Les baby-boomers en retraite anticipée

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Frères, - c'est ainsi que nous nous parlons dans ce groupe Whatsapp de pensionnés à l'essai. Tant que ce virus covid-19 colle à ma truelle, je reste chez moi. Ni les masques à poussière ni les gants de travail n'arrêteront ce Corona. Message reçu sur mon smatphone au début de ce lockdown. À peine quelques secondes plus tard, une réponse : les presses ferment ici, mes frères. Deux jours plus tard, ces frères se mettent courageusement en quarantaine pour le bien commun, une retraite anticipée ... Je lis entre les lignes.

Ni le ministre des pensions Bacquelaine ni ses prédécesseurs n'ont jamais eu l'idée audacieuse de la retraite anticipée. Un passage progressif du travail à la retraite. Plus de trou noir. Qu'est-ce que Bacquelaine attend ? Il trouvera sans doute sa place dans les livres d'histoire aux côtés d'Otto von Bismarck, qui a introduit le système de pension légale en Prusse à la fin du XIXe siècle.

Nous pourrions apprendre beaucoup de ces premières semaines de quarantaine. Que le travail à domicile peut être à la fois une bénédiction et une malédiction. Plus d'embouteillages ni de trains surchargés qui arrivent en retard ou pas du tout. D'autre part, nous devons nous-mêmes touiller dans nos casseroles, tous les jours, parce que le restaurant de l'entreprise ne fait pas de livraison et que les enfants ne peuvent plus manger à l'école. Les scientifiques ont dû perdre de vue le fait que nous devons aller encore au supermarché où les chariots sont remplis de ces dangereux Covid-19. Pourtant, notre gouvernement est loué jusque dans le Financial Times pour sa politique vigoureuse. Nous ne sommes pas habitués à autant d'éloges ici en Belgique.

Mais nous avons appris encore plus. Que nos maisons et leur ameublement ne sont pas adaptés à ces mesures de quarantaine drastiques. Je ne suis pas le seul à avoir maintenant des problèmes à la nuque à force de rester assis à la table de la cuisine derrière mon ordinateur portable durant des heures. Où est ce service de contrôle qui a veillé à ce que je dispose de deux écrans à hauteur des yeux sur mon lieu de travail, d'un siège de bureau ergonomique et d'une table qui peut s'élever ou s'abaisser en appuyant sur un bouton ? Si je veux un peu de variété, je devrai faire la vaisselle ou passer l'aspirateur, car même l'aide ménagère ne viendra pas. Entre-temps, mes mains ont été à nouveau désinfectées. D'une pierre deux coups.

Plus tard, les baby-boomers qui travaillent encore aujourd'hui demanderont à pouvoir continuer pendant un certain temps. Essayer la retraite n'est pas ce qu'on attendait d'eux après tout.

Ceux qui, comme ces deux frères de mon groupe WhatsApp, n'ont plus reçu de missions de leur patron, doivent s'habituer à cet océan de temps qu'il faut maintenant remplir "de manière significative". Ce n'est pas une sinécure. Tondre la pelouse, ratisser le jardin, désherber les mauvaises herbes qui ne sont pas encore là, se mettre en terrasse et se promener dans le parc de la ville les mains dans le dos pour changer. S'il vous reste encore du temps, vous pouvez aller dire bonjour à vos parents très âgés qui sont assis en toute sécurité derrière la vitre du centre de soins résidentiel. Pour l'instant, il s'agit d'une démarche essentielle. Les petits-enfants, à leur tour, viennent parfois chez vous pour vous saluer. Et avant de vous endormir sur le canapé devant la télévision le soir d'une nouvelle journée bien remplie, vous pouvez applaudir par la fenêtre à huit heures pendant une minute de plus jusqu'à ce que vos bras et vos mains vous fassent mal. En secret, tout le monde espère rester en dehors des soins de cette manière. Ça ne fait pas mal, certainement pas. Que vous deviez à chaque fois rater l'intro de Ter Zake à cause de cela, vous apprenez aussi à vivre avec. Dites  Kathleen Cools, est-ce vraiment trop demander que d'attendre une minute que nous soyons tous assis avec nos boissons devant la TV ?

Mais ce n'est pas tout, pendant ce confinement, les frères et leurs confrères apprennent à joindre les deux bouts avec un salaire qui correspond plus ou moins à la maigre pension qui les attend dans quelques années. Le fait que l'industrie hôtelière et une grande partie des magasins ferment maintenant aussi est peut-être mieux pour eux. Sans grand effort, ils iront en enfer. À moins que, dans l'intervalle, ils n'aient également lié leur carte de crédit à Bol, Coolblue, Amazon ou Alibaba, qui ont pu acquérir sans problème un tout nouveau segment de clientèle. Ce sera toujours l'un des seuls secteurs dans lesquels ils n'ont pas encore demandé de rémunération de transition, à moins que Wouter Torfs, avec son appel "Achetez belge en ligne", n'ait entre-temps réussi à réduire leur chiffre d'affaires.

Mais il y a peut-être un effet secondaire involontaire dans le régime de retraite anticipée qui pourrait nous être utile à l'avenir. Bientôt, les baby-boomers qui sont encore au travail aujourd'hui demanderont à leur employeur de continuer pendant un certain temps (doordoen)*, maintenant qu'essayer la retraite n'est pas ce qu'on attendait d'eux après tout. Peut-être veulent-ils le faire un peu plus calmement afin qu’ils puissent trouver du temps pour leurs parents âgés et leurs petits-enfants et qu’ils puissent s’attaquer à l’emploi à partir de là. D'un seul coup, la menace de pénurie de main-d'œuvre dont l'ancien directeur adjoint du VDAB, Fons Leroy, essayait de nous mettre en garde depuis des décennies, a également été résolue. Serait-ce là le vrai visage du virus chinois ?

Filip Lemaitre

* Le "doordoener" est l'une des 20 SILVER TRENDS pour 2020 décrites dans ce whitepaper. Une tendance que nous voyons émerger chez les baby-boomers. Si vous êtes intéressé par ce whitepaper, veuillez envoyer un mail à info@bureau50.be et Bureau50 se fera un plaisir de vous le faire parvenir. 

Filip Lemaitre, Founder/Partner Bureau50.