Guillaume Van der Stighelen, écrivain ou romancier ?

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On peut retirer quelqu'un de la publicité, mais retirer la publicité de Guillaume Van der Stighelen, c'est difficile. Des années après avoir pris sa retraite, Guillaume Van der Stighelen fait de la publicité... pour les installations sanitaires d'Ets. Guillaume Van der Stighelen. - Wim De Mont 

Quiconque connaît ou rencontre Guillaume Van der Stighelen pourrait difficilement voir une plus grande différence entre lui et le protagoniste de son premier roman "Rozeke” qui s'appelle également Guillaume Van der Stighelen. Le “vrai” Guillaume n’a pas donné son nom à son protagoniste. C'est l'inverse qui se produit : Guillaume porte le nom de son arrière-grand-père, qui a lui aussi créé une entreprise d'installations sanitaires portant son nom. Et oui, "Rozeke" est fortement recommandé !

Pour nos jeunes lecteurs, Guillaume a un jour fait "quelque chose" dans la publicité. Ce "quelque chose" a donné naissance à l'agence de publicité la plus primée de Belgique, Duval Guillaume, qu'il a fondée avec son complice André Duval.

Après avoir quitté Publicis, qui avait racheté Duval Guillaume, ce dernier a cessé de faire de la publicité, même s'il recevait parfois des ONG et des hommes politiques. "En général, ils avaient une idée qu'ils voulaient vérifier," dit-il à ce sujet. "Je n'ai plus jamais fait de campagne, j'ai tout au plus donné quelques conseils stratégiques.” En fait, il est entré dans le métier par hasard : "J'étais caricaturiste. J'ai postulé chez McCann et j'ai été repris, mais Jan Paris, directeur créatif associé chez McCann, m'a demandé si je voulais travailler en tant que directeur artistique ou copywriter. À 17h, j'ai vu les copywriter plier bagage, tandis que les directeurs artistiques, entourés de textes sur des feuilles de papier, étaient encore au travail. J’ai donc choisi copywriter !" (rires)

Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire ce roman "Rozeke" ?

Guillaume Van der Stighelen: "L'idée d'écrire quelque chose sur cet arrière-grand-père du même nom me trottait dans la tête depuis un certain temps. En fait, il était déjà à moitié écrit avant que je n'aie l'idée d'en faire un roman. Mon homonyme est devenu très riche, mais il a fini par donner beaucoup et s'est éloigné de sa famille. Je voulais savoir comment cela s'était passé. Il y a le contexte, à travers lequel j'évoque des personnages historiques comme Victor Desguin, Louis Franck et d'autres. Anvers a connu une évolution spectaculaire dans la seconde moitié du XIXe siècle. Mon arrière-grand-père est né dans une famille d'artisans et son histoire est celle d'un gars qui passe de 'zéro à héros', après qu'il ait contribué à la construction d'installations sanitaires, importantes pour empêcher les maladies d'entrer dans la ville".

Et pourtant, il meurt seul. Il se pose des questions à ce sujet : "De toute ma vie, je n'ai rien fait de mal. Je n'ai volé personne, je n'ai menti à personne, je n'ai jamais trompé ma femme. Et de moi, on dira : "Quel salaud repose ici".

"Pourquoi cela s'est-il terminé ainsi ? C'est ce que j'ai essayé de comprendre. Comment cela a-t-il pu tourner si mal pour quelqu'un qui voulait si bien faire ? Je pense qu'il a essayé d'être bon, mais qu'il a oublié la chose la plus importante : l'amour du prochain".

De temps en temps, des sujets d'actualité sont abordés, des clins d'œil sans digressions. Indirectement, il est question de la mort de votre fils, du juge et de ses amis qui sont les clients d'un trafiquant de drogue en passe d'être condamné, des religieux qui placent l'église au-dessus de la loi, du colonialisme, du racisme...

"Oui, il m'arrive de soulever des questions. Par exemple : 'Travaillons-nous pour l'occupant (allemand) ? Nous sommes des hommes d'affaires, pas des politiciens'. Dans la mesure où ces questions sont importantes pour l'histoire, je pense que ce n'est pas grave."

Qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui est fiction dans ce roman ?

"Bien sûr, je ne sais pas vraiment à quoi Guillaume pensait. J'ai utilisé des sources historiques. J'ai regardé des plans de rues et lu de vieux journaux. C'est ainsi que j'ai trouvé le type d'annonces que Guillaume rédigeait. Je me suis également documenté sur la construction du Zuid, un quartier alors en plein développement. Beaucoup de choses ont changé à Anvers entre 1850 et 1914. Par exemple, il n'y avait pas d'adduction d'eau avant 1892 !

Les membres de la famille existent aussi. Je cite le nom d'un de ses petits-enfants, "Ivo van Gaston". Cet Ivo, c'est mon père ! J'ai changé certains noms et j'ai complété moi-même les événements, les conversations et les pensées. Il y avait la boutique du marché aux bœufs, la Villa Carolina à Mariaburg et la maison de campagne disparue sur la rive gauche. Je pensais que pour écrire de la fiction, il fallait avoir pensé à une structure au préalable, alors que je suis plutôt un "écrivain". Et maintenant, on m'appelle romancier ! Les personnages ont émergé petit à petit, et je n'ai jamais eu à réfléchir à la suite des événements... J'ai aussi introduit des choses de notre époque dans les personnages. Guillaume, comme moi, boit beaucoup de thé. Cela remonte à l'époque où André et moi avons remarqué que nous buvions pas mal d'alcool. Un jour, nous nous sommes mis d'accord pour ne pas boire pendant quelques mois, ce qui, dans mon cas, a duré 13 ans ! Pendant cette période, j'ai commencé à boire beaucoup de thé."

Combien de temps avez-vous consacré à ce roman ?

"J'ai passé une année entière à travailler sur ce projet. Je me levais tôt et, comme pendant mes années de publicité, je créais entre cinq et huit heures du matin. Ensuite, je faisais de l'exercice et l'après-midi, je lisais. J'ai écrit le livre de manière entièrement chronologique, ce qui m'a permis d'atteindre 900 pages. L'éditeur Wil Hansen m'a obligé à en supprimer une partie, ce qui a laissé 500 pages. Seules les premières pages ont été avancées par la suite, pour mieux refléter le contexte." 

Si votre arrière-grand-père avait pu lire ce livre, qu'en aurait-il pensé ?

"Je pense qu'il s'en moquerait. Mais s'il avait commandé un tel livre, au bout de cinq pages, je suis sûr qu'il aurait dit : 'C'est un beau récit, mais ce n'est pas vraiment mon histoire !' Il ne s'y reconnaîtrait pas, notamment parce qu'il manque totalement d'introspection". 

Y aura-t-il un deuxième roman ?

"Oui ! Quant à savoir s'il sera digne d'être publié, c'est une autre affaire. Mais il y a déjà un personnage dans ma tête...".