Alors que se multiplient les possibilités du marketing photo, les marques misent plus que jamais sur les clichés pour animer leurs campagnes. Des photobooths aux greens screens, des entreprises telles que Say Cheese et Eventattitude sont convaincues du pouvoir de la photographie numérique.
La bonne animation photo peut véritablement permettre de briser la glace, c’est une activité idéale pour une fête de fin d’année avec des collègues qui ne se connaissent pas vraiment ou pour attirer l’attention de nouveaux clients. C’est en tout cas l’avis de Sören Vandewalle, l’un des account directors de Eventattitude. Lancée en 2011, cette entreprise assure désormais la couverture photo ou vidéo de plus d’un millier d’événements par an. « Il y a quinze ans, nous avons assisté à la naissance de la photographie numérique, » explique Sören Vandewalle. « Cela a ouvert la voie aux premiers photographes, à la couverture photo d’évènements et à la création de sites où les clients pouvaient ensuite regarder les photos. En suivant les demandes des clients, notre travail a évolué vers les studios photo, les photobooths et les green keys, et nous avons commencé à attirer de plus gros clients, tels que La Loterie Nationale. « L’un des projets les plus chouettes sur lequel il nous a été donné de travailler jusqu’à maintenant était une collaboration avec l’agence évènementielle MAC21 pour Mazda Europe. Nous avions fait une première activation cet été à Tomorrowland où nous avions installé un film d’animation à 180 degrés. Mazda était tellement satisfait du résultat que nous avons pu les accompagner au festival du film de Rome, où nous avons pu développer à fond la petite version de Tomorrowland. Le résultat était une pièce ronde entourée de 64 appareils photo. Une Mazda trônait au milieu de la pièce qui représentait par ailleurs un décor du film « Kill Bill ». On déclenchait les appareils photos lorsque les gens sautaient en l’air et le résultat donnait une scène d’action en 3D. Une telle attraction ne manque jamais de remporter un franc succès. »
La guerre des prix
Selon Sören Vandewalle, le succès de telles animations est lié à la grande valeur émotionnelle des photos. Wouter Noerens, fondateur de Say Cheese partage cet avis : « La photographie a deux caractéristiques, elle est personnelle et non brandée. Contrairement à un flyer, que vous regardez à peine et que vous jetez immédiatement, une photo vous donnera toujours un souvenir positif d’une marque ou d’une entreprise. » Depuis 2011, il travaille avec Kristof Jacobs, son associé, à des évènements de communication ou internes pour des entreprises. « Au début, j’ai cherché un élément à apporter au monde de l’évènementiel, car c’est un monde intéressant et stimulant. J’ai fini par avoir l’idée de faire des photos, » explique-t-il. « Au début, je me suis concentré sur la photographie d’événements pour entreprises, ainsi que b2b et b2c. Les évènements ont une importance particulière pour les marques, c’est essentiel qu’ils soient bien photographiés. On porte d’ailleurs beaucoup d’attention aux petits détails lors de la conception de stands ou de décors. Nous travaillons également à des systèmes automatiques, tels que des photobooths et des green keys. Récemment, nous avons conçu un green screen pour Ikea avec un photobooth semi-automatique, pour lequel nous avons cherché le bon éclairage, le décor et l’arrière-plan. Ce qui était particulier, c’était que les gens pouvaient se voir dans le décor avant même que la photo ne soit prise. Au moment où nous l’avons lancé, c’était le seul photobooth de Belgique ! » Malgré tout, Wouter Noerens préfère être derrière l’objectif. « Je ne le fais pas de façon régulière, cela dépend vraiment d’un mois à l’autre. Parfois, il y a plus de travail de photographie, parfois c’est l’inverse. La période la plus chargée pour les photomatons et autres, c’est toujours juste avant ou après l’été, lorsque les entreprises organisent leurs évènements. » Le plus important dans son travail, c’est qu’il doit être unique, pense Wouter Noerens. « Je veux donner à chaque activation un petit quelque chose en plus pour la rendre spéciale. Certes, placer de simples photomatons paie les factures, mais ce n’est pas ce qui me donne envie de me lever le matin. C’est pour cela que je cherche constamment de nouveaux chouettes projets. Récemment, nous avons transformé un vieux Camper de 1974 en photobooth. Suite à la popularité actuelle des foodtrucks, nous avons acheté une vieille caravane que nous avons entièrement vidée et complètement transformée. Nos concurrents proposent plein de photomatons, mais nous nous spécialisons dans des œuvres uniques que nous essayons de continuer à développer. J’essaie de m’assurer à chaque fois que la qualité soit impeccable, afin que les photos soient les plus réalistes que possible. D’ailleurs, il est indispensable de se spécialiser car le marché est de plus en plus saturé. Sans cela, nous assisterions à une guerre des prix et ça, je n’en ai aucune envie. C’est pour cela qu’à l’avenir nous allons nous concentrer davantage sur des systèmes permanents pour des agences de communication ou, par exemple, des parcs d’attraction. Nous envisageons également de lancer nos propres logiciels. Le problème c’est que parmi les nombreux logiciels existants, pas un seul ne tient la route. »
Conversation starters
Eventattitude confirme la nécessité de se démarquer : « A l’heure actuelle, il y a une offre incroyable d’animations photo, car il est désormais relativement facile de fabriquer un photomaton. Par conséquent, on voit apparaître de plus en plus de petites entreprises qui se lancent et le marché est complètement saturé. C’est pour cette raison qu’en 2011, nous avons pris la décision stratégique de chercher notre point fort ailleurs : alors que d’autres entreprises installent des photobooths pour égayer un événement, nous cherchons à rapprocher les gens, comme l’exprime notre slogan : conversation starters. Outre la photo, nous nous sommes également mis à l’animation vidéo. Par exemple, nous avons créé une animation où les gens peuvent faire semblant de jouer de la musique à Rock Werchter. Nous avons aussi ressortis d’anciens jeux vidéo – tels que Pong, Space Invadors ou Docteur Maboul – et nous les avons mis aux couleurs de nos clients. Je pense que c’est précisément cette créativité qui constitue notre petit truc en plus. Un autre exemple : pour Eristoff nous avons fait une animation photo basée sur le bruit : nous avons demandé aux gens de hurler comme des loups le plus fort possible, car c’est ce que font les loups quand ils sortent. La photo ne se déclenchait que s’ils faisaient assez de bruit. Pour susciter cette créativité, nous rencontrons très souvent les agences pour réfléchir à des animations qui s’inscrivent parfaitement dans une campagne ou une communication, afin que les animations ne soient pas seulement la cerise sur le gâteau. De plus, notre autre atout est que nous avons tout en interne : la plupart du temps, nous pouvons faire ici tout ce que nous voulons faire. Parfois nous partons de zéro, selon ce que veut le client, mais parfois nous utilisons des solutions toutes faîtes déjà disponibles. Certaines choses peuvent très bien être adaptées à une marque, moyennant quelques modifications. Si le client veut les utiliser, nous examinons les possibilités de personnalisation. Nous ajoutons les bons logos et le visuel et c’est parti, » explique Sören Vandewalle. « Certains clients ont d’ailleurs déjà très bien compris ce qu’il fallait faire, c’est le cas de Maes, par exemple. Nous travaillons beaucoup pour eux en collaboration avec l’agence Fast Forward Events pendant les festivals d’été. Ils n’impriment plus de photos, mais ils incitent au maximum le partage sur les réseaux sociaux. »
Une meilleure acceptation
Cependant, SörenVandewalle constate que malgré l’essor des médias numériques et le besoin d’atteindre un large réseau par différents canaux, nous sommes devenus plus sceptiques par rapport au partage immédiat de photos. « Les gens ne sont pas disposés à donner leurs coordonnées sur un ordinateur étranger et de nombreuses personnes protègent mieux leur compte. C’est pourquoi nous ne demandons plus qu’une adresse e-mail, nous leur envoyons un message avec les photos et nous nous assurons qu’il soit facile de télécharger les photos ou de les partager sur Facebook ou Twitter. Psychologiquement, c’est bien mieux accepté, car ils sont plus en confiance lorsqu’ils manipulent leur propre smartphone, » poursuit-il. « Nous constatons également que les gens conservent des milliers de photos sur leur smartphone mais n’en impriment aucune. Nous avons donc mis au point un système spécial par lequel nous demandons aux festivaliers d’uploader leurs selfies sur une plateforme avec la possibilité d’y ajouter un filtre. De cette façon, pouvions collecter des données pour notre client. En échange de leur photo, les festivaliers recevaient un code unique qui leur permettait d’aller imprimer deux photos gratuitement sur une borne. Pour imprimer une troisième photo, ils devaient partager leur photo. Dans le cas de Maes, on peut aussi distribuer des bons pour une bière gratuite au bar. De cette façon, vous pouvez utiliser un contenu qui est de toutes façons créé pour obtenir de la visibilité ou fournir un service gratuit. » Ce qui est pratique, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’avoir quelqu’un en permanence près de l’animation. « Ce sont vraiment des animations qui fonctionnent seules. Par exemple, nous avons un photomaton permanent dans le Parlement européen qui fonctionne entièrement seul. Nous plaçons des instructions à côté pour que les gens comprennent ce qu’il faut faire. C’est très facile. Je pense que l’avenir sera aux systèmes permanents et personnalisés, aux créations ingénieuses. Evidemment, personne ne peut prédire quelle sera la grande nouveauté dans six mois. Peut-être que ce ne sera plus les selfies, mais les photos en 3D. Par contre, ce qui est certain, c’est que de telles animations fonctionneront toujours, car le public, quel qu’il soit, restera curieux et voudra voir ce que c’est. »