La communication politique sous le prisme d’un économiste

Communication / News

L’économiste Bruno Colmant est un bon client pour les médias. L’homme qui a multiplié les casquettes professionnelles, de chargé de cours dans de multiples universités en passant par des mandats directoriaux dans le monde de la finance, est aujourd’hui directeur ad interim de la Fondation contre le Cancer. Au moment de réaliser cette interview, les élections de juin sont encore devant nous. Mais quand vous lirez ces lignes nous serons avec un gouvernement en affaires courantes. Ma question de départ aurait pu être posée à Madame Irma ! 

Pensez-vous que la Belgique pourrait revivre la situation de 2011 (541 jours sans un gouvernement sorti des urnes) ?  

Bruno Colmant : Non. En 2024 les négociations seront différentes, elles ne porteront plus sur l’aspect communautaire. Aujourd’hui c'est le modèle social qui est en jeu! Va-t-on choisir  un modèle de maintien de l'État social tel qu'on l'a construit après-guerre avec ses défauts, ses avantages, comme une solidarité intergénérationnelle ? C'est un sujet dont on ne parle pas, mais c’est un choix idéologique extrêmement important.  Il vaut mieux prendre le temps de discuter car les choix d’aujourd'hui vont engager les générations futures. Comment va-t-on régler le coût du vieillissement de la population ?  Les avantages promis aux travailleurs sont maintenant dus, avec bien sûr une espérance de vie qui en plus a augmenté de 20 ans par rapport aux années 40-50. Comment gérer les 30 prochaines années ? La solidarité sera-t-elle maintenue ou détricote-t-on le modèle social ? C’est un problème pour les personnes qui ne seront plus en situation de recommencer leur vie et qui verront leurs avantages sociaux disparaître. Donc ces élections sont très importantes. 

Les communications des partis ont-elles encore un poids aujourd’hui ? 

Très peu. Elles ne sont pas suffisamment claires par rapport aux valeurs défendues. Un slogan en général a le mérite d'exister mais ne sert pas à grand-chose. La NVA, le Vlaams Belang et le PS sont les plus clairs. (Lire encadré)  

La communication politique ne répond plus aux attentes des citoyens ? 

Nous sommes d'abord face à une réalité européenne qui véhicule une série de contraintes, de changements d'orientations socio-politiques...dont on ne parle jamais ! On sait par exemple que les aides de l'Europe sont conditionnées à des réformes structurelles des états. Personne n'est capable de les expliquer de manière claire. Ça ne fait pas partie du débat parce que ça nous échappe. Et ça nous est donc imposé. Nous sommes confrontés à des risques géopolitiques extrêmement importants et l'élection américaine n’est pas la moindre... Ce qui est dommage dans cette communication, c'est que finalement un seul élément est encore sous le contrôle de la Belgique, c'est l'homogénéité et la solidarité du modèle. Et ça, malheureusement, ce n'est pas bien mis en évidence. 

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