La jeune génération et son besoin d’immédiateté, un handicap pour sa carrière ?
En tant que responsable d’une école supérieure de communication, je constate que la culture du “tout, tout-de-suite” entretenue par l’environnement digital, pose un sérieux problème chez nos jeunes quant à leur intégration et ascension professionnelle.
Habitués à l’immédiateté dans leur vie (réelle ou virtuelle), que ce soit pour l’accès à leur musique, à un film (parfois avant même sa sortie officielle) et sans oublier le dating revisité par Tinder avec effet instantané (ou presque), nos futurs communicants et managers se trouvent face à un « clash culturel » lorsqu’ils côtoient le monde professionnel.
Accéder à un stage ou à son premier job implique une courbe d’apprentissage sur le moyen ou le long terme. Il faut faire preuve de patience et de remise en question, choses pour lesquelles ils n’ont tout simplement pas été “programmés”. La culture de la start-up les fait rêver. Ils espèrent trouver l’idée du siècle. Si Mark Zuckerberg l'a fait, pourquoi par eux ? Pourtant, la réalité est autre et la majorité d'entre eux devra apprendre à évoluer, accepter de prendre de la valeur en s’investissant dans une entreprise sans en attendre des effets immédiats. Cette évolution professionnelle, pourtant normale à nos yeux, est souvent perçue comme un échec à leurs yeux.
La question cruciale que je me pose n’est pas celle du « comment lutter contre la technologie qui poussera toujours plus loin l’instantanéité ?» mais, plutôt, celle du « comment intégrer en même temps la valeur de la patience et de la pugnacité pour arriver à s’épanouir et à atteindre ses objectifs sur du plus long terme, tant dans sa profession que dans l’exercice de ses passions ? ».
Un grand sportif ne devient pas immédiatement un champion. Le sport et l’art ne peuvent-ils pas ré-inculquer la notion d’effort et de persévérance ? C’est d’ailleurs souvent une source d’inspiration des grands leaders, mentors ou managers de ce monde professionnel. Cette piste serait-elle trop négligée par les pédagogues que nous sommes ? C’est un débat complexe mais qui vaut probablement la peine d’être ouvert.