{Interview} Gijs Vanhee conçoit l'affiche de Brightfish : "Dans mon travail, j'essaie toujours de créer une impression de rêve"

Pour cette sixième édition du Movie Poster Challenge, Brightfish a fait appel à l'artiste Gijs Vanhee. « Nous essayons, deux fois par an, de proposer nos Hidden Movie Posters aux agences et annonceurs, ainsi que de soutenir le travail de créatifs locaux. Avec Gijs, nous y sommes -selon moi- à nouveau parvenus. C'est vraiment une affiche géniale, » explique Frederik Braem, Creative Services Director chez Brightfish.

L'œuvre de Vanhee comporte dix titres de films récemment sortis ou qui paraîtront prochainement sur grand écran. L'objectif de ce challenge est d'inviter les annonceurs, les créatifs et les agences média à retrouver les titres et à gagner une campagne cinéma d'une semaine. PUB s'est entretenu avec l’artiste.

La vie d'artiste de Gijs Vanhees n'est faite que d’une seule certitude : celle de commencer sa journée par un café. La suite est un mélange de travail créatif, de questions pratiques et de rebondissements inattendus. En été, il planifie des peintures murales nécessitant toute une préparation ; en automne, il consacre une grande partie de son temps à des commandes d'illustrations. « J'aime aller surfer, mais j'ai besoin de faire des pompes de temps en temps pour rester en forme. Réaliser des commandes dont l'objectif est clairement défini est comparable : cela vous encourage à continuer de dessiner. Parfois, cela vous oblige à créer quelque chose que vous ne feriez pas de votre propre chef, mais en fin de compte, cela redonne de l'inspiration à votre propre travail, » explique-t-il.

Une commande traitant du cinéma est tout à fait dans ses cordes. « Au début, je craignais de ne pas pouvoir y raconter ma propre histoire, mais je me suis vite rendu compte que mon style artistique transparaissait naturellement sur l'affiche. Dans mon travail, j'essaie toujours de créer une impression de rêve, ce qui se reflète également dans cette œuvre-ci. »

Freebirds

Ses Freebirds sont un autre phénomène récurrent. Les freebirds sont des personnes à tête d'oiseau que Vanhee appelle les protagonistes de son œuvre. Ils symbolisent l'idée que l'homme est libre dans son esprit grâce à l'imagination, et reflètent cette quête de liberté et d'équilibre chère à Vanhee entre nature et société. Lorsqu'il réalise une peinture murale, il portera invariablement un t-shirt à l'effigie de l'un de ces freebirds. « Si l'on mettait côte à côte toutes mes peintures murales, dessins et croquis, on pourrait, avec un peu d'imagination, en extraire toute une histoire, car c'est toujours la même figure qui y joue le rôle principal, » nous dit-il.

Les freebirds sont le résultat de la tenue d'un journal de dessins. Il perdait trop de temps à se dessiner ou à dessiner ses amis dans les moindres détails, alors que son principal souci était de se concentrer sur l'action. Il a donc commencé à dessiner des représentations animales, pour ne garder, à la fin, que l'oiseau. L'année dernière, il a rencontré un collectif de street art axé sur la réalisation de peintures murales dans un contexte social, et dont l'objectif consiste à créer quelque chose en collaboration avec un quartier. « Le collectif est fan de mon travail avec les freebirds parce que ce concept fonctionne partout. On peut faire passer un message sans mettre l'accent sur le genre ou la race, et ce n'est pas offensant non plus. Je m'efforce de rendre mon travail accessible au plus grand nombre, y compris aux enfants. »

Disconnected

Selon Vanhee, la créativité consiste à faire quelque chose avec ce qui est disponible à un moment donné. « Imaginer ou dessiner quelque chose relève de l'entraînement. Lorsque vous réalisez une peinture murale et que les choses tournent mal, mais que vous parvenez à trouver une solution qui s'avère bien meilleure que le plan initial, c'est à ce moment-là que vous faites appel à votre créativité, » explique-t-il.

Lorsque l'inspiration ne vient pas naturellement ou qu'il est bloqué dans son travail, Vanhee essaie de se remettre dans le bain de plusieurs façons. Il dit, à cet effet, qu'il lui est utile de dessiner la même chose, encore et encore, jusqu'à ce que quelque chose d'autre apparaisse, ou bien de choisir une approche complètement différente et de briser la routine, ou encore de faire du sport. « Pour moi, aller surfer fonctionne parfaitement par exemple. C'est le seul sport où je suis vraiment complètement déconnecté. » Avant, il faisait régulièrement quelques heures de route pour se rendre à la mer. Récemment, il a essayé de reprendre cette habitude, même si c'est un peu plus difficile à planifier depuis qu'il a un enfant. « Cette activité physique m'aide à me vider la tête, cela me permet ensuite de travailler plus lentement et avec plus de concentration. »

The Overstory

Il n'a pas eu à réfléchir longtemps sur ce qu'il voulait faire de l'affiche. Dès le premier entretien avec Brightfish, il savait déjà qu'il voulait faire de l'arbre le principal protagoniste. « J'ai lu pratiquement tous les livres sur les arbres et sur la manière dont ils communiquent et interagissent entre eux. Cela me fascine énormément. Dans nombre de mes dessins, on voit des personnages en train de faire quelque chose, tandis que la nature évolue de son côté. Ils n'ont aucun contrôle sur les événements autour d'eux et c'est très bien ainsi. La nature se régule d'elle-même, et nous, êtres humains, ne sommes pas obligés de toujours intervenir. »

Un des livres les plus fascinants qu'il ait lus est The Overstory de Richard Powers. L'histoire suit plusieurs personnages liés par leur relation avec les arbres. Bien qu'il s'agisse d'une fiction, les histoires sont si fortement ancrées dans la réalité qu'elles font réfléchir, estime Vanhee. En s'inspirant de ce livre, il rêve de se rendre un jour sur la côte californienne, en Oregon ou au Canada, où poussent d'immenses arbres. « J'aimerais tant voir, sentir et ressentir ces arbres. Ce serait génial de combiner un road trip avec la famille et de réaliser quelques peintures murales pour financer le voyage », nous confie Gijs Vanhee à voix haute. Actuellement, il se réjouit surtout de son travail sans devoir respecter un horaire fixe. « C'est bien d'avoir des projets et des échéances, mais je me réjouis de pouvoir récupérer mon fils à l'école et de passer du temps avec lui jusqu'à ce qu'il aille se coucher. Après cela, je peux encore travailler si nécessaire. J'apprécie vraiment cette liberté. »