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prsummitQue signifie encore aujourd’hui le mot “vérité” quand nous communiquons ? Dans un monde où la communication déferle à toute vitesse, il semble que nous nous posons de moins en moins de questions si ce que nous voyons, entendons ou lisons est bien fiable. La course à celui qui apporte en premier le “breaking news” prime sur le fait même. Quelles en sont les conséquences ? Quels en sont les dégâts ? Comment arriver à filtrer les messages sans tomber dans une forme de censure ? Les sources d’informations sont-elles fiables et intègres dans un monde où les médias sociaux sont de plus en plus utilisés comme source d’information dépourvues de tout sens critique ? Ces interrogations et constatations seront abordées par l’association belge de communication lors de son prochain PR summit intitulé "Communication à l'ère de la post-vérité". 

Une semaine avant ce rendez-vous, nous avons posé quelques questions à Emmanuel Goedseels, l'un des présidents de C² Communication.
Emmanuel Goedseels

PUB : Pourquoi ce thème de la vérité ? 

Emmanuel Goedseels : C’est un vrai débat : que doit-on croire et qui doit-on croire ? Si normalement, les médias informent et les annonceurs promeuvent leurs produits et leurs services, les uns poussent aussi au publi-reportage et les autres créent parfois du buzz sur des fake news. C’est l’objet de notre sommet du 28 novembre. S’inspirer de ce qui est bon et créatif, tout en abordant les risques de la désinformation et donc, la perte potentielle de crédibilité des médias et des annonceurs.

Il est paradoxal de constater que le citoyen est sceptique face à la pub - il se laisse moins facilement berner qu’avant - et, au contraire, il se laisse manipuler par les fake news, qu’en pensez-vous ? 

Les fake news ne sont qu’une version moderne des rumeurs, mais elles sont maintenant utilisées de manière massive et volontaire. Le Président de l’Etat le plus puissant du monde les utilise sans aucune gêne, c’est pour cela que nous avons mis le visage de Trump dans notre visuel. Les fake news se propagent vite par les médias sociaux et les médias en ligne qui n’ont pas toujours le temps de vérifier. Comme les citoyens croient énormément en leurs pairs (peers) et dans les médias, ils peuvent tomber facilement dans le piège.

Récemment, l’actualité a encore montré que les fake news étaient monnaie courante sur les réseaux sociaux (fausses photos de brutalité policière en Catalogne par exemple), le problème ce sont les réseaux sociaux eux-mêmes ou le fait que les citoyens s’informent à travers ceux-ci ? 

C’est un mélange complexe lié à la rapidité de la circulation l’information, à la difficulté de vérifier les sources et la véracité de l’information, et aussi, très important, au sentiment de méfiance généralisé envers tous les pouvoirs, politiques, sociaux, économiques, … Les médias sociaux ne sont donc pas la cause de la montée des fake news, c’est un accélérateur de diffusion de vraies et de fausses infos. Il s’agit pour moi d’un sujet plutôt sociétal et générationnel.

Qu’entendez-vous par ère de « post vérité » dans l'intitulé de votre PR Summit ? 

Il y a plusieurs définitions, mais pour nous, il s’agit d’une ère d’information où la vérité des faits est moins importante que l’émotion qu’ils procurent. Ce n’est plus le fond qui compte mais la forme, les formules chocs. Le Brexit est un des meilleurs exemples, les Britanniques n’ont pas voté sur des éléments rationnels, mais sur des sentiments vrais mais aussi non fondés comme le fameux bus qui expliquait que la Grande-Bretagne versait 350 millions de Livres par semaine à l’UE, alors qu’en fait, ce n’était que 150 !

Le fait d’avoir des informations de partout et de plein de sources différentes n’aiguise-t-il pas justement l’esprit critique du citoyen? 

Oui et non. Oui pour les personnes volontaires qui prennent le temps de s’informer à partir de plusieurs sources. Non pour les autres qui se contentent du minimum, d’une seule source.

Comment faire pour gagner la confiance du "consommateur d’information" ? 

C’est vraiment l’objet de ce débat. Il sera sans doute question d’éduquer les consommateurs, comme Facebook vient de le faire avec sa campagne de pub « print », mais aussi de responsabiliser tous les pouvoirs, y compris les annonceurs et les médias pour qu’ils (re)gagnent en crédibilité.