{Interview} Pascal Lorent, du Soir à Anvie

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Dans le cadre de l'opération « Lisez-vous le belge », orchestrée par l'agence Nonante Cinq chargée de la communication, nous avons eu l’occasion d'entrer en contact avec des auteurs de différents livres, afin de promouvoir la littérature belge. Journaliste politique au Soir, Pascal Lorent signe son premier roman « Retour à Anvie ». Nous sommes loin des arcanes de la politique belge et de ses acteurs sociaux, matières qu’il couvre pour le quotidien. L’auteur, amateur patenté de polars, s’est essayé au genre. Et je peux le dire sans flagornerie corporatiste, l’essai est réussi. Son héros, Hugues Ballinger est tout sauf un cyber flic. Son géniteur l’avoue, il a un faible pour la police qui a du style et de la gueule. 

« J'ai été biberonné aux romans policiers classiques comme ceux de Simenon, Agatha Christie. Je suis un inconditionnel de Fred Vargas et de son commissaire Adamsberg. Mon personnage est au départ un anti Adamsberg. Il se définit comme un cartésien. Il a même un peu peur de ses intuitions. » Quand on est journaliste en presse quotidienne, prendre la plume vers d’autres horizons nécessite de changer de braquet. « J’ai commencé à écrire dans la deuxième moitié de 2018. J’écrivais dans le train en allant vers Bruxelles et en revenant chez moi. Il  existe des romans de gare, moi c'est un roman de train. Je suis novice dans l'exercice. En résulte deux années d’écriture. » Et puis vint le temps des conseils. « Vous êtes sur la bonne voie, continuez. Mais il y a du gras, il faudra couper... » Amis et collègues lisent l’ouvrage et y vont de leurs critiques constructives. Sur la ligne de départ, Pascal Lorent inscrit son roman au concours de polars de la Foire du Livre de Bruxelles. Et le voilà en 2021 parmi les 6 finalistes. Les auteurs bénéficient d’une journée de formation. Le chemin est long, car c’est en 2022 qu’il est choisi comme finaliste du Prix Polar de la Foire du Livre. Il ne lui reste plus qu’à trouver un éditeur. Ce sera finalement en 2023 chez Weyrich Éditions, que « Retour à Anvie » se verra publié.

 

 

Le déclencheur

Pour l’auteur, si la gestation a été très longue, les premiers pas avaient déjà été franchis quand il était encore à l’université, le résultat est bien là.  Un deuxième roman est d’ailleurs en chantier. « D’une certaine façon, je dévoile un peu le fait que mon flic va survivre à cette enquête. J'aimerais bien en faire un héros récurrent. Pas mal de gens m'ont dit qu’ils étaient touchés par le personnage. Je réponds à une demande. » Et entre Hugues Ballinger et Pascal Lorent, y-a-t ’il une filiation naturelle ? Le policier promène son deuil au fil des 394 pages. « Les  psychologues appellent ça un deuil problématique. » Et ce n’est pas un hasard, car il porte en lui une part de son auteur. « J'ai moi-même vécu un deuil. J'ai perdu un fils en 2018 et c'est ce qui m'a décidé à écrire mon roman. Mon fils s'appelait Hugo... » Et si le drame vécu par notre journaliste n'avait pas eu lieu, il n’y aurait jamais eu un Pascal Lorent auteur de romans ? « C'est possible... Je crois... Parce que l'écriture d'un roman, c'est un peu comme un cheminement, le long d'un sentier où de temps en temps on ramasse un galet, un morceau de bois, un objet ... On met tout ça dans son sac à dos. Et à la fin, on construit le château du Facteur Cheval. C’est un peu ça. »

« Retour à Anvie » présente en effet deux niveaux de lecture. Déjà le titre. Bonne chance pour trouver la ville d’Anvie sur la carte. « Pour la configuration des lieux,  je me suis inspiré du village d'Annevoie, dans la vallée de la Molignée en province de Namur. Quant au nom Anvie, outre le fait que je voulais ce lien avec le mot  envie sous toutes ses formes... Il y avait une volonté de revenir à la vie ! Mon héros doit retrouver une forme d'envie, lui qui est devenu complètement hermétique aux autres et à ses propres émotions. » Le livre tient en haleine, chacun est à sa place. Ballinger enquête sur l’assassinat d’un journaliste en se frottant à un gendarme complaisant avec un pouvoir politique local intriguant. La pièce peut se jouer. Les personnages évoluent lentement, ce qui permet au lecteur de survoler la scène du crime et ses alentours. La fiction en appelle une autre. Cette fois-ci c’est dans la région de Maubeuge qu’évoluera notre poulet solitaire. Pascal Lorent est déjà loin dans son travail d’écriture. Il rejoint ainsi à son tour le cercle de ses auteurs favoris.