L’avènement des banques vertueuses?

Banking / Triodos et Crédal offrent des services bancaires éthiques

C’est peu de le dire, pour beaucoup de personnes les termes « éthique » et « banque » sont deux oxymores. Et la crise qui se prolonge autant que les régimes d’austérité qui se développent, élargissent encore le fossé entre le monde financier et le public.

·        Les clients des banques veulent savoir « ou va l’argent »
·        Transparence et confiance sont de leitmotivs
·        Les banques propres se limitent à l’économie réelle
·        La crise accélère le recours à des banques « propres »
·        Le microcrédit aide des entrepreneurs exclus bancaires
·        Le mcirocrédit est aussi un accompagnateur de projet

Face à ce désenchantement croissant des citoyens à l’égard de leurs banques, et plus largement face à l’influence de l’argent sur nos existences, certaines démarches et organisations semblent cependant tirer leur épingle du jeu, et garder un atout important dans l’esprit du consommateur épargnant: la confiance. Exemple, avec la banque Triodos

La banque éthique finance plus propre
Trente ans après ses débuts, la banque Triodos, filiale belge d’un concept européen né aux Pays-Bas, peut se frotter les mains propres. Sa stratégie de l’épargne utile, traçable et surtout éthique a évidemment fait des émules proportionnellement à la méfiance qui s’installait dans d’autres institutions financières, aux agissements jugés plus occultes ou complexes. C’est qu’en six ans Triodos a quintuplé son bilan et son volume clients (elle en accueille 1.000 nouveaux par mois, sa filiale espagnole, 3.000). Olivier Marquet, directeur général de Triodos en Belgique rappelle les principes positifs de la banque éthique et durable: « Nous investissons l’épargne dans des produits stables et clairs, qui soutiennent des entreprises actives dans l’énergie verte, l’alimentation bio, les projets sociaux et la culture. Il n’y a pas chez nous de produits complexes. Nous insistons sur la transparence et les bénéfices partagés entre nos clients, les projets soutenus et nous-même. Nous restons accessibles, à taille humaine, et nous ne misons pas sur la rentabilité à court terme. Nous évitons la politique de dents de scie entre l’évolution des activités dépôts et crédits. Nous préservons toujours l’équilibre entre les réserves de dépôts afin de financer les crédits en toute indépendance. Notre taux de conversion des dépôts en crédits est de 75%. Ainsi, nous n’avons jamais, contrairement à d’autre, eu recours au dépôt interbancaire. »
Affichant un rendement de 4,3%en fonds propres (avec un objectif d’atteindre rapidement les 7%), Triodos réinvestit directement ses bénéfices dans sa croissance. En dix ans cela se concrétise par un nombre de collaborateurs qui a décuplé, soit 91 collaborateurs, dont onze engagés en 2011.

Olivier Marquet (Triodos)

L’humain investit dans l’humain
« Dans notre philosophie, l’humain est prépondérant, tout autant pour le soutien à des projets dans les champs du durable, de l’écologie et du sociétal, et donc uniquement l’économie réelle, que pour nos ressources humaines internes. Ainsi l’écart entre le plus haut et le plus bas salaire parmi nos collaborateurs, n’excède jamais 10%. C’est un choix. De même, il n’y a pas chez nous de systèmes de bonus primes ou rémunérations variables. »
Côté projets soutenus, (et que chaque client de la banque peut suivre à la trace sur le site wwww.triodos.be) 50% des crédits soutiennent des projets durables et écologiques (principalement dans les infrastructures ou l’équipement énergétiques propres). Certains sont connus comme le développement de la chaîne de restauration saine, Exki, ainsi que des centres d’insertion professionnelle pour handicapés ou des maisons de retraites, où encore la réaffectation de sites urbains comme les anciennes brasseries Bellevue, qui seront transformées pour partie en centre hôtelier pour clients à budget modeste. Triodos Belgique a reçu également en 2011 plusieurs demandes émanant de projets français en photovoltaïque, qu’elle gère sous forme de Sicavs.
Quant à son indépendance? Triodos a émis des certificats de participation auprès de particuliers et d’institutions dont le nombre et les pouvoirs restent limités. Elle procédera dans le même esprit à une augmentation de capital l’an prochain, a pour un montant oscillant entre 15 et 20 millions (pour la filiale belge). Un indicateur de son succès. « Il est un fait que la crise joue un rôle accélérateur dans l’évaluation des risques que prend une banque vis-à-vis de ses clients. Et cela entraîne plus d’exigences de clarté, de transparence même dans les actes bancaires. »

Les microcrédits au secours des PME
Le système d'aide sociale appelé microcrédit consiste à l'attribution de prêts de faible montant à des entrepreneurs ou à des artisans qui ne peuvent accéder aux prêts bancaires classiques. L’évolution des microcrédits à pour but de favoriser le développement des entreprises, stimuler la croissance économique, et ouvrir des portes à des personnes qui n’auraient pas de telles possibilités. On peut noter qu’il est de plus en plus difficile aujourd’hui pour les PME de se financer auprès des banques. A la méfiance classique des banques vis-à-vis des PME s’ajoute la hausse des coûts de refinancement bancaire.
Les banques traditionnelles alignées sur ce modèle depuis les années 2000, suivant l’exemple de Triodos ou d’autres systèmes coopératifs en Europe, ont compris que ce secteur est un marché qui peut être considéré comme un élément de rentabilité. Mais paradoxalement les banques qui sont généralement douées en marketing, ne parviennent pas renverser leur image. Peu de clients sont aux courants des offres portant sur des services durables.
Dans le prolongement de l'engagement du groupe BNP Paribas pour la création d'emplois grâce au microcrédit, deux projets de bénévolat de compétences sont créés; « Jacadie » en France et « Microfinance sans frontières » à l’international. Elle vise à soutenir la micro finance par un apport bénévole de savoir-faire, en partenariat notamment avec l’Association des retraités de la Banque qui compte quelques 20 000 adhérents.

Crédal l'argent solidaire au service de la plus-value social
Depuis 1980, entreprises, associations et particuliers placent leur argent à Crédal dans une optique de solidarité et d'utilisation transparente de leur argent.
Crédal se définit comme une coopérative,différente d'un système bancaire traditionnel, elle se place comme une excellente alternative financière en terme de microcrédit à l'échelle locale.
Aujourd'hui Crédal est un acteur incontournable du microfinancement sur le marché belge.
La coopérative participe de différentes façons à l'économie sociale, entre autres, elle propose des crédits à des entreprises de l'économie solidaire, à des entrepreneurs exclus bancaires et à des particuliers aux revenus modestes.
Bernard Horenbeek directeur de la coopérative Crédal: « Depuis 10 ans, nous proposons des placements stables, 100% éthiques et solidaires. Crédal finance des personnes exclues bancaires qui souhaitent lancer ou développer une activité indépendante (microcrédit professionnel) ou acquérir des biens indispensables à leur projet de vie (microcrédit personnel). » D'un point de vue juridique, la majorité de ses clients sont des associations sans but lucratif, des sociétés à responsabilité limitée, et des sociétés à responsabilité limitée à finalité sociale. Et moins nombreuses sont des sociétés anonymes et personnelles à responsabilité limitée.
En cette période de crise et de désillusion croissante des citoyens, on peut penser qu'un système de microcrédit puisse aussi avoir des difficultés à garder les pieds hors de l'eau. A s’y méprendre... Or Crédal note des résultats plutôt positifs dans son secteur.
«Malgré la crise financière, nous avons versé 500 microcrédits personnels et 100 microcrédits professionnels sur l 'année 2011. » Ces chiffres ne sont pas anodins. En effet, Crédal se définit comme une stratégie alternative au système bancaire traditionnel, dans une logique constructive, c'est-à-dire qu'au delà du simple prêt bancaire, elle se positionne comme agence conseillère et d’accompagnement vis-à-vis de ses clients: « Le microcrédit se définit d'une part par un investissement social responsable, un projet de société qui apporte un plus à la communauté. Travailler autrement, évaluer les risques avec les clients, comprendre l'environnement tels sont les objectifs à remplir envers le client ». Les microcrédits qui peuvent poser le plus de problèmes sont les microcrédits professionnels à cause des aléas économiques et des marchés instables.
En terme de notoriété, Crédal fonctionne par le bouche-à-oreille et par réseautage pour rentrer en contact avec ses nouveaux clients. Ses activités de microfinancencement sont soutenues par de nombreux partenaires à savoir, la fondation Dexia (cfr Belfius), le Fonds Social Européen, les régions de Wallonie et de Bruxelles, le Fonds de Participation, la Sowalfin et l’IBGE-BIM (Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement)... Rien que du bon air dans les finances!

Bernard Horenbeek (Crédal)

A propos de Triodos
Créée en 1980, Triodos est une banque indépendante d’origine Néerlandaise dont la mission est d’exercer son activité de manière éthique, transparente et durable.
Avec l'épargne de ses clients, la Banque Triodos accorde des crédits à des entreprises, des institutions et des projets dans les secteurs de la culture, du bien-être, de l'environnement et des relations Nord-Sud. Elle propose également des fonds de placement et des services de gestion de patrimoine aux investisseurs soucieux d’encourager les comportements responsables auprès des entreprises. En outre, la banque place cette épargne dans des obligations des pays dans lesquels Triodos est actif: Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni, Allemagne et Espagne. Sur le plan environnemental, la politique de Triodos exclut les investissements dans des entreprises qui causent régulièrement des dégâts environnementaux graves.
En termes de chiffres la banque Triodos poursuit sa croissance: en 2011 elle a connu une hausse de 33% des crédits aux entreprises durables. Pour 2012, le groupe prévoit d’augmenter son capital de 89 millions d’euros pour renforcer son développement. Ces résultats démontrent bien que la banque durable représente une alternative probante pour le secteur, offrant toujours de nouvelles opportunités pour les entrepreneurs.
Le site Internet « Test achat » a fait un test de 7 grandes banques afin de mesurer leurs éthiques. « Test Achat » a choisi quatre critères, à savoir la politique éthique de la banque, la politique fiscale, la transparence et le mode de gouvernance.
Les résultats sont sans surprise, Triodos se classe en tête de liste. Elle se distingue en effet par ses bonnes pratiques, et sa politique s’aligne sans aucune contradiction sur sa démarche éthique!