Et si on arrêtait de flipper et qu’on investissait dans les cerveaux ?
En face de mon école : un ministère de la Défense flambant neuf. Clim, caméras, vitres miroir. À dix mètres : des fenêtres qui ferment plus, des néons à l’agonie, des élèves qui apprennent à rêver dans des couloirs trop étroits. Deux visions du futur. Et une question : on prépare quoi, au juste ? Une société qui pense, ou une société qui obéit ?
Aujourd’hui, l’Europe réarme à tour de bras. “Sécurité, souveraineté, résilience”, on nous dit. Mais pendant ce temps-là, les budgets pour l’éducation, la culture, la jeunesse… fondent comme une playlist d’été en plein mois de novembre. On laisse aux nouvelles générations une planète épuisée, un monde instable… et un arsenal. Merci du cadeau. Mais si la vraie puissance n’était pas dans les missiles, mais dans les idées ? Et si l’imaginaire était notre meilleure défense ?
Nos industries créatives — design, musique, cinéma, jeux vidéo, BD, architecture, spectacle — ce n’est pas du bonus. C’est une force. Économique. Diplomatique. Intime. C’est ce qui fait qu’on inspire encore, malgré le chaos. Ce sont elles qui fabriquent du lien, du sens, du désir collectif. Ce sont elles qui nous empêchent de sombrer. Alors réarmons, oui. Mais avec du sens. Pas avec des murs : avec des fenêtres. Pas avec la peur : avec l’élan. Pas avec du métal : avec de la matière grise. On n’a jamais préparé la paix en répétant la guerre. On n’a jamais bâti d’avenir avec des outils du passé. Et on ne prépare pas les enfants à vivre… en les enfermant. Il est temps d’investir dans ce qui pense, dans ce qui vibre, dans ce qui relie. Il est temps d’ouvrir grand les fenêtres.