Étudiants et enseignants 2.0

Articles traduits

Les nouvelles technologies et les digital natives sur les bancs d’école. Un défi pour notre enseignement ? PUB est allé poser la question à la haute école Thomas More et à la LUCA School of Arts (campus de Gand). « Nous essayons de nous adapter autant que possible aux évolutions et aux demandes du terrain, tout en conservant un esprit critique, » affirme Iris De Roover, responsable des formations en journalisme de la haute école Thomas More Mechelen. - Evy Van Ruyskensvelde
Thomas More
Votre formation est-elle suffisamment adaptée à la réalité du terrain ?
« Chaque année, nous organisons un conseil consultatif avec des acteurs du terrain, que nous invitons pour un échange d’idées : quelles sont les nouvelles tendances, et quelles sont vos expériences avec les stagiaires ? Cette année, nous nous sommes rendus de notre propre initiative chez des médias tels que la VRT pour leur demander ce qu’ils attendaient des jeunes journalistes et comment ils percevaient les évolutions dans leur secteur. Un précédent conseil s’est notamment soldé par le changement de nom de nos options : au lieu de “presse papier”, nous parlons désormais de “texte et images”, tandis que la radio est devenue “audio” et la télévision “vidéo”. Le contexte numérique revêt en effet de plus en plus d’importance. »

« Interdiction de bâiller. » - Anneke Rombaut

Quid des nouvelles technologies et des étudiants hyper connectés ?
« Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les digital natives ne connaissent souvent pas toutes les options existantes. Nous devons donc faire preuve de persuasion pour les familiariser avec certains développements technologiques. Bien entendu, nous devons aussi cultiver nous-mêmes cette mentalité pour continuer à élargir nos compétences. »

Iris De Roover (Thomas More) : « Les étudiants veulent pouvoir composer un programme de cours selon leurs intérêts individuels. »

Iris De Roover (Thomas More) : « Les étudiants veulent pouvoir composer un programme de cours selon leurs intérêts individuels. »


La méthode d’enseignement classique est-elle devenue obsolète ?
« Les cours traditionnels en auditoires n’ont plus leur place aujourd’hui. De nombreuses techniques interactives peuvent être employées, même dans les cours théoriques. Nos enseignants suivent d’ailleurs des formations en la matière. Pour d’autres cours orientés sur la pratique, nous travaillons en plus petits groupes et dans un contexte éditorial. »
Que demandent les étudiants ?
« Les étudiants aiment composer un programme de cours en fonction de leurs intérêts personnels. L’année prochaine, nous allons donc adapter notre programme pour la troisième année. De cette manière, nous pourrons travailler avec de plus petits modules. Bien sûr, ils sont aussi demandeurs de cours pratiques dans des espaces spécifiques, mais ils sont généralement très satisfaits sur ce point. »
Anneke Rombaut PUB8 Buzz 18
Anneke Rombaut, professeur d’expression plastique (« Studio Reclame ») à la LUCA de Gand s’est posé la question suivante : l’article aurait-il été différent si son nom avait été échangé avec celui du professeur de Thomas More ? Quelle importance accorde-t-elle à cette interchangeabilité ? Quelle est sa règle ? « Nous disons ce que nous voulons. » Cinq étudiants ont participé et observé ce qu’elle écrivait. Question de rester fidèle à la réalité...
Votre formation est-elle suffisamment adaptée à la réalité du terrain ?
« La formation est-elle suffisamment adaptée à la réalité du terrain ? Je répète la question parce qu’elle est posée à “Studio Reclame”, soit “We Hate Advertising” depuis l’année académique 2017-18. En revanche, “We Love : Equality, Watching, Change, Empowerment, Making people smile, Nonexistence, Involvement, Working out Ideas, Proving, Solving personal Issues, Daring.” Êtes-vous donc adaptés à la réalité du terrain ? Je pense que oui. Quant au terrain dont il s’agit, nous élargissons actuellement sa définition en étendant la formation : nous voulons familiariser les étudiants avec l’entrepreneuriat. Or ce concept est vaste, même en dehors de la publicité. Re-thinking, start-up, innovation, solving, connecting, circularité : tous ces beaux termes englobent des concepts tels que l’approche 360°, le marketing viral, le social design, le social media post, le marketing guérilla. »
Quid des nouvelles technologies et des étudiants hyperconnectés ?

« Le contexte numérique revêt de plus en plus d'importance. » - Iris De Roover

« La formation propose un programme modulaire (au sein de CrossMedia) qui mise sur les nouvelles technologies. Chaque étudiant peut déterminer lui-même son parcours, et le niveau d’implémentation des technologies est suffisant pour commencer à travailler après les études. Quant aux étudiants hyperconnectés... Nous ne devons plus les obliger à mettre leur smartphone de côté, nous n’imposons rien (par contre, ils ne peuvent pas bâiller, ni quitter l’atelier sans dire au revoir). Il est important que les étudiants comprennent pourquoi la technologie évolue de manière exponentielle et ce qu’il est possible d’en faire. » 
La méthode d’enseignement classique est-elle devenue obsolète ?
Thomas More BUZZ PUB8 18
« Toutes les deux semaines, le département d’expression plastique de la LUCA investit dans la formation de ses enseignants. Le concept d’apprentissage relève de la responsabilité de l’étudiant. S’il ne fait rien, il ne se passera rien. L'enseignant adopte un rôle d’entraîneur/de coach. L’enseignement n’est plus un processus à sens unique, mais plutôt un dialogue entre personnes qui veulent apprendre les unes des autres. »
Que demandent les étudiants ?
« Les étudiants apprécient la collaboration avec les pros (comme ils les appellent) du monde publicitaire : les directeurs créatifs d’agences et de maisons de production renommées. Ils considèrent leur feed-back comme pertinent. Creative Belgium, Young Creatives Day et YoungDogs livrent des efforts considérables pour ouvrir la voie aux jeunes créatifs qualifiés. Nous constatons qu'une partie de cette génération d'étudiants se montre critique par rapport à la publicité et veut être entendue. Nous les reverrons peut-être plus tard, sur l’estrade, en qualité d’enseignant invité, d’entrepreneur ou de visionnaire. »