25 ans, quel bel âge
25 ans, quel bel âge. L’âge de toutes les insouciances et de toutes les légèretés. L’âge d’une jeunesse qu’on n’imagine pas autre qu’éternelle. L’âge où gaspiller le temps n’a aucune importance. L’âge où tout est possible, où on a tout l’avenir devant soi….
Mais quand on a 25 ans aujourd’hui, on fait comment pour se projeter dans l’avenir? Comment passer entre les gouttes du catastrophisme ambiant? On nous explique que tous les équilibres géopolitiques sur lesquels nos modes de vies pacifiques sont fondés pourraient être mis en brèche par quelques énergumènes sur lesquels on a aucun contrôle. On nous prévoit une cohabitation incertaine avec de méchants virus encore inconnus à ce jour, on nous prépare à une crise énergétique et économique sans précédent … et par-dessus tout, on nous annonce la mort programmée de notre planète. Avouons qu’il faut avoir les épaules biens solides et être très bien ancré pour ne pas laisser son mental s’emballer et nous bloquer.
Quand j’avais 20 ans, le mur de Berlin n’était pas tombé, un des réacteurs de Tchernobyl venait d’exploser et on sortait tout juste d’une longue période de récession économique. Ok, il n’y avait pas les réseaux sociaux pour favoriser la diffusion d’un climat anxiogène. Pour autant, il fallait être bien ancré aussi pour se projeter dans l’avenir. So what? On dit aux ‘jeunes’ que, pour nous aussi ça n’a pas été simple et que, pourtant, ‘on y est arrivé'? Sans vouloir me prendre pour Cyrano de Bergerac, il me semble que c’est un peu court jeune homme et qu’ on pouvait dire bien d’autres choses en somme.
So what, on fait quoi alors? Et si on transmettait? Pas notre savoir ou notre savoir-faire mais nos expériences, bonnes ou mauvaises, nos passions, nos valeurs, ce qui a fait que nous sommes là où nous sommes, que nous exerçons ce métier et pourquoi nous aimons tant le monde de la publicité et des médias.
La transmission oriente nos vies, elle nous lie les uns aux autres, de génération en génération. Elle participe d’une volonté de co-construction. Transmettre avec l’intention de créer de la nouveauté, pas dans le but de reproduire l’existant. Autoriser la transgression si elle suscite la nouveauté, la création. Mais la transmission suppose aussi et surtout une autorité reconnue et elle ne ‘fonctionne’ que s’il y a des transmetteurs convaincus.
Mais ce n’est pas simple d’être un transmetteur convaincu et convaincant, surtout quand l’âge apparaît de moins en moins comme une source de sagesse, de légitimité et que les jeunes ne reconnaissent pas nécessairement les adultes comme détenteurs de savoirs et d’expérience incontestés, notamment parce qu’il en savent parfois beaucoup plus que leurs aînés dans certains domaines.
Mais la crise de la transmission vient aussi et surtout du fait que notre monde est difficile à aimer. Mais nous qui aimons notre métier, qui aimons ce secteur dynamique, créatif chargé en émotions qui est le nôtre, notre devoir n’est-il justement pas de transmettre cette passion?
On dit qu’il n’y a d’humanité que par la transmission et que nous sommes tous des produits de cette dernière. Et bien transmettons, transmettons la passion de notre métier, sans relâche et sans limite. Partageons nos valeurs, nos émotions. Participons à cette chaîne de transmission entre générations et offrons, à notre manière, un monde meilleur à nos successeurs.
Transmettons, transmettons allègrement
Denis Rochat, Market Leader, Nielsen