Le vlog est-il la nouvelle pub ?

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TotallyTwo 2La publicité traditionnelle appartient au passé. Partout dans le monde, les entreprises recherchent de nouvelles façons de mettre leurs produits sous le devant de la scène. Elles surfent aujourd’hui sur la vague des blogueurs vidéo, ou vlogueurs. Le vlog est-il, en Belgique aussi, la nouvelle publicité ?

 2017, une nouvelle année dont les réseaux sociaux seront indissociables. Une année qui verra les comptes Instagram se multiplier, et les blogueurs/vlogueurs continuer de publier consciencieusement articles et vidéos sur leur recettes, produits de beauté ou voyages préférés. Ce n’est donc pas un hasard que des agences mondiales misent sur des vlogueurs et autres ‘influenceurs’, comme le font les agences The Kube, Sound of C ou la nouvelle venue Native Nation.

PUB a parlé à Jo Thuys, managing director de Sound of C, qui organisait il y a peu la deuxième édition de Bloggers UTD. Nous explorons beaucoup nos intérêts en ligne, et ce fait n’échappe pas aux annonceurs. Au lieu d’investir dans des méthodes publicitaires traditionnelles, ils font de plus en plus appel à des online influencers : ces internautes populaires qui partagent chaque jour leur avis sur un sujet précis et qui, de cette manière, sont en contact étroit avec leur public cible. Avec l’avènement massif de la vidéo en ligne – pensez notamment à tous ces vlogueurs qui ont leur propre chaîne Youtube – les annonceurs ont voulu y mettre leur grain de sel. À moins que… ? « Dans notre pays, les online influencers sont majoritairement de simples blogueurs ou instagrameurs, » explique Jo Thuys. Cela est dû au fait que c’est souvent difficile pour les blogueurs de produire du contenu vidéo, faute de connaissances techniques. Pour faire une vidéo, il faut s’y connaître suffisamment en montage, scénario, etc. Cela reste problématique pour bon nombre de blogueurs. Pourtant, il voit du progrès dans le secteur touristique : « Nous voyons que les entreprises et les boites de production – qui, elles, disposent du know-how technique pour mettre une histoire en image – prennent des initiatives pour mettre sur pied du contenu vidéo. Il y a donc de nettes velléités vers le contenu vidéo, surtout parce que les autres pays sont déjà beaucoup plus avancés que nous. » Ce que l’on voit déjà, par contre, ce sont des blogueurs ou des influenceurs qui font de courts segments vidéos avec Instagram Stories. Reste à savoir si cela doit compter comme vidéo en ligne, car on ne peut pas véritablement y développer une histoire, c’est simplement Snapchat mais sur une autre plateforme, dans une version légèrement plus adulte. « Enfin, peut-être est-ce l’amorce d’un tournant vers davantage de vidéos en ligne. De plus, il ressort des réactions des online influencers qu’ils utilisent ce média activement, mais que, par ailleurs, ils ont des difficultés à créer une histoire bien ficelée. Or, un vlog de 18 minutes n’intéresse personne. Aujourd’hui, tout doit aller vite, sinon les gens arrêtent de regarder. Beaucoup de choses peuvent encore être améliorées, mais on est sur la bonne voie. »

Jo Thuys (Sound of C) : « Ce serait quand même mieux s’il y avait des codes déontologiques qui définissaient clairement ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, car à l’heure actuelle, la frontière entre information et divertissement est encore trop vague. »

Jo Thuys (Sound of C) : « Ce serait quand même mieux s’il y avait des codes déontologiques qui définissaient clairement ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, car à l’heure actuelle, la frontière entre information et divertissement est encore trop vague. »

Crédibilité

Pour l’instant, les annonceurs ne travaillent pas encore vraiment avec des vlogueurs, mais plutôt avec des instragrameurs et des blogueurs. Et pourquoi s’en priver ? « Les online influencers ont déjà une certaine audience et une certaine crédibilité conférée par leurs followers. Ces derniers supposent qu’ils écrivent de façon indépendante, de cette façon, les influenceurs fonctionnent un peu comme les médias traditionnels, poursuit Jo Thuys. De plus, passer par eux est souvent moins cher. Dans notre pays, les blogueurs travaillent encore pratiquement gratuitement, tout simplement parce que le marché de débouchés est encore trop petit. Bien sûr, ils reçoivent quelque chose en échange, comme des produits gratuits ou un voyage. Qui cracherait sur un petit voyage en Thaïlande tous frais payés ? Il n’est donc pas très difficile de les convaincre. »

Il n’existe pas encore de règles déontologiques et juridiques très claires pour les blogueurs. « Je ne suis bien évidemment pas juriste, mais en collaborant avec des influenceurs, on acquiert de l’expérience. Par exemple, j’ai pu constater que les blogueurs sont souvent libre de faire ce qu’ils veulent, tant qu’ils n’enfreignent pas les règles juridiques que tous les Belges sont tenus de respecter. » Ce n’est pas la même chose pour un journaliste, par exemple, car ce dernier a une carte de presse qui peut lui être retirée s’il enfreint certaines règles. Dans d’autres pays, les blogueurs commencent à s’organiser en associations qui appliquent leur propre code déontologique, mais dans ce domaine, en Belgique, nous sommes un peu à la traîne. « Pourtant, en général, les collaborations entre annonceurs et influenceurs se passent bien, juge Jo Thuys. Bien sûr, on se met d’accord préalablement sur ce que les blogueurs vont faire. Heureusement, ils s’y tiennent, sinon ce serait se tirer une balle dans le pied. Ce serait quand même mieux s’il y avait des codes déontologiques qui définissaient clairement ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, car à l’heure actuelle, la frontière entre information et divertissement est encore trop vague. » Par exemple, les blogueurs ne sont pas obligés d’indiquer, en dessous d’un post, s’il est sponsorisé ou non. Par conséquent, un lecteur ne peut pas distinguer si un client a payé pour le contenu ou s’il s’agit de la propre opinion de l’influenceur, ce qui, en fin de compte, peut porter préjudice à sa crédibilité et qui pourrait menacer l’ensemble du secteur.

 

Tatyana Beloy