L’art de l’emballage

Un produit avec un bel emballage attire le regard du client qui fait ses courses. Cependant, pour les détaillants, ce n’est pas toujours simple de créer un look attrayant. Nous donnons la parole à Lotte Krekels, spécialiste de l’emballage auprès de la chaîne de supermarchés Carrefour.

 « L’emballage est un élément complexe, » explique Lotte Krekels, responsable de l’emballage pour la chaîne de supermarchés Carrefour. « Un emballage doit évidemment être beau, mais le plus important c’est qu’il soit en phase avec ce qu’il vend. En d’autres termes, le rapport qualité-prix doit correspondre. Nous ne voulons évidemment pas décevoir nos clients en leur vendant des produits qui ne correspondent pas à ce que reflète l’emballage. Chez Carrefour, nous sommes très attentifs à cela. »

Un défi créatif

Pour mettre un emballage sur le marché, la chaîne de magasin travaille selon une méthodologie où chaque étape du développement de produit est passée au crible. « Chaque fois que nous développons un emballage, nous suivons des lignes directrices précises. Bien sûr, nous ne travaillons pas seuls, de nombreuses autres personnes sont impliquées : l’acheteur, le fournisseur, le service qualité, le département marketing, les agences de design… Nous nous rassemblons tous autour d’une table et nous regardons ce que nous voulons vendre et à quoi cela doit ressembler. Quels matériaux voulons-nous utiliser ? Comment est organisée la logistique ? Quel look voulons-nous ? Qu’est-ce qui doit figurer sur l’emballage en termes d’ingrédients et de valeurs nutritionnelles ? »

Les détaillants doivent tenir compte de toutes sortes de dispositions légales. « Pour cela, nous faisons appel à notre service qualité, explique Lotte Krekels. Il s’agit d’un département composé de food technologists qui connaissent la législation comme leur poche. Ils savent très exactement ce qui doit apparaître sur l’emballage. Est-ce difficile ? Oui, c’est bien sûr un défi créatif de respecter la législation tout en produisant quelque chose de joli. Nous ne nous simplifions pas nécessairement la vie non plus, puisque, outre les mentions obligatoires, nous voulons donner au client des informations supplémentaires. Des informations nutritionnelles, par exemple, lorsqu’un produit contient moins de sel ou de sucre, ou des informations sur comment trier les déchets du produit. »

L’emballage le plus responsable

Non contente de développer de nouveaux emballages, la chaîne de supermarchés continue à investir dans ses emballages existants. « Nos emballages sont régulièrement testés. Lorsque l’on constate des erreurs, on les corrige, mais nous cherchons également constamment ce qui peut être amélioré ou optimisé, poursuit Lotte Krekels. Par exemple, en supprimant quelque chose de superflu ou en choisissant des matériaux renouvelables. Nous le faisons car nous voulons mettre les emballages les plus responsables possible sur le marché. Nos dosettes de café en sont un excellent exemple. Avant, nous les vendions dans des boîtes en carton où toutes les capsules étaient emballées individuellement. C’était fait pour garantir la bonne conservation du produit, ce qui est aussi l’une des fonctions d’un emballage. Mais plus tard, nous nous sommes demandé si c’était bien nécessaire et si nous ne pouvions pas mettre toutes les capsules dans le même sachet. Les fournisseurs nous ont démontré que c’était possible d’un point de vue technique – il était en fait possible de les presser directement sur la feuille – mais qu’alors, le carton d’origine serait trop grand pour les 10 capsules qu’il contenait au début. Ils ne pouvaient pas faire un emballage plus petit, à cause des machines utilisées, donc nous avons choisi de mettre plus de capsules dans le même format d’emballage. Le résultat ? Un emballage plus écologique, avec un prix de vente plus bas et donc un meilleur rapport qualité-prix. Une belle réussite, » conclut notre spécialiste de l’emballage.

Greener Packaging Award 

« Un autre bel exemple sont nos sacs à pain recyclables et que l’on peut mettre au compost. Ils nous ont même valu le Greener Packaging Award en 2015. En remplaçant la couche de paraffine sur le papier – qui sert à conserver la fraîcheur du pain – par un matériau naturel, les sacs à pain peuvent désormais être recyclés et même compostés. Ce n’était pas possible avant, à cause des matériaux utilisés. Bien sûr nous avons dû remplir d’autres conditions : utiliser 30% d’encre à base d’eau, revoir la colle utiliser et affiner le papier. » Est-ce tout de même possible de faire un bel emballage en respectant toutes ces nouveaux critères ? « Bien sûr ! Pourquoi pas ? » conclut Lotte Krekels. « J’en reviens à l’aspect créatif. C’est le défi que nous voulons relever avec les agences de design, et nous le faisons volontiers ! Un emballage ne doit pas nécessairement être bariolé pour être joli. Il faut simplement que l’image soit la bonne. »