{Interview} RMB fête ses 40 ans, un parcours marqué par l’audace et l’innovation

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En ce mois d’octobre 2025, RMB célèbre ses 40 ans. Pour l’occasion, PUB a rencontré Yves Gérard, CEO, et Massimo Papa, Deputy General Director, afin de revenir sur les moments clés de la régie, son évolution face aux transformations du marché et les défis à venir.

RMB fête ses 40 ans cette année. Quels sont selon vous les moments les plus marquants de votre parcours et comment ces expériences ont façonné l'identité de la régie aujourd'hui ?

Yves : Plusieurs étapes ont été cruciales. D’abord, la constitution de RMB en 1985 : la RTBF n’avait aucune expérience dans le secteur publicitaire, alors elle s’est associée avec le groupe CPB (Cinéma Publicitaire Belge), qui possédait le savoir-faire nécessaire. C’était un modèle assez inédit en Europe, créer une société hors du périmètre du service public pour gérer la publicité.

Ensuite, il y a eu l’ouverture de la publicité commerciale à la RTBF en 1989, avec la mise en place du système TVB, où RMB conservait le sponsoring et la publicité régionale. Plus tard, dans les années 90, RMB a créé un réseau européen autour de l’activité cinéma, RMB International, vendu en 2000-2001. Cela a permis à la RTBF de reprendre les parts de son partenaire UGC (qui succédait à CPB )et de devenir actionnaire unique en 2006, tout en restant ouverte à de futurs actionnaires stratégiques.

Enfin, l’arrivée de Jean-Paul Philippot à la tête de la RTBF en 2002 a marqué un tournant : son long mandat a fortement influencé le développement de RMB, notre premier client et actionnaire.

Massimo : Je mentionnerais également 2016, avec la naissance d’Auvio, qui a amorcé notre virage digital et data. Les événements post-2015, comme l’arrivée de TF1 ou le rachat de RTL par DPG en 2022, ont accéléré la transformation du marché et poussé RMB à diversifier ses ressources et son modèle, du petit écran au plus grand, en passant par le digital et le cinéma.

Yves : Pour le cinéma, il revient d’ailleurs dans notre portefeuille depuis janvier 2025, mais pour de nouvelles raisons : élargir notre reach et toucher les consommateurs là où ils se trouvent, de manière totalement vidéo et multicanale.

Quel partenariat récent a été déterminant pour le développement de RMB et quel rôle jouera-t-il dans les années à venir ?

Massimo : Entre 2020 et 2024, Benoît Mikkelsen et Stéphane Lucien nous ont accompagnés dans le développement digital, ce qui a accéléré nos capacités data. Nous avons aussi collaboré avec France Télévisions, Fun Radio et le cinéma, renforçant notre position concurrentielle. Mais l’élément le plus stratégique est la diversification vers la création de contenu avec nos entités Flash et Slice : les créateurs de contenu deviennent des transmetteurs de messages, à l’instar des médias traditionnels.

Massimo : Pour LN24, notre partenariat avec Zelos, la société de Freddy Tacheny est un pari audacieux : transformer une chaîne d’info en chaîne plus généraliste pour toucher un public plus large et monétisable. L’audace fait partie de nos valeurs.

L’utilisation des données est aujourd’hui un enjeu central pour les régies publicitaires. Comment RMB concilie-t-elle respect de la vie privée et efficacité publicitaire pour ses clients ?

Yves : En respectant strictement la législation GDPR et en anonymisant les données. La donnée est devenue clé pour l’efficacité des campagnes, mais toujours dans un cadre légal et moral.

Concernant la durabilité, quelles initiatives concrètes RMB a-t-elle mises en place pour rendre les campagnes plus responsables ?

Yves : La responsabilité est une de nos quatre valeurs. Nous aidons les annonceurs à communiquer de manière responsable, à travers des offres commerciales et de sensibilisation. Le rapport d’impact 2024 détaille ces initiatives : Blue Minute, Blue Screen, et d’autres projets pour promouvoir une consommation plus responsable.

Massimo : Nous avons aussi investi dans Balnz, une application qui réduit le temps d’écran des jeunes, et développé des outils pour des messages publicitaires plus inclusifs, par exemple pour les malentendants. L’objectif est d’introduire de nouveaux KPI qui ne soient pas uniquement financiers, pour un monde de communication plus vertueux.

Quels sont les plus grands défis pour RMB dans les cinq prochaines années ?

Massimo : Recréer la Belgique. Le marché est fragmenté et les frontières économiques sont poreuses. Il faut garantir un cercle vertueux pour les éditeurs et la démocratie.

Yves : La vraie question est de savoir comment les éditeurs de contenus de qualité continueront à produire dans ce contexte. La concentration internationale des acteurs pose un vrai défi.

Massimo : Le second enjeu est la technologie. Comment recréer un lien durable entre les marques et les consommateurs, alors que l’AI et les contenus automatisés privilégient le court terme ? La fidélisation et la créativité locale restent essentielles.

À quoi ressemblera RMB dans dix ans ?

Yves : Nous allons vers une bascule digitale majeure. Linéaire télé et radio deviendront digitalisés. Il faudra s’inscrire dans cette tendance et valoriser les contenus locaux et créatifs pour rester attractifs.

Massimo : RMB sera multiple : services en créativité, contenu, data et technologie. Nous ne vendrons plus seulement des médias, mais des communautés de consommateurs. Nous devrons rester au service de nos clients et construire un écosystème belge solide pour résister aux acteurs internationaux et à la globalisation.