La métamorphose historique d'Euronews

Euronews l'avait annoncé en octobre dernier : La chaîne "européenne" d'information est en voie de transformation totale. Les 10, 15 et 24 mai sera annoncée la première étape du développement NEXT : Euronews modifie totalement l'organisation qui est la sienne depuis 1993. À ce sujet, nous avons rencontré Michaël Peters, CEO, qui revient sur les objectifs et les raisons de cette métamorphose « On peut dire que le modèle historique de production de l’information d'Euronews sera entièrement revu. On a tout changé. C’est une modification profonde ! »

Premièrement, cela veut dire que la chaine arrêtera le multiplex, il n'y aura plus qu'un seul et même signal vidéo dans le monde, accompagné des différents services linguistiques. Euronews remplacera l'offre par 12 éditions distinctes qui cibleront des marchés différents. Éditorialement, toute l'organisation de la rédaction et de la production est transformée. À cet égard,430 personnes sont en formation depuis le début de l'année pour apprendre des nouvelles méthodes de travail. Il y aura également un renforcement de l'offre sur les médias numériques. Côté distribution, Euronews change tout aussi : lancement dans la distribution point à point (une première à cette échelle pour un média) et révision de toute la stratégie satellite. Enfin, la stratégie commerciale est également revue par Carolyn Gibson.

Les modèles économiques actuels ne tiennent plus pour les médias d’information internationaux. Il faut donc de se réinventer. Ce que Euronews a fait. « On a réinventé notre façon de produire l’info, de la distribuer et notre façon de vendre notre offre. Cette nouvelle vision c’est 'enrichir les consommateurs'. Aujourd'hui, l'immense majorité des médias ne remplissent pas leur mission. Le rôle d’un média doit être d'apporter plusieurs perspectives, pas toutes mais le plus possible", estime Michaël Peters.

L’objectif de Euronews Next se décline en trois objectifs :

1. Faire d’Euronews le premier média qui va apporter une info internationale à travers un prisme de diversité de perspectives. Chaque donnée sera customisée selon l’intérêt de la cible. "L’audience allemande n’a pas les mêmes intérêts que l’audience portugaise. On aura également des commentaires dans la langue de chaque pays. Jusqu’ici tout était en anglais."
2. Transformer Euronews en un média agile. "Il y aura plus de digital et toujours autant de TV. Un média doit décliner deux offres, linéaire - notre offre reste forte- et non linéaire, ces offres vont s'adapter en fonction du moment. Leur coexistence doit demeurer."
3. Rendre définitivement Euronews le premier média d’influence sur les affaires européennes. "Nous sommes le premier média regardé en Europe mais le format tel qu'il existe ne permet pas d'apporter cette influence, de faire du bruit. Ce qu’on veut c'est mettre en place des nouveaux formats." C’est d'ailleurs la prochaine étape du plan NEXT qui sera déployée en fin d'année, "on va créer une édition Euronews World en anglais. Ce sera un format intégralement présenté avec des talks, des débats, des émissions. Ce sera le réceptacle du multiculturalisme de Euronews. Avec un direct chaque matin, depuis Bruxelles, avec un invité de prestige".

Dans ce projet de NEXT, Euronews aura donc besoin de nouvelles compétences pour gérer la présence humaine sur la chaine. C'est pourquoi des discussions sont en cours avec NBC qui s’apprête à entrer dans le capitale de la chaine. D'un point de vue commercial, Euronews compte révolutionner complètement la façon de distribuer la chaine auprès des opérateurs de cable et de satellites, "on utilise une technologie IP que personne na jamais utilisée sur le marché. Nous avons aussi remodelé entièrement notre approche de sales. On est en train de façonner une nouvelle équipe, de pointe ! Nous avons trouvé ce moyen unique, avec une seule régie finale de proposer 12 grilles de programmes différentes, ça va nous permettre d'avoir une approche très digitale aussi. On va pouvoir faire des offres complètement personnalisées à des annonceurs. On n'a pas pour l'instant l'ambition d’entrer sur les marchés nationaux. On vend de la pub internationale. On reste une offre global, on reste un media global."

C'est un changement profond, donc, que connait en 2017 Euronews. Michaël Peters s'est dit très ému par cette évolution. Et on le comprend, car il s'agit bien ici d'"un projet colossal qui a pris deux ans."