POUR AVOIR ENCORE LE CHOIX

Astrid_Jansen_18

Je vous l’écris franchement, peu m’importe que Google connaisse mes préférences sexuelles via mes sites érotiques préférés. Ce qui me dérange surtout c’est que, depuis que Netflix a compris mon addiction aux comédies, tous les films de son catalogue me sont présentés sous un angle comique. La plateforme parvient à appliquer une vignette amusante à des films aussi déprimants que ceux des frères Dardenne. Ça m’embête car ça me colle aussi une étiquette. La société nourrit un paradoxe psychologiquement perturbant. Elle dit « sois toi-même » et en même temps, fourbe, elle me met dans une case. Or, mon identité est multiple voyez-vous. Après une soirée difficile, il a fallu une semaine à Spotify pour comprendre que je ne suis pas vraiment fan de Céline Dion. « Eh c’était pour rire hein ! » Vous l’avez compris, j’ai peur. Peur que les algorithmes ne détruisent ma singularité et mon besoin d’être surprise. Peur qu’internet ne se fasse passer pour Moi. Peur d’être enfermée dans une bulle à filtre. Seulement, je suis bien petite face aux GAFA et autres ASNS (Amazon, Spotify, Netflix, et Steam) qui se sont emparés des datas comme d’autres ont pris possession du pétrole. Dites, peut-on porter plainte contre un algorithme ? C’est extrême mais je vous promets avoir entendu un spécialiste qualifier les datas de deuxième fléau de l’humanité, après Hitler. Les datas sont un pouvoir immense entre les mains de quelques personnes qui contrôlent la pensée du monde. Le débat sur les questions éthiques soulevées par les algorithmes s’est donc immiscé dans tous les aspects de notre quotidien en même temps que les algorithmes s’y soient introduits indument. Mais pas question ici de tirer la sonnette d’alarme pour aussitôt en étouffer le son. Ces algorithmes peuvent aussi soutenir les médias et en améliorer la consommation. Dans une société où la profusion de contenus est devenue malsaine, l’Intelligence Artificielle est l’unique solution pour plus de lisibilité et de pertinence. Si leurs effets sont pervers, nous avons besoin des algorithmes ! Le public doit apprendre à vivre avec. À cet égard, il faut éduquer et débattre pour ne pas se laisser manipuler et garder son envie de découverte comme son esprit critique. Pourquoi ne pas commencer cette éducation dès l’école ? Reste à savoir sous quelle forme... Tâchons en tout cas de nous approprier cet enjeu qui fait partie de notre quotidien.