Faute avouée..  

J’avoue. Oui j’ai cédé à la tentation.

A l’invitation de rédiger un billet pour PUB, mon agenda chargé m’a poussé à prendre une décision dont je ne suis pas très fier : confier cette mission à ChatGPT.

Ben oui, il n’y a pas de raisons, tout le monde le fait. Oui oui, même toi ami lecteur.

Bref me voici lancé dans la rédaction d’un « prompt » très académique où je donne à mon intelligent complice artificiel, un rôle, un contexte, une direction. Je m’applique.

J’attends de lui une prose inspirante dont le thème serait « Quand la radio rencontre l’IA. Harmonie de l’humain et du numérique ».

J’espère une sorte de fulgurance intellectuelle, dont je tirerais l’admiration non méritée de mon lectorat du jour.

Fébrile, j’observe le curseur clignotant de mon écran … «generating» me dit-on.

Le texte apparait enfin, long, fluide, structuré. Je le parcours en diagonale persuadé de détenir là l’avenir de la radio pour les décennies à venir. 

Dès la première phrase, une référence (oui j’avais demandé à mon complice digital de ponctuer mon texte de repères musicaux) : «La radio, c’est un ami qui vous parle » – comme le chantait Charles Aznavour, et il avait raison ! » ..

Ah bon ? Il a chanté ça Charles ? Quelle aubaine et quelle meilleure entrée en matière !

Il faut que je vérifie… Dans quelle chanson, dans quel contexte ? Quel visionnaire il était, et quel veinard je suis !

Eh bien, je cherche encore, pas une once de bribe de fifrelin radiophonique dans les paroles de l’auteur de la Bohème.

Je me résous à la dure réalité, l’intelligence artificielle m’a eu à mon propre jeu.

Smile, you’ve been chatgpted.

J’efface la totalité du texte, il en va de ma crédibilité. Fin de l’anecdote et retour à la bonne vieille rédaction analogique.

Mais le sujet me tient à cœur. Quand on est passionné de radio, qu’elle rythme vos journées, vous accompagne depuis tellement d’années, faut-il craindre l’arrivée d’une technologie révolutionnaire ? Risque-t-on un jour d’entendre « GPT killed the radio star » ? Facile pourtant d’imaginer un futur très proche, où les algorithmes se chargeraient de créer le contenu, le ponctueraient de flashs info récités par une voix de synthèse, adapteraient la programmation musicale en fonction de l’actualité ou du temps qu’il fait.

Qu’il est tentant d’être pionnier et de moderniser un média plus que centenaire (1906..) par une technologie qui repousse les limites du possible.

Vous savez, ce fameux « si je le fais pas, d’autres le feront à ma place ».

A l’heure des menaces réelles ou fantasmées d’un avenir où 80% de nos précieux métiers seraient tous « AI-remplaçables », je me pose la question de l’humain, de l’expérience, de l’interaction, de la présence réelle… Pour moi, les seuls remparts nous séparant d’un monde transformé dont nous ne sommes pas certains de sortir plus forts.

Aucun alarmisme ici, juste une constatation. Et beaucoup de curiosité aussi. L’envie de voir où tout cela nous mène, persuadé que la vérité se trouve entre les deux. Et de me projeter dans les quelques années qui me restent à peut-être faire encore ce métier passion, émerveillé par la complémentarité que nous aurons pu construire entre l’homme et son besoin de proximité, la machine utilisée à bon escient et la radio, média de cœur ayant traversé toutes les époques, les marquant de son emprunte hertzienne ou digitale.

Je vous parle d’un temps... comme chantait Brel.

 

 

 

 

 

 

 

 Jean-Pierre Cremers

Directeur marketing @NGroup