Il est venu le temps d'agir durablement

Articles traduits

La durabilité s'infiltre de plus en plus, non seulement dans notre mode de vie, mais aussi dans notre façon de travailler. Les 17 objectifs de développement durable (ou Sustainable Development Goals ), formulés par les Nations unies, auraient du aider nos organisations et entreprises à atteindre ces objectifs depuis 2015. Aujourd'hui, cinq ans plus tard, nous faisons le point. Où nous situons-nous les Belges ? Comment les progrès sont-ils encouragés et mesurés ? Les acteurs de la durabilité arrivent à la même conclusion: "La phase de sensibilisation est terminée". - Evy Van Ruyskensvelde

Il existe pas mal d'initiatives pour intéresser les entreprises aux SDG, comme le IFDD (Institut fédéral pour le Développement durable), qui réunit des experts des SDG et des parties intéressées de divers secteurs dans le but de refléter ce qui se passe en Belgique autour des SDG. Nous avons aussi SDG Voices, des ambassadeurs choisis par le ministre du développement durable et l'IFDD pour sensibiliser le public aux SDG. De son côté The Shift organise également chaque année de nombreux webinaires, ateliers et même un cours de formation sur le thème. "Ces activités sont vraiment nécessaires, car pour une entreprise, l'approche est aujourd'hui totalement différente de ce qu'elle était auparavant", explique Gaelle Janssens, responsable des relations avec les membres du réseau sur la durabilité. "Ce qui était auparavant davantage une question de réduction des impacts négatifs (tels que les émissions de CO2, les déchets,...) est maintenant la question de savoir comment une entreprise peut réellement contribuer aux objectifs des Nations Unies. Ces initiatives produisent-elles également l'impact souhaité ? "Nous croyons fermement aux SDG, mais il est difficile de déterminer si nous avons vraiment un impact. Nous rassemblons les gens et essayons de lancer de nouvelles initiatives, mais il revient à nos membres de faire bouger les choses."

Néanmoins, la mentalité de nos entreprises belges a vraiment changé ces dernières années. PUB a pu le constater à l'occasion de notre conférence annuelle Orbit by PUB. "Il y a maintenant beaucoup plus de collaborations. En outre, de nombreuses entreprises dressent actuellement l'inventaire de leur contribution aux SDG. C'est un premier pas", se réjouit Gaelle Janssens. Ils le confirment également à travers l'IFDD, qui apporte un soutien financier aux PME qui souhaitent, entre autres, rendre leur stratégie plus durable. "De plus en plus d'organisations veulent travailler avec les SDG et veulent les inclure dans leur stratégie", explique Anneleen Malesevic, responsable de la communication à l'IFDD. "Il y a encore toutefois des obstacles. Les SDG sont des lignes directrices et les traduire en actions concrètes dans une entreprise ou une ONG n'est pas toujours évident. Les multinationales se débrouillent déjà mieux, puisqu'elles disposent généralement d'un département RSE. Cependant, on peut se demander dans quelle mesure l'idée de durabilité imprègne le reste de l'entreprise. Dans certaines, nous constatons que les objectifs de durabilité sont inclus dans les activités principales, dans d'autres, c'est moins le cas".

“La question de savoir comment une entreprise peut réellement contribuer aux objectifs des Nations Unies.” – Gaelle Janssens

Les défis des SDG

Afin de mesurer les progrès des SDG, des indicateurs ont été développés au niveau européen et national. "Pour certains SDG, il existe des objectifs concrets, pour d'autres, on parle de réduction ou d'augmentation", ajoute Anneleen Malesevic. L'IFDD subventionne également le Baromètre SDG, la toute première étude nationale sur la manière dont les organisations belges appliquent les objectifs de développement durable dans leur organisation. "Connaissent-ils les SDG et comment les mettent-ils en œuvre ? Et comment les communiquent-ils ?" telles étaient les questions clés de cette étude, réalisée en 2018 par l'Antwerp Management School, l'UCLouvain et Universiteit Antwerpen auprès de 409 organisations. Jan Beyne, du Sustainable Transformation Lab créé par l'Antwerp Management School, est très impliqué dans l'étude. Il nous précise que le baromètre a été lancé comme une étude de suivi d'études antérieures sur la responsabilité sociale des entreprises, "parce qu'il y a d'énormes défis autour des SDG en Belgique".

“Les entreprises sont réticentes à communiquer sur leurs efforts de durabilité" – Anneleen Malesevic

En général, nos entreprises obtiennent de bons résultats. Quelques chiffres concrets : 63 % des personnes interrogées connaissent les SDG et les mettent en œuvre dans leur propre politique ou stratégie de durabilité, 90 % indiquent qu'elles y consacreront (même) plus d'efforts à l'avenir. "La réputation, en particulier, semble être un moteur important pour avancer. C'est pourquoi les entreprises intègrent de plus en plus les SDG dans leur stratégie et leur communication". Selon l'enquête, 87% communiquent en interne avec leurs employés et 82% le font en externe. Cela peut se faire via le propre site web de l'entreprise (45 %), le rapport annuel (26 %), un rapport de durabilité (18 %) ou quand c'est possible l'emballage d'un produit (10 %)". "Pourtant, les entreprises sont réticentes à communiquer sur leurs efforts de durabilité", note Anneleen Malesevic. "Surtout par peur d'être jugées pour ce qu'elles ne font pas encore bien. D'ailleurs, une bonne communication sur la durabilité va au-delà d'une action de l'équipe de communication ou de marketing. Sinon, vous vous retrouverez bientôt avec du greenwashing ou de fausses promesses."

Loin de mon quotidien?

Les SDG les plus populaires à mettre en oeuvre dans notre pays ? “Travail équitable et croissance économique", "Industrie, innovation et infrastructures" et "Santé et bien-être". "Parce que les organisations pensent qu'elles génèrent plus d'impact", explique Jan Beyne. "Cependant, les défis pour notre pays se situent également sur des thèmes planétaires tels que la pénurie d'eau et la biodiversité. “No hunger" et "Peace, security and strong public services" sont des thèmes éloignés de notre quotidien pour la plupart des entreprises. Et cela a du sens quelque part : il est plus difficile de traduire ces objectifs en buts concrets, car les organisations les considèrent plutôt comme la tâche du gouvernement. "En outre, nous avons remarqué que 80% des organisations interrogées donnent toujours la priorité à quelques SDG, alors que la philosophie de l'ONU insiste sur le fait que tous les SDG sont indivisibles et que, par conséquent, les 17 doivent être pris en compte en même temps".

S'éloigner de cette "cueillette de cerises" est l'une des recommandations de l'AMS. "Ces dernières années, il était extrêmement important pour les organisations de connaître l'agenda des SDG. Nous sommes maintenant cinq ans plus tard. Il est temps d'agir et de s'adapter de manière critique. Les entreprises doivent vraiment apprendre à adopter les SDG dès maintenant, afin de pouvoir les prendre en main de manière stratégique et de voir comment elles peuvent aborder les 17 objectifs de manière intégrée. Bien sûr, cela ne va pas de soi : il y a beaucoup de PME en Belgique qui n'ont pas facile de s’atteler à ces objectifs globaux.

Néanmoins, on constate qu'à travers certaines trajectoires et initiatives en cours en Belgique, les petits acteurs sont également incités à réfléchir à la manière dont les SDG peuvent servir de source d'inspiration. Et nous voulons stimuler davantage cette activité en offrant encore plus de formation et en faisant de la recherche". C'est pourquoi l'AMS travaille actuellement à l'organisation d'un nouveau baromètre sur les SDG qui sera lancé au SDG Forum ,le jeudi 29 octobre à Bruxelles. "A la lumière de 5 années de SDG, nous voulons examiner comment nous nous en sortons aujourd'hui par rapport à il y a deux ans. Nous allons interroger les organisations sur leur motivation et les seuils à partir desquels elles commencent à travailler avec les SDG, sur l'impact de la crise de la couronne sur les SDG, sur la manière dont elles traitent avec leurs parties prenantes et sur la mesure de leur impact ou non". Enfin, il est également important qu'il y ait davantage de partenariats, conclut Beyne. "Nous devons apprendre à travailler encore plus ensemble, en communiquant mieux et en partageant la vision de chacun. Nous allons avoir besoin de tout le monde pour réaliser cette transformation durable".

SDG Baromètre 2020