Une utilisation intelligente du machine learning n'implique pas nécessairement de supprimer des tâches, mais bien d'en créer de nouvelles. C'est ce que nous a expliqué Xander Steenbrugge lors d'une interview consacrée à PUB. Xander Steenbrugge était l'un des intervenants, le 19 avril, du Fuel 18, un évènement organisé par Medialaan. Cette journée inspirante a offert aux participants un regard sur le futur proche de la publicité et des médias. Steenbrugge est associé chez ML6, une société qui accompagne les médias et les annonceurs dans le développement des stratégies de Machine Learning.
La première question à poser était évidente: Que devons nous comprendre par "Machine Learning" ?
Xander Steenbrugge: “En fait on devrait appeler ça "le logiciel 2.0". Le software 1.0 serait le logiciel écrit par des personnes. Le Machine Learning ou le logiciel 2.0 sont constitués de programmes qui apprennent sur base d'exemples d'écrire des logiciels eux-mêmes. Mais attention: l'apport humain nécessaire pour réaliser cela est trop souvent sous-estimé. Les machines qui remplacent les humains ? C'est un pitch pour Hollywood ça !"
Quels sont les avantages du Machine Learning?
“La vitesse ! Avec une bonne échelle, le Machine Learning est bon marché, comme le démontre les chatbots dans les services clientèle. Ou encore, dans le monde de la pub, le Machine Learning peut vous recommander des choses surprenantes que vous ne connaissez pas encore, en fonction de votre profil. Mais attention : l'automatisation est facile, innover est un peu plus difficile. Les gens ont souvent peur des conséquences de l'apprentissage automatique. Mais la bonne question n'est pas de savoir comment automatiser les tâches, mais ce que vous pouvez faire grâce à l'apprentissage automatique.
Il ne s'agit pas de chercher des moyens de réduire les coûts, mais plutôt de créer de la valeur."
Comment peut-on faire ça dans la pratique ?
"Nous ne pouvons pas toujours divulguer les noms de nos clients, mais disons qu'il existe déjà de beaux exemples de personnalisation du contenu basé sur le profil, le comportement et autres. Ce qui est frappant, cependant, c'est que les petites et jeunes entreprises évoluent plus vite que les grandes. Les grandes entreprises ont bien des équipes dédiées à l'innovation mais l'attitude de la direction est souvent peu dynamique. C'est comme ça que nous nous retrouvons à la traîne face à des pays comme les Pays-Bas. Mettre des données dans le cloud pour connecter tous les systèmes les uns aux autres, cela représente apparemment encore un grand pas à faire pour de nombreuses entreprises en Belgique."
Des erreurs sont-elles commises dans le domaine de l'apprentissage automatique?
"Ce que nous voyons souvent c'est l'utilisation du Machine Learning sans comprendre ce que fait finalement le Machine Learning. On ne voit tout simplement pas ce que le programme peut faire et ne pas faire. C'est encore la faute de Hollywood (rires). Il ne faut pas confondre... Connaissez-vous l'exemple du robot qui a «appris à faire» un saut périlleux ? Ce n'est pas du Machine Learning, c'est juste beaucoup de programmation et ce n'est pas si impressionnant. Une machine qui est capable de savoir quand une pomme est mûre et prête à être cueillie, c'est moins spectaculaire, mais beaucoup plus impressionant !"
Quelles questions recevez vous le plus souvent de la part des annonceurs ? Quel est votre rôle?
"L'apprentissage automatique n'est pas si simple et évolue à la vitesse de l'éclair. Cela doit vraiment être au cœur de votre entreprise. Même les grandes entreprises ne peuvent pas contrôler cela elles-mêmes. Nous agissons en tant que consultants, nous travaillons généralement avec le service informatique du client. Dans quels secteurs? Partout où beaucoup de données sont utilisées. Le retail, le monde des banques, le secteur médical,...
Mais aussi les médias et les chaines tv.
Peut-on concurrencer depuis la Belgique avec ce qui se développe en Chine, par exemple?
"En Chine, les choses vont très loin et sont poussées par le gouvernement. Je pense que dans 10 ans, la Chine sera le leader mondial dans ce domaine. La question est de savoir quelle seront les réponses de l'Europe et des États-Unis ? Le président français, Emmnuel Macron, tente d'y attacher de l'importance. Nous devons également prêter attention à ces développements dans l'éducation. Tout ce que je sais de l'apprentissage automatique, je l'ai appris via Internet, nos universités ne sont pas encore prêtes."