Du Boulevard Reyers à la rue de la Loi

Articles traduits

« C’est l’une des décisions les plus difficiles de ma vie, mais je n’ai jamais été aussi convaincu. » C’est par ces mots que l’ancien journaliste Siegfried Bracke a annoncé son entrée dans la vie politique en mai 2010. Le Gantois s’est rapidement construit une réputation en tant que membre de la N-VA et a gravi les échelons jusqu’à devenir président de la Chambre des représentants. Et maintenant ? « Il est impossible revenir en arrière. » - Erik Cajot
Siegfried Bracke en parlementsleden als Meryem Almaci (Groen) op bezoek in een Repair Café
ce qui vous a poussé à quitter la VRT, cette institution bien connue, en 2010 ?
Siegfried Bracke : « La préparation de ma transition était un travail de longue haleine. J’ai œuvré pendant 29 ans comme journaliste politique à la BRT et à la VRT, dans les services d'informations radiophoniques et télévisées. J’ai toujours eu le virus de la politique, mais je l’ai ressenti nettement plus fort au printemps 2010. À l'époque, le gouvernement Leterme II venait de tomber, et j’ai pensé : si je ne le fais pas maintenant, je devrai peut-être encore attendre quatre ans. Ma décision a été vite prise. »
Pride 2018 05 09
Votre choix de la N-VA a constitué une surprise pour le public. Pour vous aussi ?
Siegfried Bracke : « En marge de mon évolution médiatique, j’ai aussi évolué sur le plan politique. Lorsque j’avais 18 ans, j’étais membre de la Volksunie. Je remplissais par moi-même les colonnes du journal de parti local. Pendant ma carrière journalistique, j'ai été très proche des responsables politiques de haut niveau, je les connaissais personnellement. Ce ne sont pas les nationalistes flamands, mais les partisans d’autres courants qui m’ont ouvert les yeux. Je n’oublierai jamais le moment où Steve Stevaert m’a expliqué en détail qu’il était un séparatiste de facto. Peu à peu, j’ai découvert que la question communautaire constituait l’un des problèmes fondamentaux de notre pays et qu’il devait être résolu pour pouvoir traiter les autres sujets. L’intervention d’une figure comme Bart De Wever n’a fait que renforcer ma conviction. »
Les journalistes de la rue de la Loi connaissent le paysage politique par cœur, n’est-ce pas ?
Siegfried Bracke : « Les Gantois disent souvent : ‘‘als mijn tante wieltjes had gehad, was ze een karretje’’ (‘‘avec des si, on mettrait Paris en bouteille’’). On ne peut dire plus vrai. Ne vous méprenez toutefois pas : en tant que journaliste, je me trouvais effectivement au premier rang, mais l’arène politique est bien différente dans la pratique. On pourrait employer ici une comparaison avec un journaliste footballistique. Jan Mulder, Imke Courtois et Geert De Vlieger ont joué au football, ils connaissent parfaitement les règles du jeu. C’est là que se situe la différence entre un journaliste de footballistique et un journaliste politique. »
Le fait de posséder un visage connu peut-il jouer en faveur d’un journaliste qui échange son emploi pour une carrière politique ?
Siegfried Bracke : « Ce n’est pas facile de passer du monde journalistique à la sphère politique. En effet, il est impossible de revenir en arrière. Du moins pas en Flandre, où on aime cataloguer les gens. À l'étranger, ce parcours peut être vécu en sens inverse. Je me souviens d’un responsable politique du D66, aux Pays-Bas, qui a quitté la scène politique pour diriger un service public de radiodiffusion. Si cela arrivait chez nous, ce serait la fin du monde. »
La communication forte de la N-VA est louée par ses amis et ennemis. Est-elle réellement efficace ou celle des autres partis est-elle simplement à la traîne ?
Siegfried Bracke : « Nous communiquons de manière plutôt professionnelle, en combinant deux aspects : la conscience historique et notre avance sur le plan technologique. D’une part, notre président de parti est un historien, qui a très bien compris l’Histoire sur la base des mécanismes du pouvoir. D’autre part, nous faisons la différence grâce à notre avance sur le plan technologique. Notre équipe de communication maîtrise parfaitement les algorithmes et sait pertinemment où agir sur Internet. Et c’était déjà le cas lorsque les autres s’empêtraient encore dans des communiqués de presse et autres déclarations. »
Siegfried Bracke
Que pensez-vous de la période de prudence et de la réglementation relative aux campagnes électorales ?
Siegfried Bracke : « Je n’ai jamais pensé qu’une distribution de stylos ornés de votre nom et de celui de votre parti pouvait inciter des électeurs à voter pour vous. Pareil pour les visites à domicile ou les affiches dans la rue. Aujourd’hui, l’essentiel est de proposer un récit. Il faut trouver des manières créatives de se vendre. La meilleure publicité est gratuite. »
 
 
Légendes :
Siegfried Bracke : « En tant que journaliste, je me trouvais au premier rang, mais dans la pratique, l’arène politique est bien différente. »
Siegfried Bracke et des députés tels que Meryem Almaci (Groen) en visite dans un Repair Café.
Koen Geens (CD&V, ministre) et Siegfried Bracke (N-VA, président de la Chambre)
Citations :
« Notre équipe de communication maîtrise parfaitement les algorithmes »