Het Eilandje à Anvers: oasis de talent créatif

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Après le sud, c’est le nord d’Anvers qui devient übertrendy. Il n’y a qu’à voir ‘het Eilandje’. Nouveau lieu de prédilection des talents créatifs ? Nous avons posé la question aux agences qui y ont élu domicile. 

willemdokL’activité portuaire s’est déplacée loin de cette ville de l’Escaut. Le quartier de l’ancien port, autour du MAS, des docks Bonaparte, Willem et Kattendijk a retrouvé une raison d’être. C’est tout un nouveau quartier qui s’est développé autour du port de plaisance, avec un secteur horeca florissant. Au même niveau, mais de l’autre côté de la ceinture, se trouvent les campus de hautes écoles, ainsi qu’un futur hôpital. Et lorsque le soleil brille, c’est le tout Anvers qui se retrouve dans le parc « Spoor Noord ». Pendant le Zomerfestival, une armée de bars pop-ups prend ses quartiers le long de l’Escaut. Le secteur créatif a investi ce quartier depuis longtemps. Peintres, sculpteurs, grapheurs en forment l’avant-garde. Ils ont été suivis par des agences telles que LDV United, Escape Advertising, Dickytall, Berlin, Bubka, Dallas et Design is Dead, et autres Brandhome Group, ou des agences de PR comme Oona et Marnix & Ally, pour n’en citer que quelques unes. On y trouve également de nombreuses maisons de productions, des freelances, des photographes, e tutti quanti. Qu’est-ce qui attire tout ce beau monde à het Eilandje ?

Une croissance organique

Il faut rendre à César ce qui appartient à César. LDV United, établi au Hangar 26, avec vue imprenable sur l’Escaut, faisait partie des pionniers. Son CEO, Harry Demey, nous emmène faire un voyage éclair dans l’histoire de la publicité à Anvers. « Saviez-vous qu’il y avait énormément d’agences anversoises dans les années septante ? Des grands groupes, tels que J Walter Thompson, y avaient une filiale. Il y avait aussi d’innombrables agences locales. Elles vivaient de leurs commissions sur des budgets locaux, dont les petites annonces dans le journal. Les années 1970 ont vu la plupart d’entre elles fermer boutique. LDV aussi avait commencé comme agence locale. Mercedes a été notre premier gros client national et depuis, nous avons continué à croître. Nous étions d’abord à Berchem, ensuite dans le sud et aujourd’hui nous sommes ici. » Harry Demey constate qu’une ville peut jouer un rôle de facilitateur, mais ne peut jamais être le moteur-même du développement d’un tel talent créatif. « Nous sentons où cela va se passer ! » Dans les années 1990, « Stad aan de Stroom » apporta la réponse définitive de ce qu’il adviendrait de het Eilandje. Anvers voulait imiter les Docklands londoniens. Au début, il ne s’est pratiquement rien passé, mais aujourd’hui, les immeubles d’habitation poussent comme des champignons. Le MAS (Museum aan de Stroom), a été le catalyseur. La ville d’Anvers, sous l’administration précédente, avait fait l’état des lieux du secteur créatif. Selon son enquête, 1 emploi sur 9, dans le centre d’Anvers, pouvait être estampillé de « créatif ». Il s’agissait souvent d’architecture, de design, d’art, de culture, de graphisme, de mode et de communication. « L’esprit d’entreprise est inscrit dans les gênes de notre ville, » affirme Harry Demey. Selon lui, s’installer au Hangar 26 fut l’une des meilleures décisions de sa vie. « Nous nous trouvons ici au croisement d’un port et d’une ville, à un endroit qui respire le progrès et la culture. C’est vrai que nous avons longtemps été excentrés, mais aujourd’hui un tram s’arrête à notre porte. Tout est accessible à pied ou à vélo. » Harry estime qu’il y a bien dans la ville deux cents à trois cents agences, surtout si l’on compte les start-ups. Le secteur créatif connaît une croissance organique.

_DSC0635Un tout petit monde

Il est évident qu’ici, tout le monde se connaît. Nathalie Dumortier, directrice de Design is Dead, travaillait précédemment chez LDV United. Et elle confirme : « Ils ont remis Anvers sur la carte. » Dans son sillage ont suivi Duval Guillaume, TheseDays et The Oval Office. « Nous remarquons que nos clients viennent volontiers à Anvers, dit Nathalie Dumortier. C’est une ville pétillante. Il y a toujours quelque chose qui se passe. Nos clients néerlandais apprécient particulièrement cette ville. Ce quartier leur convient parfaitement, ils y ont facilement accès par le nord et ne doivent pas s’aventurer dans le centre. Cela étant dit, le trafic est une catastrophe à Anvers et aux alentours, ce qui ne risque pas de s’améliorer dans les prochaines années, vu tous les travaux d’infrastructure qui sont prévus. » Elle confirme que la communication à Anvers est un petit monde où tout le monde se connaît. Cela a du charme, car on rencontre souvent des connaissances, et puis, on ne peut pas se plaindre de manquer de talents créatifs.

Rock & roll

Dallas se trouve temporairement près du tunnel Waasland, mais à terme, l’agence déménagera avec la maison de production Landvogel dans le cloître de Saint-Paul fraîchement rénové, près de het Eilandje. « Ce qui vaut pour het Eilandje vaut pour tout Anvers, » remarque le Louvaniste Stijn Gansemans, à la tête de l’agence. « La ville est un hotspot créatif. Het Eilandje y apporte une touche de brut, d’industriel, de rock & roll, et l’eau donne toujours un petit air de vacances. Anvers est une ville vivante. Prenez le phénomène du Zomerfestival, les évènements qui ont lieu tout au long de l’année ou encore un food market couvert comme le Mercado. »

Bubka aussi reconnaît le potentiel du voisinage et de la ville. Cette agence avait d’abord pris ses quartiers en face de Dallas, puis a déménagé – temporairement – dans l’ancien bâtiment des impôts sur le Rijnkaai. Depuis le septième étage, la vue sur l’Escaut, la rive gauche et la plage de Sint-Anneke est époustouflante. « Si seulement ils mettaient enfin un bateau à l’eau, » soupire le Gantois Raf Van Raemdonck, directeur de l’agence. Il aime ce mélange de dynamique et de vie urbaine typique. « C’est ici que tout se passe, chantiers naval en prime, » ajoute-t-il en riant. « Un tout nouveau quartier se développe à deux pas du centre-ville. Cette dynamique attire des talents créatifs et crée de nombreuses opportunités créatives. Nous faisons beaucoup de contenu pour nos clients. En fait, cette agence en est presque devenue une rédaction. D’ailleurs, il n’est pas rare que nous nous promenions tout simplement dans la rue pour demander aux gens quel est leur rapport aux marques pour les besoins des vidéos ‘voxpop’ que nous réalisons pour nos clients. L’environnement est inspirant. » Ce n’est pas par hasard que les cartes de visite de Raf sont ornées de quais et de vieilles grues de port. Cela lui donne un sujet de conversation lorsqu’il les distribue. Het Eilandje attire du monde, cela ne fait aucun doute. Mais cela a un prix. A cause de la ‘gentrification’, le quartier du vieux port devient inabordable. N’avions-nous pas déjà vu ça quelque part ?