Le vrac : un petit pas pour l’Homme, un grand pas pour l’humanité

Le Vrac est devenu une réelle tendance dans le retail. C'est dans ce contexte que nous vous livrons un billet d’opinion de Sylvie Droulans du Réseau Vrac Belgique.

"Vous pensez que l’on exagère ? Et pourtant… Avant que les vagues de la Mer du Nord ne nous claquent une bise à Bruxelles, observons cette vague du zéro déchet de plus près. Ou plutôt de plus loin. Car c’est avec un peu de recul que l’on se rend compte que ce n’est pas une simple mode mais bien un phénomène de société. La vaguelette semble commencer à dérouler lentement ses dentelles jusque dans les moindres recoins du pays si l’on en croit l’ouverture de magasins de vrac un peu partout en Wallonie et à Bruxelles. Et quand on se prête au « jeu », on se rend vite compte que le zéro déchet induit en effet non seulement une réduction des déchets, notamment plastiques, mais aussi et surtout une diminution du gaspillage alimentaire, le vrac permettant d’acheter la bonne quantité au bon moment (sans compter la diminution des achats compulsifs liés au marketing du packaging).

Un vrai plus pour notre portefeuille et surtout un gros moins pour notre empreinte écologique car près de 10% des gaz à effet de serre mondiaux proviennent de ce gaspillage écœurant. Et si refuser l’emballage plastique est souvent le premier pas vers une consommation responsable, c’est aussi, en plus, le plus facile des petits gestes que l’on peut mettre en place pour espérer gagner notre droit à lézarder encore un peu sur Mamy Blue, à en croire le consomm’acteur convaincu qui vous dira que cette traque au déchet constitue une façon amusante de se challenger en famille ou entre collègues. Plutôt saine l’addiction, non ?

Enfin, et c’est là que ça devient le plus intéressant : philosophiquement parlant, le « zéro waste » (zéro déchet, zéro gâchis)et son bras armé, le vrac, permettent de facto de recréer du lien entre soi et l’aliment, car en réduisant à néant l’emballage, c’est le symbole de la distance entre nous et les aliments qui disparaît, et nous ne pouvons avoir de respect pour le vivant qui nous entoure que si l’on réalise à nouveau la quantité d’énergie et de temps que nécessitent une pomme, un steak ou une poignée d’amandes grillées pour arriver dans notre assiette.

S’organiser et créer un cercle vertueux autour du vrac pour les produits alimentaires, mais aussi non alimentaires, est notre défi aujourd’hui car si le consommateur est prêt, le monde de l’industrie, lui, ne l’est pas; mastodonte pédant mais colosse aux pieds d’argile ne réalisant pas que les bases sont de plus en plus conscientes de l’inadaptation des grands groupes internationaux industriels tant au niveau de la façon dont ils produisent qu’au niveau du suremballage qu’ils imposent.

Nous, acteurs du vrac, sommes en action pour créer ce lien entre le consommateur et les aliments et pour créer du lien entre tous les maillons de la chaîne d’approvisionnement : magasins, fournisseurs, grossistes, petits producteurs… Car c’est bien à que réside l’urgence pour le moment, 80% des problèmes rencontrés au niveau du vrac se trouvant non pas au niveau du client ou du marketing mais bien au niveau de la chaîne d’approvisionnement. En nous organisant tous ensemble, nous allons pouvoir créer ce cercle vertueux autour du vrac qui répondra de manière sérieuse et pérenne à cette demande salutaire. Le réseau Vrac Belgium entend fédérer tous les acteurs du vrac : les magasins indépendants, qui sont très qualitatifs en Belgique, les magasins franchisés, comme par exemple l’enseigne de magasins de vrac day by day récemment installée à Bruxelles et commercialisant plus de 750 produits en vrac, mais aussi les producteurs locaux, les distributeurs de contenants à vrac et tous les experts du « zéro waste ».

Nous espérons de toutes nos forces que les politiques et les organismes tels que l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaine Alimentaire seront d’un soutien bienveillant et actif. La deuxième édition du Salon du Zéro Déchet organisé par Bruxelles Environnement ce samedi 16 novembre, à Tour & Taxis, est d’ailleurs un formidable maillon de la chaîne pour atteindre le plus vite possible ce cercle vertueux qui n’attend qu’à transformer la vaguelette en tsunami."