« Nous ne sommes pas des vedettes, mais des journalistes »
L’un a écrit l’histoire sur papier, l’autre conquiert des sommets sur internet. Luc, le père, et Mick, le fils, ont été choisis pour être découverts. Concurrents par le passé, ils sont désormais liés comme les doigts de la main.
Luc Van Loon a fait ses premiers pas professionnels en 1965 comme journaliste sportif chez Het Nieuwsblad. Après la faillite du groupe De Standaard, il se retrouve à la rédaction sportive de Het Belang van Limburg. Ce Campinois d’origine s’y épanouit et en devient le rédacteur en chef en 1985. Cinq ans plus tard, il retourne à ce qui allait ensuite devenir la Vlaamse Uitgeversmaatschappij (Corelio depuis 2006, ndlr) où il dirige la rédaction d’Anvers jusqu’en 1996. Lors de la fusion entre la Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg, Luc Van Loon pose ses valises chez Concentra. D’abord, en tant que rédacteur en chef de la Gazet van Antwerpen, et ensuite en tant que directeur des deux rédactions. À la fin de sa carrière, ce vieux loup de mer passe par De Persgroep et Het Laatste Nieuws, où il retrouve les rédacteurs en chef Paul Daenen et Jaak Smeets qu’il avait lui-même engagés à Het Belang van Limburg. « Toutes ces années, je n’étais pratiquement jamais chez moi. Je travaillais tout le temps, presque jour et nuit. Je n’avais que peu de temps à consacrer à ma famille. Je me rappelle à peine de l’enfance de mon fils, Mick. »
Breaking news
Ce n’est pas vraiment une surprise quand le fils marche dans les pas de son père. « Je n’ai jamais douté que je serai un jour journaliste, c’était écrit, » raconte Mick. « Ma mère a tout fait pour l’éviter. » Il écrit quelques papiers sur la musique pour Het Belang van Limburg et a un job d’étudiant à la rédaction de Het Nieuwsblad, sous l’aile de son propre père. Mick n’en démord pas et fait son petit bonhomme de chemin de rédacteur en chef régional jusqu’à devenir le grand rédacteur en chef. Quatorze en plus tard, l’heure est venue d’opérer un tournant dans sa carrière. Avec Wouter Verschelden et Patrick Van Waeyenberge, le quarantenaire fait naître Newsmonkey, un site gratuit d’actualité qui propose un mélange d’actualité populaire et de reportages écrits, à destination des réseaux sociaux. Avec leurs breaking news, leurs scoops, leurs classements de popularité et de très bonnes vidéos, le trio atteint chaque mois plus d’un million et demi de visiteurs.
Une grande sagesse
Quelles sont les caractéristiques du journalisme actuel ?
Mick Van Loon : « Au début de ma carrière, mon père m’a dit qu’en tant que journaliste, on est d’un certain côté de l’histoire. J’ai toujours gardé en tête cette phrase d’une grande sagesse. C’est pourquoi je ne participe par exemple jamais à des débats télévisés ou radiophoniques. Et je m’agace toujours de voir des journalistes et des rédacteurs en chef se croire ô combien importants. »
Luc Van Loon : « Nous ne sommes pas des vedettes, nous sommes journalistes. C’est ça qui compte. »
Un coup de fil furieux
Vous entendez-vous bien ou est-ce que cela explose parfois ?
Luc : « Quand Mick était rédacteur en chef de Het Laatste Nieuws et moi de la Gazet van Antwerpen, nous étions en compétition directe. À cette époque, les deux journaux étaient de féroces concurrents. Sur le plan professionnel, nous avions un pacte, Mick et moi. »
Mick : « Un jour, je n’ai pas respecté les règles. Papa m’a appelé, il était furieux. Croyez-moi, j’ai passé un sale quart d’heure. »
Luc : « Ma secrétaire a entendu ce coup de téléphone. Elle était très mal à l’aise et pensait que nous ne nous reparlerions plus jamais. En fait, j’avais juste besoin de me défouler, de lui dire le fond de ma pensée, et puis on en parlerait plus. Je me suis toujours bien entendu avec mon fils. »
Se serrer la ceinture
Qu’est-ce qu’un bon rédacteur en chef ?
Mick : « Les temps ont changé. Aujourd’hui, il y a des rédacteurs en chef qui n’ont jamais été journalistes, c’est vraiment regrettable. Pour moi, un rédacteur en chef, c’est avant tout un excellent journaliste qui connaît bien les ficelles du métier. Je ne vois pas comment on peut améliorer la qualité du journalisme en confiant les rênes à des rédacteurs en chef avec des business plans et ce genre de chose. »
Luc : « C’est lié à l’évolution du média. J’ai connu une époque où les journaux engendraient encore énormément d’argent et où les rédacteurs en chef écumaient les réceptions. Lorsque les affaires ont commencé à être moins bonnes, il a fallu se serrer la ceinture. Tout à coup, les rédacteurs en chef sont devenus des managers. »
Une main de fer
Avez-vous tous deux la même approche ?
Luc : « J’ai la réputation d’être dur, Mick est plus doux que moi. »
Mick : « Ce qui est logique, puisque les temps ont changé. Avant, il fallait une approche dure, aujourd’hui, les gens raisonnent différemment. À plus forte raison dans un environnement online, comme chez Newsmonkey, où on est entouré de gens très jeunes. »
Luc : « En tant que rédacteur en chef, j’ai vécu des situations de crise plus d’une fois. Il faut savoir réagir avec une main de fer. J’ai aussi vécu bon nombre de disputes et des conflits avec des directions et des rédactions. Cela a été enrichissant psychologiquement, je peux m’adapter rapidement et aisément à la tournure des choses. »
De bons maîtres
Que partagez-vous ?
Luc : « Le rôle des médias et du journalisme nous tient à cœur. Nous suivons tous deux la situation de près et nous en parlons souvent. »
Mick : « Et de plus en plus. Avant, il n’y avait pas grand chose à dire sur ce rôle. Mon père m’a appris qu’il fallait être critique face à ce qu’il se passe. Je l’écoute toujours et j’essaie d’appliquer ses remarques de façon pragmatique. J’ai appris les rouages du métier de très bons maîtres, et de mon père en premier lieu. J’ai également beaucoup appris de Marc Helsen et Eric De Keyzer, deux journalistes incroyables qui m’ont donné beaucoup d’opportunités. »
Tout un tas de banalités
Vous échangez-vous toujours des conseils avisés ?
Luc : « Pas vraiment. Cela fait maintenant huit ans que je suis retraité. Je ne connais plus le monde médiatique actuel. Tout a beaucoup changé, surtout au niveau du contenu. Le travail ne cesse de s’intensifier. À l’époque où j’écrivais encore des papiers, un journaliste qui travaillait dur écrivait un article par jour et tout le monde était en admiration. Aujourd’hui, un journaliste de Newsmonkey, par exemple, écrit cinq à six articles chaque jour. C’est dingue ! Mon mentor était l’ancien journaliste sportif Joris Jacobs. Il insistait toujours sur le contenu. Les articles devaient être bien écrits et entrer dans les détails, la vitesse n’entrait pas en ligne de compte. Aujourd’hui, c’est l’inverse et je n’aime pas ça. Résultat des courses : il y a désormais énormément d’articles négligés et pleins de fautes de langue. Pourtant le lecteur ne semble pas s’en offusquer, et encore moins la jeune génération. »
Mick : « On assiste en effet à un appauvrissement du journalisme. Vous pouvez lire tout un tas de banalités, les articles sont aujourd’hui très superficiels et bien moins critiques que par le passé. Le sensationnalisme a la cote. Le showbizz fait la une, tandis que les articles pertinents sur les affaires étrangères et les enquêtes sont relégués au second plan. »
Faire la différence
Newsmonkey annonce-t-il une nouvelle époque du journalisme ?
Mick : « Je pense que oui. Newsmonkey présente une offre d’actualité pour la génération Y où la relation entre le journaliste et son lecteur tient une place centrale. Nous voulons absolument écrire des articles qui font la différence. »
Luc : « Ils y arrivent mieux que les journaux populaires. Newsmonkey concilie d’une part des sujets légers et d’autre part, des articles qui vont plus loin. Des items que l’on ne trouve pas dans d’autres médias. Aujourd’hui, on ne parle plus que des ‘vedettes’, comme si tout tournait autour des stars et du sport. C’est bien pour les chiffres de vente, mais pour un vrai journaliste, c’est difficile. »
Réaliser ses ambitions
Y a-t-il des traits de famille ?
Mick : « Sans aucun doute, l’ambition ! Aussi bien sur le plan professionnel que dans la vie quotidienne. En outre, mon père et moi avons une fascination sans borne pour ce qui se passe dans le monde. C’est pour cela que je voyage partout, je veux voir les choses de mes propres yeux. »
Luc : « Je reste mordu par l’actualité. Même si je n’en fais plus rien, je la suis avec attention. Pour être honnête, je suis un peu jaloux des voyages de Mick. À son âge, je partais en Espagne ou en Italie, à l’époque c’était déjà quelque chose ! J’espère de tout cœur que mon fils parviendra à réaliser ses ambitions, comme j’ai pu le faire. Joris Jacobs avait raison, l’ambition c’est bien, disait-il, mais la famille, proche ou étendue, c’est le principal. Il n’y a rien de plus vrai. Plus vous vieillissez, plus vous vous en rendez compte. Au final, la carrière que l’on fait est somme toute relative, je n’ai pas besoin que l’on me le rappelle et j’en suis reconnaissant. »
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