Digital first. Vidéo first. Experience first. Le véritable enjeu du Métavers

Absolument personne ne sait si le Métavers de Meta est une vaste fumisterie qui échouera comme a sombré Second Life, et n'est destiné qu'à détourner l'attention des déboires de Facebook; ou si Disney, qui vient de nommer un directeur du Métaverse, ou les Coréens du Sud qui investissent des milliards dans le projet, ont au contraire raison de parier sur ce rêve d'ingénieur.

Futur marché global ? Zone d'opportunité sur certaines cibles geek et certains genres (la musique, le porno..) ? Projet en chambre qui oublie à quel points les contraintes insupportables de la VR d'une part, les besoins de liens sociaux révélés par le confinement d'autre part, rendent utopiques cette virtualisation du monde dont le film Ready Player One a révélé d'avance la perversion sociale profonde ? 

Personne ne le sait, et il y a loin de la coupe aux lèvres. Une seule chose est certaine, et qui est l'enjeu profond de ce grand débat : nous allons vivre une nouvelle mutation digitale, après celles que nous avons déjà connues du "digital first" (2010) et de la "video first" (2015): désormais il faut nous préparer à l' "experience first" (2020). L'immersion globale de l'utilisateur dans un univers sensoriel aura plusieurs caractéristiques claires : elle continuera à privilégier parmi les 5 sens la vue et l'ouïe, mais les concernera tous en mobilisant d'avantage le sens commun qui les relie. Elle créera un continuum entre réalité et virtuel qui posera des problèmes psychologiques et sociaux tout en libérant l'expérience des contraintes physiques. Elle fera de la narration une clé plus puissante que la captation de l'attention. Elle devra se libérer des exosquelettes et appareillages technologiques divers pour s'imposer. 

L'expérience globale concernera tous nos médias, avec ou sans le Métavers. 

 

 

 

Emmanuel Tourpe 

Directeur général @ LN24 & IPM Audiovisual