Le vélo fait tourner l'économie

Début juillet, Bruxelles, et par extension toute la Belgique, est en émoi : le départ du Tour de France 2019 a lieu dans notre capitale ! D'où nous vient notre fascination pour le vélo ? D'un côté, le vélo est un moyen de transport utile et bon marché, et de l'autre, ce même vélo est presque un objet sacré. Montre-moi ton vélo et je te dirai qui tu es : nous en sommes (presque) là. Et la popularité du cyclisme fonctionnel, récréatif ou sportif continue sans aucun doute de croître en raison de l'urbanisation et des problèmes de mobilité. - Wim De Mont

Le vélo. Il y a quelque temps synonyme de luxe pur réservé aux riches, il est rapidement devenu un produit de commodité pour les travailleurs qui n'auraient jamais les moyens de s'acheter une voiture. Dans notre pays, les fils de paysans et d'ouvriers étaient ceux qui assistaient aux compétitions vélo, un des seuls moyens de s'extraire de l'ennui du quotidien, souvent sans perspectives. L'infatigable « Flandrien » était né ! Après la seconde guerre mondiale, à l'arrivée des baby boomers, les vélos sont devenus un moyen de transport du quotidien pour toute la famille, un « grand vélo » étant devenu le cadeau de communion typique. La notoriété des coureurs tels que Rik van Steenbergen, Rik Van Looy et (surtout) Eddy Merckx ont fait exploser la popularité des compétitions de vélo, d'où l'apparition de clubs cyclistes et l'universalisation des courses de vélo. Ces dernières années, un nouveau facteur est entré en jeu : de plus en plus, le vélo est utilisé comme alternative à part entière à la voiture pour les trajets entre le domicile et le travail. Pistes cyclables, autoroutes pour vélos, vélos partagés, vélos électriques : avec la réduction du trafic automobile, l'attrait du vélo devient irrésistible.
Soit dit en passant : par commodité, nous parlons de vélo, mais il existe autant de types de vélos que de consommateurs. Tricycles pour enfants en bas âge, vélos pour enfants, vélos « classiques » pour adultes, vélos pliables, vélos de course, biporteurs, vélos partagés, trottinettes... De plus en plus souvent électriques. Même les membres de clubs de cyclisme utilisent (en cachette ou non) des moyens électrifiés. Chaque type de vélo possède son propre univers.
L'argent doit rouler
Toute une industrie s'est développée autour du vélo. Ou plutôt toute une série d'industries. Pour commencer, la production et la vente de vélos, d'accessoires et de produits associés (tels que les vêtements, les assurances et les contrats de leasing pour les vélos d'entreprise). Les équipes de cyclisme professionnel créent de nombreux emplois et tournent (surtout) grâce à l'argent des sponsors. Des coureurs cyclistes connus sont ambassadeurs de marque, et certains sont plus crédibles que d'autres. L'horeca fait également de bonnes affaires pendant les courses sur des circuits en tout-terrain, mais aussi sur les lieux de départ et d'arrivée des épreuves sur route. Ce n'est pas un hasard sur la lutte est rude lors du choix des lieux de départ et d'arrivée du « Vlaanderens mooiste », le Tour des Flandres. Les tentes VIP le long du circuit du Tour des Flandres constituent le point culminant pour l'horeca sur roues annuel. Pour Flanders Classics, Golazo Sports, mais aussi les agences d'événementiel telles que Panama Events, les courses de printemps en Flandre sont des périodes de vaches grasses. Notre savoir-faire belge est mis en valeur à l'étranger, que ce soit pour les prises de vue ou les technologies. Ainsi, l'agence belge Tapptic a travaillé cette année avec une application de RTS Sport (radio et télévision suisse) en vue du Tour de Romandie, avec des récits, un concours, etc.
Les Belges au top
Si on jette un œil à l'histoire de ce sport, la Belgique a toujours été un grand pays de cyclistes. En France, ASO Sports organise le Tour de France (mais aussi des courses telles que Paris-Nice, Paris-Roubaix, ou encore, entre autres, La Vuelta en Espagne, Liège-Bastogne-Liège et la Flèche wallonne en Belgique et le Tour de Californie aux États-Unis). Chez nous, Flanders Classics frappe fort au printemps (Circuit Het Nieuwsblad, Tour des Flandres, À travers les Flandres, Gand-Wevelgem, le Grand Prix de l'Escaut et la Flèche brabançonne). Golazo est actif dans divers domaines du sport, y compris le cyclisme. Ainsi, une collaboration a vu le jour entre Flanders Classics et les excursions cyclistes de loisir (la plus connue étant le Tour des Flandres pour touristes la veille de la course professionnelle).
Musées et cafés
Il n'y a pas que le cyclisme. Peu à peu, une « infrastructure » permanente s'est mise en place qui mise sur les cyclistes amateurs, les grands fans de courses ou les amoureux du vélo en général. Exemples : le Centre du Tour des Flandres à Audenarde et le musée du vélo Koers à Roulers. Bruxelles abritait jusque fin janvier 2019 le Velomuseum (dans l'attente d'un musée permanent ?), et, sans doute moins connus, des musées du vélo existent à Arlon (Musée du Cycle de Weyler), à Merendree (Gekke Fietsen Museum), à Snellegem (De Velodroom) et ) Zepperen (Fietsmuseum Leo Moors). L'horeca classique connaît des difficultés, les cafés-bars prennent en partie le dessus, et les cafés à thèmes poussent comme des champignons. C'est le cas des cafés-vélo, qui exploitent le concept « d'expérience utilisateur » de manière réfléchie. Une vingtaine de cafés-vélos existent déjà au Benelux. Dans les centres-villes, dans les musées (PelotonCafé à Audenarde et Koerskaffee à Roeselare), ou dans des locaux fixes, tels que Mur, non loin du lieu d'arrivée de la Flèche wallonne à Huy. Ces cafés entretiennent généralement de bonnes relations avec des clubs de cyclistes (ou sponsorisent des clubs), même si ceux qui aiment moins les courses sont également plus que bienvenus.
Tour de France à la belge
Être le lieu de départ d'une course célèbre est un rêve partagé par beaucoup de villes. Pour la deuxième fois, Bruxelles organise le Grand Départ du Tour de France. La première fois était en 1958, et cette date n'était pas un hasard, puisqu'il s'agissait de l'année de l'exposition universelle. 2019 n'est pas un hasard non plus : cette année marque les 50 ans de la première victoire sur cinq d'Eddy Merckx. Le Grand Départ est donc un grand hommage au meilleur coureur cycliste de tous les temps. Voilà pourquoi nous avons le plaisir de dédier à Eddy Merckx ce dossier entier consacré au vélo...