{Interview} LES BACKSTAGES D’UNE SUCCESS STORY

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View from my window, c’est un espoir autant qu’ une bouffée d’air frais pour ceux qui d’abord voulaient se connecter au monde extérieur durant les confinements. Le premier cliché pris depuis une fenêtre est partagé en mars 2020. Le dernier date du 1er avril 2023, peu de temps avant que le groupe ne soit suspendu suite au burn-out de sa fondatrice.  Ce que les internautes ont aimé plus que tout, était ressenti d’une autre manière en backstage… Rencontre avec Barbara Duriau qui nous dévoile les coulisses de cette success-story. 


Quel a été l’élément déclencheur faisant passer ce projet en quelque chose de plus complexe à entreprendre ?

Ça s’est passé très vite, mais je ne m’en suis pas rendu compte. À une période, lorsque je suis rentrée en Belgique, je logeais chez ma meilleure amie. Et c’est lors d’une de nos discussions qu’elle m’a fait comprendre qu’il fallait que j’arrête, que j’arrête de me plaindre car cette vie là, d’après elle, je l’avais choisie. Mais cette vie-là, je ne l’avais pas choisie justement. Elle m'est tombée dessus.

Parfois, on me demande si j’aurais créé ce groupe si j’avais su. Si j’avais eu conscience des conséquences que ça allait avoir dans ma vie quotidienne. Mais honnêtement, je ne sais pas. Peut-être qu’un jour je pourrais répondre à cette question, mais à l’heure actuelle, je ne sais pas.

Le plus important, c’est la prise de conscience. Avoir la possibilité de se rendre compte qu’il y a quelque chose qui ne va pas, et écouter les personnes qui nous entourent. Parce que lorsque j’ai annoncé à mon entourage que je faisais un burn-out, ils m’ont répondu « sans blague », parce que pour eux, c’était une évidence depuis bien longtemps. Actuellement, je suis en pleine reconstruction.

D’un point de vue relationnel, quel en a été l’impact ?

Je n’ai pas pu rencontrer quelqu’un par manque de temps. Je pense même que je n’aurais pas pu créer le groupe si j’avais partagé ma vie avec une personne durant cette période-là, ou du moins, le groupe n’aurait pas pu être ce qu’il a été. Mon ordinateur était toujours ouvert sur ma table à manger, donc la personne m’aurait probablement quittée...

Et pour mes amis ça devenait aussi ennuyant car je parlais de View From My Window sans relâche. Ce projet était au centre de ma vie. Et quand j’en parlais, je partageais mes problèmes mais également les expériences géniales que j’avais l’occasion de vivre.

View From My Window, c’était un havre de paix pour les membres du groupe. Mais en ce qui vous concerne, êtes-vous finalement arrivée à trouver une certaine tranquillité, cachée quelque part ?

J’aime énormément les ambiances de café.

Durant le confinement, j’allais travailler quand les cafés étaient ouverts. Vers la fin de l’année 2021, la ville d’Amsterdam avait fermé tous les cafés. Je l’ai ressenti comme si on me retirait le dernier loisir qu’il me restait.

Les cafés sont des endroits où je m’installe pour y puiser toute mon énergie. J’y ai trouvé toute mon inspiration pour écrire le livre qui a été publié, puisqu’il ne s’agissait pas simplement de sélectionner des photos. Je devais créer un chemin de fer, créer des thèmes,...

Vous sentiriez-vous prête à de nouveau entreprendre ?

Je rêverais de faire un documentaire sous forme de petites capsules.

Je suis allée au Japon lorsqu’ils ont sorti un livre View From My Window, une œuvre qui était un mélange de la mienne avec également des photos plus adaptées aux japonais. Un jour, j’ai rencontré un membre en faisant une balade. En fait, je savais qu’il habitait tout prêt. J’ai vu sa fenêtre de l’intérieur, une vue qu’il avait postée en 2020, et je ne suis pas restée indifférente à l’idée de rentrer dans cette pièce. Je vivais ce que j’avais vu un peu plus tôt, mais en étant cette fois-ci, sur place.

C’est à cet instant que j’ai réalisé que ça pourrait être intéressant de faire des mini capsules en mettant en scène cette vue, mais prise d’un point de vue différent. L’idée aurait été de parler du confinement, également interviewer cette personne, caméra à l’épaule... Accompagnée d’une agence de production.

Y-a t-il des choses que vous auriez dû ou pu faire autrement ?

J’aurais dû mieux m’écouter et être plus sincère avec moi-même. Quand on poste un message sur le groupe en disant que les gens sont formidables, mais qu’à côté de ça, je suis en train de souffrir, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

D’un point de vue financier, j’aurais du monétiser le groupe de sorte à pouvoir en vivre. Avec une rentrée d’argent, j’aurais pu engager du personnel pour m’aider pour la gestion du groupe.


Quel souvenir gardez-vous de ce lieu de partage ?

Dans le groupe Facebook, il y a eu de très belles choses. Des personnes issues de toutes origines qui discutent sous un même post, c’est quelque chose d’incroyable. Et c’est pour ça que j’ai créé ce groupe. Pour montrer qu’on est tous dans le même bateau, peu importe l’endroit où l’on se trouve. Et ça, c’est quelque chose que je ne peux pas enlever.

 

Une interview d’Ange-Victoria Callebaut, étudiante à l’Institut des Hautes Etudes de Communications Sociales.