Fini les leçons de natation

Articles traduits

Avez-vous entendu parler de René Oskam ? Alors vous êtes probablement un de ces Flamands qui commandent ses recueils de poésie en ligne. Il faut dire que le Hollandais séduit aussi notre public par ses vers merveilleusement ludiques. De la nage en eaux profondes, aux calendriers d'anniversaire en passant par la doctrine de la métrique, notre magazine l'a rencontré pour sa toute première interview internationale.

Des “poèmes surnaturel en néerlandais” - c'est ainsi que le poète hollandais René Oskam décrit les vers qu'il met sur papier. Il choisit de faire passer le message à ses lecteurs de manière simple et avec humour car le sérieux ne lui convient pas. Un combo en or qui s'avère très populaire : de son dernier ouvrage, "Als ik 1000 word", le premier tirage de 1000 exemplaires est passé sans problème en prévente. Les recueils de poésie "Laatste Kind onder de Zon", "Safari door de Kosmos" et "Zwemles in een Zee van tijd" ont également été très bien accueillis.

 

La première série, "Zwemles in een Zee van tijd", n'est plus disponible depuis octobre. Pourquoi ?

“Cette série était pour moi, comme le dit le titre, une expérience. Prendre des cours de natation, essayer des choses. Lorsqu'il s'est vendu, j'ai délibérément choisi de ne pas le refaire imprimer, parce qu'au cours des quatre ou cinq dernières années, j'ai amélioré et changé à la fois mon style et ma technique d'écriture. J'ai également pensé que ce serait bien qu'une quatrième collection soit présentée au printemps prochain. La leçon de natation est terminée. Je sens que je peux maintenant nager dans le grand large."

 

Quand cette leçon de natation a-t-elle commencé ?

"Mon tout premier poème date de 1996. J'avais environ sept ans à l'époque, et bien sûr je ne maîtrisais pas du tout l'orthographe (rires). Mon entraîneur de football est allé étudier à Barcelone pendant un certain temps, et toute l'équipe de football y a fait un livre. Ma contribution a été un poème. J'avais moi-même oublié son existence jusqu'à ce qu'il m'en envoie une photo via WhatsApp l'autre jour ! En 2013, j'ai publié pour la première fois quelque chose sur les réseaux sociaux. J'ai publié mon premier livre en 2016 et j'ai ensuite quitté mon emploi.”

 

Cela signifie-t-il que vous atteignez vos lecteurs potentiels principalement via les réseaux sociaux ?

"Au début, oui, mais peu à peu, je remarque que beaucoup de choses commencent à se passer en dehors des réseaux sociaux. J'aime ça, parce que je ne me sens pas du tout engagé dans la construction d'une communauté en ligne. Tous ceux qui veulent me suivre sur mes réseaux peuvent le faire d'eux-mêmes. Aujourd'hui, je reçois aussi des demandes d'interview de lycéens, j'entends des histoires de personnes qui lisent mes textes lors d'un enterrement ou d'une fête de mariage. Un très beau développement. Je pense même que c'est ma première interview internationale."

 

Comment décririez-vous, pour le public belge, votre style d'écriture ?

"Ce sur quoi nous, les poètes, pouvons nous mettre d'accord de manière universelle, c'est qu'un poème doit apporter quelque chose. Et la manière dont cela se fait diffère d'un poète à l'autre. Il y a ceux qui utilisent des métaphores plus complexes, par exemple. Personnellement, je pense qu'il est important que mon message trouve un écho auprès d'un large public, c'est-à-dire que même les lecteurs non formés les comprennent. Je le fais en écrivant aussi efficacement que possible, sans utiliser un langage compliqué et sans tomber dans la prévisibilité et les clichés. D'ailleurs, environ 20 % des personnes qui achètent mes recueils viennent de Belgique ! Ce n'est pas encore beaucoup, mais cela commence à augmenter."

 

Vos poèmes sont en effet faciles à comprendre !

"C'est un peu de l'art, et ça se retrouve dans beaucoup de choses. Dans la langue, bien sûr, mais aussi dans la métrique. Il y a, en effet, une mesure de la langue ! La métrique détermine si le message est facile à recevoir ou à lire. Car si vous avez trop de mal à trouver la bonne accentuation, le message finira par être plus difficile à transmettre. Dans une certaine mesure, vous pouvez apprendre quelque chose très simplement, bien que certaines personnes comprennent plus rapidement. J'ai souvent remarqué cela lors des cours d'écriture que je donne."

 

Avez-vous un conseil ou une règle d'or ?

"Il est important de devenir maître en la matière. Et vous ne pouvez le faire qu'en vous entraînant et en lisant beaucoup. Dans mes cours, je parle aussi souvent de l'élément "show, don’t tell" : décrire ce que vous ressentez sans le nommer littéralement, afin que les gens puissent mieux comprendre ce que vous décrivez. Mais la façon dont vous utilisez l'imagerie dans les poèmes est également importante. Enfin, assurez-vous que c'est compréhensible, car dans votre tête, c'est peut-être très clair, mais cela doit l'être aussi pour quelqu'un d'autre."

 

L'humour revient souvent dans votre travail aussi, n'est-ce pas ?

"Surtout dans la chute du poème. Je pense que l'utilisation de tournures inattendues à la fin est un outil stylistique efficace pour ouvrir de façon ludique et finir avec une tournure qui fait impression. Au moins la moitié de ce que j'écris a un peu d'humour. Être sérieux à propos de tout, c'est juste quelque chose qui ne me convient pas très bien. Si je peux choisir entre écrire un poème sérieux ou écrire un poème avec une touche d'humour, alors je choisis la deuxième manière."

 

"Als ik 1000 word", l'œuvre la plus récente, n'est pas un recueil de poèmes ordinaire mais un calendrier d’anniversaires. D'où vient cette idée ?

“Il n'y a pas longtemps, quelqu'un m'a dit que cette année, pour son anniversaire, elle n'avait reçu de souhaits de personne. Et elle a ajouté : parce que je n'ai plus Facebook. C'est affligeant, n'est-ce pas ? Aujourd'hui, c'est Facebook qui rappelle aux gens de souhaiter à quelqu'un "Joyeux Anniversaire". C'est pourquoi, avec mon designer Tim Juffermans, on a eu l'idée de créer un calendrier d'anniversaires. Quelque chose de tangible qui nous ramène aux bonnes choses de l'ère analogique, mais dans un nouveau regard, et je pense que cela a très bien fonctionné. Le premier exemplaire ? Je l'ai offert à ma mère pour son anniversaire !"