Magazines & success stories

Articles traduits

La publicité digitale comme supposé Saint Graal, des lecteurs de plus en plus stimulés en ligne, le télétravail comme nouvelle norme et de moins en moins de points de vente pour les articles de presse : comment se portent les éditeurs de magazines en ces temps étranges ? PUB a rendu visite à dix magazinemakers pour savoir comment ils tentent de surprendre leurs lecteurs et leurs annonceurs à chaque nouveau numéro. - Evy Van Ruyskensvelde (NL) et Marine Dehossay (FR)

 

Les Flamands et les coureurs sont fans de Bahamontes

Il faut sentir le papier, son odeur, le toucher, et c'est aussi ce que fait un lecteur de Bahamontes quand il met la main sur le magazine - selon le rédacteur en chef Jonas Heyerick. Bahamontes ? C'est un magazine (+spécial) quatre fois par an qui parle des courses du passé et du présent. Bien qu'il existe également un site web de soutien, le rédacteur en chef souligne la priorité du magazine papier. "Les histoires se lisent mieux sur le papier, et c'est ce que nous préférons," dit-il. Bahamontes, qui compte au moins 148 pages d'épaisseur, est donc imprimé sur du papier de qualité, avec une attention particulière pour les bons textes et la photographie : "Le fan de vélo est plutôt nostalgique, et nous le remarquons aussi : les copies ne sont pas jetées, mais finissent sur la table basse ou dans la bibliothèque. De plus, il n'y a pas d'autres magazines en Belgique qui publient notre genre d'histoires. Je pense que cela explique son succès. Aujourd'hui, le magazine s'est vendu entre 9 000 et 10 500 exemplaires, par ventes individuelles et abonnements. Nous n'aurions jamais osé rêver de cela il y a sept ans. À l'avenir, nous espérons dépasser régulièrement les 10 000 ; ce serait vraiment fantastique. Nous nous tournons donc également vers les Pays-Bas, car nous pensons qu'il y a aussi des gens qui aiment le vélo et qui sont un peu jaloux de la façon dont nous, les Flamands, considérons la course."

Bruzz, in touch avec le Brusselair

Avec parfois jusqu'à 500.000 utilisateurs uniques par mois sur son site web, Bruzz, depuis cinq ans la référence (gratuite) pour l'actualité bruxelloise, est en position de force. Mais Bruzz est bien plus qu'un site web. "Bruzz est aussi le nom d'une chaîne de télévision, d'une station de radio et d'un magazine. Le site est - outre un lieu pour toute l'actualité bruxelloise (la fast news) - également l'entrée (hub) pour tous nos autres médias. Via le site web, vous pouvez suivre notre chaîne de radio et de télévision en direct et lire le magazine en version digitale," explique Ineke Le Compte, directrice commerciale de Bruzz. Mais bien qu'il y ait une forte politique de priorité au digital, le magazine papier se porte également très bien. "Nous pensons que la marque ombrelle Bruzz est également le moteur de notre média imprimé. Il y a un afflux de nouveaux abonnés à Bruzz Magazine, des gens qui veulent aussi recevoir le magazine chez eux, et en général nous sommes jusqu'à 115 000 lecteurs uniques par mois. Ces chiffres sont en hausse. Un succès qui s'explique aussi par notre proposition : Bruzz Magazine est un magazine agréable, plein d'histoires fortes sur Bruxelles et ses habitants. De plus, nous ciblons également la population bruxelloise au sens large en français et en anglais, notamment en ce qui concerne notre couverture culturelle." L'ambition pour les années à venir ? "Etre encore plus présent dans la ville depuis les lieux de travail ou les cafés, par exemple, afin que nos journalistes soient encore plus impliqués dans la vie quotidienne de la ville. Nous visons une relation encore plus étroite et plus loyale avec nos utilisateurs."

Trends Style, celui qui prend le pouls

Trends Style est publié dix fois par an et indique de manière créative aux lecteurs de Trends "the next big things to do, to wear and to have". C'est un titre relativement jeune : les premières données du CIM pour le magazine datent de 2016-2017. "Le nombre de lecteurs de la version imprimée est régulièrement de l'ordre de 125 000," déclare le rédacteur en chef Ben Herremans. "Ce qui est remarquable pour un magazine imprimé, c'est que Trends Style touche un public très instruit et relativement jeune : 43% des lecteurs ont moins de 35 ans." Si l'information imprimée fonctionne encore, selon Ben Herremans, c'est parce que nous associons la lecture sur papier à du temps de qualité. "Et cette perception correspond parfaitement au contenu de Trends Style : luxe et quality time sont les mots clés du magazine. Et ne sous-estimez pas l'effet des stimuli sensoriels de la presse écrite. Les magazines peuvent être touchés, ressentis, voire même sentis - l'impression est une émotion. Cela augmente l'impact du message." Plus encore, il ajoute : "Nous assistons à une renaissance des produits imprimés. Les nombreux emplois à domicile ont généré un besoin et du temps pour l'interprétation et la détente.” Le rédacteur en chef est donc convaincu que Trends Style continuera à générer des ventes supplémentaires pour les éditions concernées de Trends : "Le magazine se développe en même temps que l'ambitieux plan "Change The Game" du magazine mère : Trends. Avec deux nouveaux thèmes, l'art et l'immobilier, nous répondons aux intérêts et au mode de vie de nos lecteurs. Grâce à ces questions supplémentaires, nous pouvons les rencontrer encore plus souvent et, en même temps, couvrir un éventail lifestyle encore plus large. Et parce que la qualité est essentielle dans ce segment huppé, nous examinons constamment la manière dont nous présentons notre contenu. Trends Style évolue, le doigt sur le pouls (et une belle montre au poignet)."

Modelspoormagazine sur la bonne voie

Modelspoormagazine est le seul magazine belge destiné aux amateurs de modélisme ferroviaire : des personnes - presque exclusivement des hommes - qui construisent ou collectionnent des trains et des chemins de fer miniatures, par passion. "Il y a un besoin évident de magazine physique, une tendance que l'on retrouve également dans notre secteur chez la plupart de nos concurrents," explique Guy Van Meroye, rédacteur en chef. "Modelspoormagazine est plus qu'un simple magazine mensuel imprimé, c'est une grande banque de questions pour l'amateur de modélisme ferroviaire : le magazine est conservé et utilisé comme un livre de référence par la majorité de ses lecteurs." Bien que le passe-temps du modélisme ferroviaire connaisse un certain vieillissement, le magazine tient bon. "En raison de la nature du hobby et de ses praticiens, il y aura toujours une demande pour un magazine physique. Avec toutes sortes de campagnes, nous nous efforçons d'augmenter le nombre d'abonnés et ainsi de contourner en partie la distribution parfois boiteuse, sur laquelle nous n'avons que peu ou pas de contrôle. Les lecteurs qui abandonnent pour cause de décès ou de vieillesse sont suivis par de nouveaux lecteurs qui découvrent et redécouvrent ce hobby. Le Corona et le lockdown ont fait comprendre à beaucoup de gens que le modélisme ferroviaire est une activité d'intérieur formidable où l'on peut utiliser sa créativité. Nous sommes donc convaincus que nous avons un bel avenir devant nous."

Libelle se fait des amis

2020 a été une bonne année pour le magazine féminin Libelle. C'est ce que confirme Nele Baeyens, directrice du marketing et des innovations de la marque digitale chez Roularta. Malgré un marché du magazine en déclin général, le magazine a plus que tenu bon, avec même une légère augmentation des ventes totales. "Nous convertissons des lecteurs fidèles en abonnés, mais nous tenons aussi bien la route dans les ventes de numéros uniques". Selon Nele Baeyens, le fait que Libelle ait été un incontournable depuis des années est dû au lien fort qui existe entre la rédaction et ses lecteurs : "Il y a une véritable communauté derrière Libelle. Les lecteurs écrivent des lettres à la rédaction, sont présents sur notre plateforme d'amis Libelle Vriendinnen.... Pour eux, nous sommes ce seul ami à qui ils peuvent parler de leur vie quotidienne et qui leur donne de l'énergie et de l'inspiration". Ce sentiment communautaire, combiné au contenu inspirant que le magazine apporte, garantit que Libelle respire la qualité et la fiabilité auprès de ses lecteurs : "De plus, la crise a poussé tout le monde, encore plus que d'habitude, à chercher l'inspiration autour de la maison et du jardin." En 2021, le magazine espère se développer un peu plus, également en nombre d'abonnés :  "C'est pourquoi nous voulons nous concentrer encore plus sur le lien émotionnel avec nos lecteurs et continuer à développer notre communauté. Nous voulons également renforcer l'histoire positive du print, qui donne encore un sentiment de layed-back. Et avec la nouvelle application Roularta qui sortira bientôt, nos lecteurs pourront également lire le magazine de manière digitale plus agréable et découvrir nos autres titres (Libelle Lekker, Flair, Knack,...).”