L’électeur montre-t-il son jeu ?

Les sondages politiques sont-ils pertinents ? Dans quelle mesure sont-ils précis ? Influencent-ils le comportement des électeurs ? Nous avons sondé un politologue et deux chercheurs. - Erik Verdonck
Les sondages ont-ils une incidence sur les intentions de vote ? Jan Callebaut, fondateur de WHY5Research, est critique : « Je pars du principe que la politique, c’est l’art de se faire représenter. La fiabilité dépend par conséquent des méthodes de sondage. Chaque électeur a-t-il eu la possibilité de participer ? Dans la pratique, c’est pratiquement impossible. Nous essayons de trouver des échantillons qui reflètent au mieux les sous-groupes. » Lorsqu’un journal comme De Standaard organise une enquête auprès de ses lecteurs sur un sujet particulier, il y a d’office une ‘erreur système’ dans la recherche. Le lecteur du journal qui réagit n’est jamais représentatif à 100% de l’électorat. Que vaut alors le sondage ? « Considérez-le comme un sondage de popularité pour un parti ou un homme politique, » dit Jan Callebaut. « Il n’y a pas d’effet permanent. L’infrastructure qui permettrait d’exploiter les sondages de façon optimale manque, les services d’étude ne sont pas suffisamment développés et manquent de moyens. Les principaux intéressés sont les médias. Ils veulent pouvoir avancer des chiffres, mais ils ne disent rien sur les aspects techniques, tels que la représentativité statistique. » Les sondages sérieux exigent de l’argent, de la patience et de la science. Idéalement, il faudrait travailler avec un échantillon par circonscription électorale. Dans la pratique, il est extrêmement difficile de faire un travail de qualité quand on manque de moyens. Il y a aussi une nouvelle forme de recherche qui apparaît. Aux Etats-Unis, certains sites internet ont prédit la victoire de Trump sur base d’une analyse sémantique des réseaux sociaux. Ils ont utilisé des algorithmes spécifiques pour cela.
Pas de boule de cristal
Les sondages sont rarement des prédictions électorales, bien qu’on les considère souvent de la sorte. Ce sont plutôt des instantanés qui prennent la température à un moment précis. Beaucoup d’électeurs (jusqu’à un tiers) prennent en réalité leur décision plus tard, parfois même lorsqu’ils sont dans l’isoloir. Pour évaluer la qualité des sondages, il vaut mieux regarder la méthodologie employée : la taille de l’échantillon, la technique d’interview utilisée (en ligne ou téléphonique), la formulation des questions et le taux de réponse. Jan Drijvers, client service manager chez TNS Kantar, se bat pour des sondages transparents. L’agence de sondage mène régulièrement, entre autres, des sondages sur le comportement des électeurs pour la VRT, De Standaard, La Libre Belgique et la RTBF. « Sonder correctement l’opinion publique ne s’improvise pas, » poursuit Jan Drijvers. « Aujourd’hui, on voit des soi-disant ‘sondages’ se multiplier. Il suffit de poster une liste de questions sur votre page Facebook et d’appeler ça un sondage. Les autorités ont donné le mauvais exemple avec leur sondage sur la politique énergétique. Le citoyen a l’illusion d’être consulté, mais est-ce seulement représentatif ? Si vous respectez les règles, vous devez être constamment en mesure de déterminer qui sont les répondants, et si nécessaire, réajuster l’échantillon choisi. En ligne, ce sont toujours les mêmes citoyens avertis qui donnent leur avis à qui veut l’entendre. Mais sont-ils représentatifs ? » Un sondage sur les intentions de vote est également une forme – la plus médiatisée, d’ailleurs – d’étude de marché politique. « Une recherche qualitative sérieuse sur les souhaits et les besoins des citoyens et la recherche post-électorale sont beaucoup plus instructives qu’un sondage, » dit-il. « Il s’agit de marketing politique qui permet de pré-tester des campagnes, et d’étudier les catégories d’électeur ou l’image des partis et des candidats. »
Une influence sur le comportement de vote ?
Les sondeurs, les journalistes et les hommes politiques sont responsables de la valeur et de la réputation des sondages d’opinion. Jan Drijvers en appelle à la prudence lors de l’interprétation des données et des tendances. Souvent les bases de statistique les plus élémentaires échappent aux journalistes. Les sondages bien réalisés sont une mine précieuse d’informations et offrent la possibilité de changer ou de peaufiner une stratégie, sans que l’électeur ne doive passer par la case isoloir. Plus il y a de sondages, plus ils se contrôlent et se relativisent mutuellement. Mais en fin de compte, il s’agit souvent de petits échantillons avec des marges d’erreur et des techniques faillibles. La recherche post-électorale montre que les sondages n’ont qu’une influence minime sur les comportements de vote. Les électeurs sont davantage influencés par l’interprétation des sondages faite par les médias, par les interviews, les débats, bien plus que par les chiffres seuls. Hans Verhoeven, general director de iVox rappelle l’importance des 15 à 20 pour cent d’électeurs indécis, en moyenne, que l’on oublie souvent dans les médias. Le moment choisi pour effectuer un sondage influence également son degré de certitude. « Les intentions de vote fluctuent énormément, même auprès des électeurs ‘sûrs’, » constate Hans Verhoeven. « Il est important d’en tenir compte. Dans ce sens, les sondages ne prédisent pas le comportement des électeurs, mais de bons sondages permettent tout de même de dégager des tendances. » Il confirme que cette nuance est aux abonnés absents dans les médias, et plus encore sur des réseaux sociaux comme Twitter, où les messages sont limités à 140 caractères. « Un chiffre y devient alors rapidement un fait avéré sur base duquel on peut prédire le comportement des électeurs, » dit-il. La recherche post-électorale démontre que ce genre de ‘prédictions’ influence les électeurs. En effet, ils voteront différemment de ce qu’ils avait déclarés dans les sondages quelques mois auparavant pour des raisons stratégiques : ils veulent renforcer le ‘vainqueur’ ou donner une chance aux underdogs.
Concours de popularité
La plupart des sondages mesurent la popularité des partis et des hommes politiques. Ils révèlent la popularité d’un candidat en dehors de sa propre circonscription. Il est vrai qu’un homme politique puisse ne récolter des voix que dans sa propre circonscription (sauf pour le Sénat et l’Europe). Les résultats sont donc plutôt importants pour la cuisine interne du parti, pour établir l’ordre de sa liste. Peut-on comparer un parti ou un candidat à une marque ? « Les citoyens établissent leur préférence sur base d’arguments rationnels et émotionnels, tout comme le font les consommateurs lorsqu’ils choisissent une marque, » répond Jan Drijvers. « La grande différence, c’est que les citoyens sont obligés d’aller voter, c’est pourquoi il est d’autant plus important de ne pas sonder que les électeurs convaincus, mais également ceux qui sont moins motivés ou qui sont indécis. » Hans Verhoeven confirme : « Le comportement de vote est plutôt instable, mais le consommateur fait des choix au quotidien. Les marques aussi ont l’opportunité de gérer leur image. » Les partis d’opposition partent tout de même avec un handicap : ils n’ont pas encore prouvé qu’ils étaient capables de mener à bien leur politique et de mettre en œuvre quelque chose. Ce n’est pas dénué d’importance, car la plupart des gens en tiennent compte lorsqu’ils votent, ils choisissent un parti ou un homme politique qui mérite leur confiance et qui tiendra ses promesses.
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Hans Verhoeven (iVox) : « Les sondages sont des instantanés. Ils ne prédisent pas le comportement des électeurs, mais un sondage bien réalisé permet de dégager des tendances. Malheureusement, cette nuance se perd dans les informations, et disparaît complètement sur les réseaux sociaux. »
Jan Drijvers (TNS Kantar) : « Les citoyens établissent leur préférence sur base d’arguments rationnels et émotionnels, tout comme le font les consommateurs lorsqu’ils choisissent une marque. La grande différence, c’est que les citoyens sont obligés d’aller voter. »
Jan Callebaut (Why5 Research) : « Les médias sont demandeurs de sondages. Ils veulent pouvoir avancer des chiffres, mais ils ne disent rien sur les aspects techniques, tels que la représentativité statistique. »
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« Les intentions de vote fluctuent énormément, même auprès des 80% d’électeurs ‘sûrs’ » - Hans Verhoeven
« La valeur et de la réputation des sondages d’opinion sont une responsabilité partagée » - Jan Drijvers
« Les sondages sérieux exigent de l’argent, de la patience et de la science » - Jan Callebaut
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