Mort aux RP !

Communication / News

trust me« PR is dead ». Le titre du livre écrit par Robert Phillips après 25 ans passés à la tête d'une grosse agence de relations publiques du Royaume-Uni laisse songeur, surtout que l’industrie a grimpé de 7% en 2014 d’après le rapport mondial Holmes et ICCO. De fait, l’ancien CEO d’Elderman ne remet pas en cause la présence des RP, mais bien leur modèle qu’il juge révolu, notamment avec l’émergence des médias actuels. La révolution digitale rend la transparence telle, qu’il est désormais quasiment impossible pour une entreprise de dissimuler un quelconque scandale sans en payer les pots cassés. « Inventer, manipuler, dissimuler des histoires nous l’avons fait », dévoile-t-il. Par exemple, voici déjà 20 ans, il a proposé à un éditeur de financer une étude, lequel lui a répondu : « Rien à f**** de l’étude, inventez-la et on l’imprimera quand même !» Ces méthodes qui passaient comme une lettre à la poste sont désormais devenues difficiles, et tendent à détériorer une confiance envers les agences RP qui s’avère déjà presque inexistante. Thomas Cook en a fait récemment les frais, avec la remontée à la surface d’un fait de 2006 à l’issue duquel deux enfants sont décédés. Notre interlocuteur a entendu dire récemment par une personne du milieu que l’agence de voyage aurait simplement dû engager un meilleur RP pour étouffer l’affaire : « Cette remarque est d’une débilité absolue, Thomas Cook aurait dû au contraire dire simplement la vérité depuis le début. C’est justement ce qu’on attend des RP et le problème central ! » Et d’en remettre une couche : « Les RP sont bien la cause du problème de confiance, et absolument pas la solution contrairement à ce qu’ils prétendent. Aujourd’hui, quel que soit le secteur, vous êtes plus susceptibles d'avoir la réputation que vous méritez, plutôt que la réputation que vous peignez. »

« Le digital a été piraté par les RP »

Bien au-delà des RP et de la communication, Robert Phillips dissèque la société, la politique, les affaires et l'économie actuelle dans son livre, et explique que les élites vivent dans le déni. Quant à la question d’un changement radical due à la désormais quasi-transparence de tous les secteurs, il déclare : « Oui et non. D’un côté, on le voit avec Assange ou Snowden, la transparence est bien plus présente. Mais il ne faut pas sous-estimer la toute-puissance des institutions… Pour avoir un vrai changement, il faudrait de la stabilité dans le long terme, chose quasiment impossible avec des turnovers de présidents et CEO tous les quatre ou cinq ans. Le capitalisme ne va pas mourir, mais il faut évoluer vers un modèle impliquant plus les citoyens. »
Robert Phillips conclut en confirmant que la révolution du digital est à double tranchant dans beaucoup de secteurs. Même la publication du livre de 336 pages financé par du crowdfunding en a souffert : « Amazon l’a retardé d’une semaine car ils n’étaient pas prêts… Ils sont centrés consommateurs, mais le revers de la médaille, c’est qu’ils contrôlent l’industrie complète. »
Comme quoi, d’autres secteurs que celui des relations publiques se retrouvent totalement bouleversés par l’explosion digitale…