LE POIDS DES MOTS

Kim Beyns
Lundi matin, en pleine heure de pointe. Vous faites du 5km/h et vous vous apprêtez à manger votre volant lorsque le journaliste à la radio annonce un embouteillage monstre, un trafic paralysé et le chaos sur la route. S’ajoute à cela une météo faite de menaces d’averses et de vents violents.
Monstres, menaces, violences et chaos... L’intervention n’a rien pour vous égayer le trajet. Vous arrivez au boulot d’une humeur incertaine et partagez votre frustration avec vos collègues. Le ton de votre journée est donné. A qui la faute ?
Il est temps que les médias prennent conscience que le poids des mots a un impact considérable sur l’état d’esprit collectif et sur le regard que nous portons sur le monde qui nous entoure. Outre les mots, il y a le ton de la voix, inutilement oppressant et dramatisant.
Dans un paysage médiatique souvent anxiogène, défaitiste et insécurisant, les auditeurs méritent de la bienveillance et une vision constructive sur les choses. Il ne s’agit pas de sombrer dans la candeur, de nier ou d’occulter la réalité. Il s’agit plutôt d’apporter un regard mesuré, respectueux et solutionnaire.
C’est dans ce sens que nous formons et conscientisons nos animateurs et journalistes, car l’accès au micro sollicite nécessairement un sens des responsabilités. Quitte à captiver l’attention via l’émotion, autant que celle-ci soit positive.
En agissant de la sorte, nous stimulons une vision juste, optimiste et plus sereine de la réalité qui nous entoure.