Ad Stickers Ad Blockers, même combat !

 

Agnès Maqua – Avocat Associé @Koan Legal Strategies

Il n’y a pas si longtemps les premiers utilisateurs de stickers anti-pub apposés sur leurs boites aux lettres étaient regardés comme des « asociaux », des « anti-consuméristes ». Aujourd’hui, rares sont les boites aux lettres non protégées par un autocollant barrant l’accès à toute publicité et le logo est encadré par un décret.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, pourquoi s’étonner aujourd’hui du développement des logiciels anti-pub et de leur succès auprès du public ? Nous-mêmes, qui en vivons, ne sommes-nous pas agacés par les intrusions et la saturation publicitaires de nos écrans ? Comme nos boîtes aux lettres hier, nos écrans ne sont-ils pas eux-totalement saturés de documents publicitaires non désirés ?

Les adblockers sont les versions digitales des stickers anti-pub. Légitimes ou pas, ils traduisent un rejet croissant. Ils apparaissent comme des protecteurs du consommateur, freinent un encombrement irritant et répondent aux inquiétudes légitimes quant à l’usage non sollicité des données personnelles et au respect de la vie privée.

Plutôt que de redoubler d’imagination pour bloquer les bloqueurs de pub, les acteurs du marché ne devraient-ils pas rencontrer les attentes du public, diminuer la pression publicitaire et utiliser les données personnelles à meilleur escient et avec les consentements exprès et éclairés ?

La poste suisse vient de lancer une campagne publicitaire proposant aux helvètes de définir et limiter les offres postales à la demande. Les consommateurs intéressés peuvent ainsi s’inscrire sur le site du service public suisse, y sélectionner les entreprises qui les intéressent et dont ils pourront recevoir les publicités.

Si les medias audiovisuels historiques, la télévision et la radio notamment sont épargnées de ce débat, n’est-ce pas parce que le cadre réglementaire qui les gouverne depuis bientôt 30 ans limite le temps publicitaire ? Les directives européennes ont joué un rôle essentiel en créant un écosystème équilibré, acceptable et efficace pour les media, les annonceurs et les consommateurs.

C’est dans l’équilibre du rapport « pub/contenus » que l’industrie évitera le rejet. Et c’est notre rôle d’acteurs responsables de créer les environnements de communication de qualité. Moins de publicité, mieux adressée, gérée d’emblée par des éditeurs responsable pour leurs contenus de qualité n’est-elle pas la réponse la plus adéquate ? n’est-il pas temps, sans attendre l’entrée en vigueur du règlement, que le marché prenne des initiatives qui restaurent l’engouement des consommateurs pour ses medias ?