Covid 19 : Un plan d’aide aux médias et aux journalistes

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Le jeudi 30 avril, la Vice-Présidente et Ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture,  des Médias et des Droits des Femmes, Bénédicte Linard a annoncé l'adoption d’un plan d’aide aux médias et aux journalistes suite à la crise du Covid-19.

La crise du coronavirus COVID-19 a un impact important sur le secteur des médias, tant audiovisuels que de presse écrite, et sur les journalistes. Le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a donc adopté un plan d’aide en quatre volets. 
 
 « Depuis le début de la crise du Coronavirus, les rédactions sont en première ligne et travaillent dans des conditions exceptionnelles et difficiles. Je tiens à remercier les journalistes, les technicien.ne.s et l’ensemble du secteur pour ce travail important réalisé au quotidien », explique la Ministre des Médias, Bénédicte Linard. 

Les médias sont aujourd’hui confrontés à un paradoxe. D’une part, leur rôle en tant que sources d’informations fiables et vérifiées est renforcé. D’autre part, leurs revenus publicitaires se sont érodés et la vente de journaux papiers a chuté ce qui provoque des difficultés économiques profondes avec des conséquences directes pour les journalistes et en particulier pour les journalistes indépendants. 

Suite à un travail de concertation avec les fédérations représentatives des médias (LaPresse.be, l’AJP et le réseau des médias de proximité) et suite à différentes rencontres (avec des médias audiovisuels privés et des représentants de radios indépendantes et associatives), un plan d’aide aux médias et aux journalistes a été adopté le jeudi 30 avril au Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur proposition de la Ministre des Médias, Bénédicte Linard. 

Ce plan se décline en 4 mesures de soutien :  

1) Une campagne de communication : le Gouvernement s’engage à acheter des espaces publicitaires pour un campagne de communication d’intérêt public dans l’ensemble des médias écrits et audiovisuels nationaux, régionaux et locaux, afin de répondre à la baisse drastique de leurs revenus publicitaires. Un montant prévisionnel est prévu à hauteur de 1 383 043 euros pour cette mesure. 

2) Un soutien aux médias dont la viabilité est menacée en raison de la crise du COVID-19 : le pluralisme des médias est un pilier essentiel de la démocratie. Or la crise du Covid-19 risque de mettre en péril la viabilité de certains acteurs du monde médiatique ainsi que des initiatives émergentes. 

Dans ce contexte, le Gouvernement a prévu une enveloppe budgétaire de 3 000 000 d’euros permettant d’indemniser le secteur face aux pertes de recettes causées par la crise du Covid-19. Seront éligibles à ces indemnités les médias relevant de la presse écrite quotidienne et périodique, les radios, y compris indépendantes et associatives, les télévisions, y compris les télévisions locales.

Différentes balises sont fixées pour bénéficier de ces aides. Il faudra prouver que : 
  
1.    la compensation demandée correspond à une perte de recettes, déduction faite de la baisse des charges d’exploitation, et est la conséquence directe des mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus COVID-19 ; 
2.    le montant de la perte de recettes ou de revenus menace la viabilité de l’entreprise, pièces justificatives à l’appui ;
3.    l’information est la principale activité du titre ou du service concerné ou l’opérateur s’engage à augmenter le temps d’antenne consacré à la diffusion d’artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles ;
4.    des mesures ont été prises pour permettre à la rédaction de continuer à fonctionner de manière optimale, de manière à préserver la qualité de l’information ;
5.    l’emploi sera maintenu dans l’entreprise ;
6.    le titre ou service relève de la compétence territoriale de la  Fédération Wallonie-Bruxelles ; 
7.    le média s’engage à ne pas verser des dividendes 2019 aux actionnaires au cours de l’exercice 2020 ;
8.    d’autres niveaux de pouvoirs ont été sollicités pour les aides éventuelles auxquelles l’opérateur serait éligible. 

3) Un soutien direct aux journalistes indépendants : les journalistes sont particulièrement exposés dans cette crise du COVID-19. Beaucoup de salariés ont vu leur charge de travail augmenter, avec parfois un salaire raboté par une mise en chômage temporaire partiel. D’autres journalistes, souvent des indépendants, ont vu leur volume de travail diminuer drastiquement sans pouvoir bénéficier du droit passerelle. Au-delà de l’urgence sociale vécue par ces journalistes, l’attractivité de la profession est aussi mise en péril. 

La Fédération Wallonie-Bruxelles entend soutenir le travail des journalistes indépendants (et statut assimilé) à travers une augmentation de 550 000 euros des moyens consacrés au Fonds pour le journalisme. 

Ces moyens complémentaires seront répartis sur des appels à projets mensuels organisés jusqu’à la fin de l’année. Ils seront destinés aux journalistes indépendants et aux journalistes privés de revenus. Les appels seront adaptés pour atteindre aussi celles et ceux qui d’habitude ne pensent pas à faire appel au Fonds pour le journalisme : journalistes dans les rédactions locales, journalistes sportif•ve•s, judiciaires ou culturel•le•s notamment.

Ce Fonds, déjà renforcé par l’AJP suite à un appel supplémentaire, bénéficie aujourd’hui à 75% à des journalistes indépendants. Un jury indépendant octroie des bourses à des journalistes pour leur permettre de financer des projets journalistiques qui demandent plus de temps.

4) Permettre la transition du secteur médiatique vers un modèle économique moins dépendant de la publicité : la crise du COVID-19 souligne la fragilité du secteur des médias, et notamment sa trop grande dépendance à la publicité.  

Comme prévu dans la Déclaration de Politique Communautaire (DPC), le Gouvernement a décidé de procéder à un audit exhaustif du marché publicitaire belge francophone. Il s’agit d’une étape nécessaire pour objectiver la situation réelle de la publicité en Fédération, et ensuite dresser les conditions nécessaires pour faire muter le secteur des médias vers un modèle moins dépendant de la publicité. Sortir de cette dépendance permettra de renforcer structurellement le secteur des médias et de mieux affronter les défis auxquels il est aujourd’hui confronté.  

« Le plan d’aide adopté aujourd’hui a pour objectif le maintien d’une presse pluraliste et de qualité. C’est un enjeu crucial en démocratie et d’autant plus dans cette période propice à la diffusion de fake news et d’informations non contextualisées », conclut Bénédicte Linard.