Girl power en politique

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Les femmes politiques mènent-elles leur propre programme ? Utilisent-elles un ton différent ?  Qu’est-ce qui motive les femmes dans le pouvoir ? Nous avons posé ces questions à une toute nouvelle membre d’un Conseil communal et à une députée chevronnée.  - Erik Veredonck 

Lore Baeten (CD&V) : « les émotions ont leur place dans le débat, les électeurs ont besoin d’empathie. »

Lore Baeten (CD&V) : « les émotions ont leur place dans le débat, les électeurs ont besoin d’empathie. »


Carina Van Cauter (Open VLD) est députée et c’est son conjoint Johan Van Tittelboom (Open VLD), bourgmestre de Herzele en Flandre orientale depuis 18 ans, qui lui a transmis le virus de la politique. « Nous avons tout deux choisi notre terrain. Johan est au niveau local, et moi au supra-local, d’abord comme conseillère provinciale, puis députée provinciale, et maintenant comme députée fédérale. Nous sommes tous deux libéraux convaincus, mais ça ne nous empêche pas d’avoir des désaccords. » Y a-t-il une différence entre les hommes et les femmes en politique ? « Sans toutefois généraliser, je dirais que les femmes cherchent des solutions au lieu de chercher à marquer des points le plus vite possible. Prenez un sujet complexe comme le dédommagement aux victimes d’abus sexuels perpétrés par l’Eglise. Nous avons réussi à faire augmenter le montant des dédommagements, ce qui est inédit. Nous avons aussi retiré l’obligation de fournir des preuves concrètes comme des échantillons d’ADN. La réforme du droit de succession a nécessité un an et demi de préparation de la part des experts du nord et du sud de pays. J’ai réécrit la législation nationale… Nous ne communiquons que lorsqu’un problème est résolu ou lorsque sa résolution est à portée de main. Cela rend d’ailleurs les choses plus simples lorsqu’il s’agit de revendiquer l’un ou l’autre accomplissement. Notre présidente de parti – une femme elle aussi – n’hésite d’ailleurs pas à réclamer ce qui lui revient. »
Carina Van Cauter

Carina Van Cauter (Open VLD) : « Nous ne communiquons que lorsqu’un problème est résolu ou lorsque sa résolution est à portée de main. » Lore Baeten (CD&V) : « les émotions ont leur place dans le débat, les électeurs ont besoin d’empathie. »


Justice et honnêteté
Carina Van Cauter est avocate. Elle se passionne pour le droit et la justice. « En tant que libérale, j’aime donner à tout le monde sa chance de jouir de sa liberté pleine et entière, » explique-t-elle. « Mais cette liberté n’est pas inconditionnelle. Si vous donnez une chance à quelqu’un, vous êtes en droit d’attendre de lui qu’il prenne ses responsabilités. C’est un fil conducteur que vous retrouverez constamment dans notre programme, car c’est le principe qui nous guide. » Carina Van Cauter ne s’est jamais sentie désavantagée en politique du fait qu’elle est une femme. Lorsqu’elle s’est lancée, elle a bien dû trimer, mais ce n’est pas différent des hommes. « Les hommes se comportent mieux en notre présence dans les sphères politiques, il y a moins d’interpellations, » dit-elle en riant. Les électeurs non plus ne lui ont jamais mis de bâtons dans les roues parce qu’elle est femme et proud to be.
« La liberté n’est pas inconditionnelle. » - Carina Van Cauter

« Je préfère une énergie positive qui vient de ma propre force intérieure. » - Lore Baeten


Rassembler
Quelque part ailleurs en Flandre orientale, à Sint-Niklaas, Lore Baeten (23) a fait son entrée sur la scène politique lors des élections communales où elle a remporté le plus grand nombre de votes préférentiels (1.078) des nouveaux venus. Son parti, le CD&V, a tout de même perdu un siège et reste dans l’opposition. « Drôle de sentiment : ravie de mon score personnel, mais déçue des résultats du parti, » nous raconte Lore Baeten. Sa passion pour la politique lui vient de son grand-père et de sa mère, qui ont été respectivement échevin et députée parlementaire. Miet Smet, originaire de la même région, est son modèle. Elle s’est lancée parce que la société lui tenait à cœur. Ce n’est pas un hasard si elle est assistante sociale de formation. Son ambition l’a menée vers les Jeunes CD&V au niveau national. « Les jeunes ont de l’estime pour une jeune femme qui a de l’ambition, » pense Lore Baeten. « Je suis féministe, je m’occupe de questions telles que la sécurité pour les jeunes filles, la sécurité routière, etc. » Elle a constaté que les femmes gravissaient souvent rapidement les échelons en politique, mais qu’elles n’arrivaient que rarement au sommet. Prenez le nombre de bourgmestres féminins, seulement 18%, ne parlons même pas du niveau ministériel. « En tant que femme, je veux mettre à l’ordre du jour des sujets tels que le congé maternité et le congé parental, » explique Lore Baeten. « De plus, je pense que les émotions ne doivent pas être écartées du débat, car les électeurs ont besoin d’empathie. Ce côté rêveur caractérise ma génération. Ca ne m’empêche pas de chérir les traditions, de respecter les autres, et ça me protège des controverses. »
« La liberté n’est pas inconditionnelle. » - Carina Van Cauter

« La liberté n’est pas inconditionnelle. » - Carina Van Cauter


Chamailleries
Lore Baeten veut fédérer, enthousiasmer les jeunes pour la politique, renforcer la base. « C’est vrai qu’il y a beaucoup d’opportunisme en politique, beaucoup de chamailleries pour obtenir un poste, » s’amuse Lore Baeten.  « Je préfère une énergie positive qui vient de ma propre force intérieure. Prenez le rôle du bourgmestre, pour moi c’est comme un professeur qui essaie de faire avancer toute la classe. » Elle ne comprend pas que les politiciens puissent réduire une réalité complexe en un simple tweet. Construire la société se fait en dialoguant avec tout le monde et en prenant le temps de le faire. « C’est ce que j’aime dans mon parti, conclut-elle. Nous allons dans le détail, étape par étape, sans tout bâcler pour vite marquer des points. »