impact aujourd'hui. 

Les budgets de communication doivent-ils suivre lorsque les ventes passent à l'Internet ? C'est la deuxiÚme partie de l'histoire qui est plus compliquée que vous ne le pensez. Heureusement, en cas de doute, il y a toujours le travail de Binet & Field sur lequel on peut compter. Les deux experts ont abordé ce sujet précis dans leurs travaux les plus récents (1). Là, les enseignements pour l'e-commerce sont conformes à l'idée de base qu'ils développent dans le document : lorsque l'activation des ventes est facile et la construction de la marque difficile, l'optimum bascule en faveur de cette derniÚre. C'est certainement le cas pour l'e-commerce. Cela devient encore plus clair lorsque l'on prend en compte les résultats de récentes recherches menées par Newsworks et house51 au Royaume-Uni (2). Elle confirme l'idée que l'e-commerce est un environnement hautement compétitif qui peut conduire à un trop grand choix ("surcharge de choix"). Combiné au fait que les consommateurs perçoivent toujours les achats en ligne comme étant plus risqués (par rapport aux achats hors ligne), cela conduit à la conclusion sans surprise que les gens sont plus susceptibles de faire des achats en ligne avec des marques qu'ils connaissent. Cela confirme une fois de plus la nécessité d'un bon équilibre entre le développement de la marque et l'activation des ventes. Ce que nous ne pouvons réaliser que par une intégration intelligente des médias qui assure l'échelle, l'impact et la conversion. 

Alors, suivez-vous les mouvements de vos ventes en ligne ? Si vous me demandez, la rĂ©ponse est un "non" nuancĂ©. Pas Ă  court terme, car mĂȘme si vous souhaitez faciliter la conversion de tous ceux qui dĂ©mĂ©nagent et font de plus en plus d'achats en ligne, vous avez un rĂŽle social Ă  jouer en ce moment. Un domaine oĂč les mĂ©dias hors ligne peuvent apporter une rĂ©elle valeur ajoutĂ©e, bien plus que n'importe quelle cible ou approche personnalisĂ©e. MĂȘme pas Ă  long terme, pour diverses raisons. Parce que pour grandir, il faut ancrer les nouvelles habitudes qui se forment, continuer Ă  attirer des acheteurs lĂ©gers, crĂ©er la confiance dans un environnement perçu comme risquĂ©,... Amazon, Zalando et bol.com, pour n'en citer que quelques-uns, l'ont compris et rĂ©partissent leurs budgets mĂ©dias sur les canaux en ligne et hors ligne. Si ces grands acteurs du bouleversement numĂ©rique ont prouvĂ© que vos budgets ne devraient pas ĂȘtre utilisĂ©s individuellement pour rĂ©aliser vos ventes, alors je vous suggĂšre de modifier vous aussi votre rĂ©ponse Ă  la question initiale si elle Ă©tait un "oui" convaincant. 

Matthias Langenaeker
Comms & Effectiveness strategist Publicis Groupe

1Les Binet & Pieter Field – Effectiveness in Context – 2018 

2WARC Exclusive – Does mental availability matter in the digital age? – February 2020Â