Stéphane Moreau derrière la télécommande de VOO

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Dans la région liégeoise, il est avant tout connu comme homme politique. Pourtant, Stéphane Moreau n’est pas seulement bourgmestre de la commune d’Ans. Depuis 2005, il est également le CEO de Tecteo, ce groupe wallon qui rassemble trois pôles d’activités: la distribution d’énergie, des participations dans divers domaines et… le câble-média. C’est en effet Tecteo qui détient la chaîne payante Be Tv, les services technologiques Win et qui a donné naissance à l’offre triple-play Voo. Rencontre avec un homme à l’agenda chargé.

Stéphane Moreau

Stéphane Moreau consulte les médias en permanence. Le matin, comme beaucoup, il commence par la radio, en variant d’un poste à l’autre. Il lit tous les quotidiens francophones sur le chemin du travail et consulte les sites d’information belges tout au long de la journée. Les rubriques internationales par pur intérêt personnel, mais surtout tous les sujets de société qui deviennent alors des sources d’inspiration pour de futurs projets. Seul le sport ne l’intéresse guère, malgré le rôle que ses activités jouent dans le sponsoring. La télévision, c’est uniquement tard le soir, comme délassement. Sauf s’il a enregistré l’une ou l’autre émission avec… le Voocorder. Son équipe et les alertes Google lui permettent de garder un œil sur ce qui est dit de lui. Et un collaborateur gère son image sur les réseaux sociaux, même s’il la supervise.
Alors homme politique ou businessman, comment vous considérez-vous?
Je ne suis pas un homme politique, je n’ai pas d’autre ambition que communale. Et cela ne changera jamais. J’adore la politique communale pour l’aspect concret qu’elle présente, la possibilité de faire bouger un territoire précis. Mais cela n’a pas d’impact direct sur le business. J’ai des amis dans tous les partis. Ils savent bien dans lequel je suis, mais ils savent aussi que lorsque que c’est d’affaires qu’il s’agit, je n’ai plus de couleur politique.

Concrètement, quel rôle exercez-vous au sein de Voo?
Tout finit toujours par remonter au Comité de Direction dont je fais partie. J’indique les lignes à suivre, notamment quelle stratégie de campagne publicitaire adopter, mais, surtout, je choisis tout le monde. Quand on a racheté Be Tv, c’est moi qui ai décidé de donner à ses équipes un rôle qui dépassait le cadre de la chaîne. Frédéric Vandeschoor, directeur général BeTv, est ainsi devenu Vice-Président du Comité de Direction en charge de Voo. J’ai désigné Daniel Weekers pour la stratégie et la régulation. Et Patrick Blocry est même sorti de l’activité des télécoms puisqu’il est maintenant directeur de la communication du groupe.

NOUS AVONS VOULU RESTER DE VRAIS SPECIALISTES DE LA TELEVISION

C’est que j’ai une grande philosophie: toujours confier les affaires aux meilleurs professionnels. Généralement, on est pas omniscient, il faut donc toujours très bien s’entourer. Ceux qui ratent, c’est, selon moi, qu’ils s’entourent mal ou qu’ils veulent décider eux-mêmes sur tous les thèmes. Je pense avoir fait quelques choix de qualité dans les personnes qui m’entourent. J’en suis satisfait. Eux-mêmes proposent des entourages de qualité que je valide… Et nous surveillons ensuite comment tout ce petit monde fonctionne.

Voo, c’est beaucoup de gens issus de la télévision. Cela a-t-il un impact?
Nous avons atteint un esprit un peu décalé, à la Canal+. Un esprit qui déteint sur tout le modèle de Voo, avec un certain bonheur je trouve. Il nous donne une image détendue, un peu plus humoristique que les autres opérateurs. Du moins, c’est comme cela que nous le ressentons de l’intérieur. Nous obtenons d’ailleurs de très bons résultats, sur des campagnes que l’on peut qualifier de novatrices. La « famille Voo » par exemple. Si je n’avais que des marketeurs dans mes équipes, nous n’aurions pas de la publicité comme celle-là. C’est typiquement du travail de gens de la télé.
Mais m’entourer de gens de la télévision, c’est un reproche que l’on me fait parfois. Finalement, c’est aussi une qualité: nous avons voulu rester de vrais spécialistes de la télévision, à laquelle on greffe d’autres produits. La démarche est inverse chez Belgacom: ils sont partis du téléphone, des télécoms, pour faire de la télévision. Ce n’est pas le même univers de départ.

Malgré tout, vous n’êtes pas très visible. Pourquoi ne pas davantage vous médiatiser?
Parce que ça n’a pas d’importance. Ce qui importe, c’est l’activité. Voo, ce n’est pas moi, c’est une équipe, une entreprise, une démarche économique. Moi, je ne suis là pour la gérer, avec mon entourage. Je crois que personne ne conteste que je sois numéro 1 de Tecteo, avec le président du Conseil – qui est également un homme d’influence puisque, en tant que député-président de la Province de Liège, il est aussi l’actionnaire majoritaire. Nous sommes tous les deux en permanence en phase. Et l’avantage de ce modèle, c’est que l’actionnaire majoritaire valide quasiment de manière hebdomadaire ce qui se fait avec ses capitaux. Mais dans le monde économique, on sait que c’est moi qui tient les leviers. Peut-être moins en Flandre, c’est vrai. Bien que si une entreprise veut traiter avec moi, Telenet notamment, elle sait très bien à qui elle doit s’adresser.

Justement, quelles relations entretenez-vous avec les autres opérateurs?
Dans le milieu, on se connaît, on se parle, dans les limites du légal bien sûr. Je connais le patron de Mobistar, mais moins ceux de Base vu qu’ils ont beaucoup changé durant les deux dernières années. Je ne connais pas bien Didier Bellens, que je n’ai rencontré que de manière ponctuelle. Nous sommes à la tête de sociétés concurrentes, mais rien n’empêche qu’on devienne partenaires un jour, tout est possible. Cela dit, rien n’est en discussion pour le moment.

IL EST URGENT DE SAVOIR QUEL MODELE ON VEUT EN BELGIQUE
Telenet a été un modèle pour vous et Voo?
Oui, tout-à-fait. Franchement, je trouve leur évolution remarquable. C’est une entreprise phare en Flandre, un grand projet, fortement soutenue par la région par le passé. Dans le secteur aussi, au sein de Liberty Global, elle est considérée comme une pépite. Malheureusement, quand vous faites trop envie, il y a toujours un risque… L’actionnariat a évolué et appartient maintenant aux Américains. Aujourd’hui un peu plus qu’hier, même si leur opération n’a pas été un franc succès. Tout cela se sent d’ailleurs, au niveau du soutien politique flamand à l’entreprise… Elle est moins en vogue!
Malgré tout, c’est une entreprise exemplaire, Telenet! Duco Sickinghe, c’était un type de talent, qui a mené une action extraordinaire au niveau de sa boîte, ce sur quelques années. Comme Voo, elle est née de rien! Au contraire de Belgacom qui héritait quand même de l’opérateur historique national, c’était une belle dot. Et je ne veux porter aucun jugement de valeur sur ses patrons successifs qui ont poussé cette entreprise dans un état assez remarquable, avec des beaux résultats. Il faut rester objectif.
Mais Telenet, avec quelques années d’avance sur nous, est aussi partie de ce conglomérat d’intercommunales flamandes. L’unification a été moins compliquée parce que c’est le gouvernement qui l’a pilotée. En Wallonie, même au sein des leaders politiques, il y avait des visions divergentes. C’est finalement Elio Di Rupo qui a sifflé la fin de la récréation. Et Jean-Claude Marcourt a supervisé l’opération.

Par moins 33 mètres de fond
L’interview de Stéphane Moreau, ceo de Tecteo, a été réalisée dans le cadre aquatique de Nemo 33, la fosse de plongée la plus profonde du monde. Un lieu exceptionnel où notre invité s’est livré à une partie de questions/réponses, dont l’intégralité est accessible, à nos abonnés, sur notre site.
Pour en savoir plus sur Nemo 33

Quel regard portez-vous sur le paysage audio-visuel belge?
Je serai moins critique que Didier Bellens l’a été. La Belgique ne se positionne pas si mal que cela. L’activité des télécoms est particulière dans notre pays puisqu’il y a sur un très petit territoire de nombreux investissements à réaliser, des coûts fixes importants et de grandes attentes tant de la population que du monde politique. Le tout avec une concurrence exacerbée qui a un effet sur les prix, sur les volumes attribués à la clientèle, etc. Or, on peut pas vouloir tout et son contraire. On ne peut pas avoir en Belgique, des emplois correctement rémunérés, une bonne protection sociale et tout pour rien! On peut choisir des recettes qui vont vite, faire du Free ou du Numéricable, des plateformes à Paris, des call-centers en Tunisie…
Qu’est-ce qu’on veut? De la technologie en Belgique? Des centres de décisions en Belgique? Des emplois en Belgique? Ce sont des choix politiques, des choix d’actionnaires, des choix de régulateurs qui prennent parfois des décisions sans tenir aucunement compte de leur impact économique. Alors, connaissant quand même bien les deux facettes, je pense que le monde économique peut faire passer des messages au monde politique. Mais, qu’au final, ce sont quand même les politiques qui détiennent le pouvoir de décision dans les matières qui nous occupent. Les normes principalement, fixées par le monde politique ou les régulateurs.

Et comment voyez-vous l’avenir?
Je vais parler de l’audiovisuel francophone, parce que le monde audiovisuel néerlandophone est plus spécifique, puisque moins dépendant d’un autre pays, comme nous avec la France et TF1, la troisième audience du pays. Bref, si ce monde audiovisuel francophone – et j’y intègre la presse écrite – ne s’allie pas dans une réflexion commune sur les contenus, la manière de les protéger les contenus et de les diffuser, les choses vont profondément se transformer dans les cinq ans qui viennent.
Quand un Google aura acheté les droits des grandes séries américaines et les productions des principaux studios, avec des moyens que n’ont ni la RTBF, ni RTL, ni BeTV, et qu’il voudra les diffuser en passant par internet et non plus pas le câble ou l’adsl, il faudra m’expliquer quel est encore le futur des chaînes traditionnelles et de la presse écrite. Car il ne manquera plus qu’une chose à Google: y greffer un pôle information. Là, la proximité pourra faire la différence. C’est pour cette raison que, nous aussi, nous avons besoin de contenu, de contenu de proximité et de partenariats avec les éditeurs de contenus.

AU FINAL, CE SONT QUAND MEME LES POLITIQUES QUI DETIENNENT LE POUVOIR DE DECISION DANS LES MATIERES QUI NOUS OCCUPENT

J’ai sensibilisé la ministre de l’audiovisuel à ce sujet, ainsi que les régulateurs. Mais pour le moment, on le sait, réguler internet ce n’est pas facile. Les parlementaires ont débattu de la neutralité du net, c’est-à-dire l’obligation de laisser-passer, etc. Cependant, la bande passante n’est pas illimitée. Si demain les grands acteurs mondiaux diffusent des films en HD à toute vitesse vers le consommateur via internet, nous serons obligés d’investir encore plus massivement dans les réseaux. N’est-il pas logique que nous soyons rémunérés de cette capacité de passage? Ou alors il n’y aura plus d’investissements dans les réseaux, ils vont saturer et ce sera terminé! Et si on laisse faire tout cela sans réagir, ce seront les éditeurs de services les premiers touchés. Nous, nous serons toujours un fournisseur de broadband.
L’Europe a pris des dispositions générales, notamment sur la neutralité du net, qui permettent de vivre jusqu’à présent. Mais dans ce canevas établi, qui va décider? Il est urgent de savoir quel modèle on veut en Belgique.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé au marché de l’audiovisuel?
Avant tout, nous voulions que les centres de décision restent en Wallonie pour éviter que tout se décide à Londres ou Paris. Ensuite, nous considérions naturellement que c’était une activité stratégique. Un support médiatique et d’infrastructure important. De nombreux défis s’annoncent pour les réseaux, l’arrivée de l’OTT entre autres (ndlr: Services « Over The Top », soit les services directement fournis par internet et disponibles sur les télévisions connectées: les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les agrégateurs de contenus, les services de commerce électroniques, etc. ). Nous voulions en garder la propriété. La suite est venue au fur et à mesure: nous ne savions pas encore si nous allions nous axer sur une politique de gestionnaire de réseaux, ou développer une activité beaucoup plus forte avec du contenu.

C’était un sacré pari!
L’unification du câble francophone, ça a été une horreur! Entre ceux qui voulaient vendre, ceux qui ne voulaient pas vendre… De plus, ceux qui voulaient vendre avaient une prédilection pour le céder à Telenet dont l’actionnaire majoritaire était Electrabel. Il ne fallait pas être grand clerc pour faire les calculs au niveau des synergies et plus-values. C’était donc un long combat, vis-à-vis d’Electrabel d’abord, de Telenet ensuite.
Et puis, ce pôle câble-média a grandi par la force des choses. Parce que si c’était celui qui se heurtait à de nombreux obstacles, c’était aussi celui qui présentait le plus de potentiel de développement. Bien qu’il appartienne à un monde ultra-concurrentiel, donc très difficile. Aborder ce monde avec les années de retard qu’on avait pris suite aux procédures judiciaires de l’unification du câble, c’était terrible! Nous devions également faire face à Belgacom, déjà acteur majeur en termes de broadband, qui était rentré comme dans du beurre dans la clientèle wallonne avec la télévision numérique. Nous avons fini par combler ce colossal retard, puisque nous les avons rattrapés et légèrement dépassés. Et notre progression internet, aussi, est très forte.

Quelle place occupe Voo aujourd’hui dans toutes les activités de Tecteo?
En termes d’importance économique, Voo est à parts égales avec l’énergie dans l’état actuel des choses. Mais elle est appelée à devenir la numéro 1. Et ce, d’après moi, dans les trois ans qui viennent. Surtout que nous allons lancer le mobile de manière imminente.

Avoir Voo, cela médiatise mieux les autres activités de Tecteo?
L’énergie n’a pas besoin de marketing parce que nous ne sommes pas en mode concurrentiel, on gère uniquement des réseaux. Mais c’est vrai que nous n’utilisons pas assez Voo pour l’image du groupe, chose qui devrait changer prochainement. Parce que Voo a une image sympa, alors que Tecteo est vue comme une espèce d’ogre. C’est un syndrome wallon: on se plaint quand les centres de décision s’enfuient, mais quand un pôle prend un peu trop d’importance, il devient inquiétant. Ce qui est très relatif parce que Tecteo, toutes activités confondues, est encore quelque chose de modeste, ne serait-ce que face à Belgacom. Notre valeur est d’un peu près 2,8 milliards selon les dernières estimations. Belgacom, c’est plus ou moins 6,5 milliards. Je vois pas ce qu’il y a de très inquiétant à faire la moitié, voire 30% de la valeur de Belgacom.
C’est vrai, nous sommes appelés à grandir, par la force des choses. Voo fait partie d’un groupe qui s’attaque à divers enjeux comme l’énergie éolienne. Et pour ce faire, il faut une assise forte. Donc soit on accroît l’assise financière du groupe à travers diverses opérations de fusion, d’acquisitions,… Soit on renonce. Et on laisse des groupes étrangers développer l’éolien en Wallonie. Et Tecteo est le seul qui a une assise belge! Et puis, nous sommes dans un pays à l’avenir institutionnel incertain. Il vaut donc mieux parfois tenir quelques leviers économiques, au risque d’effrayer certains.

Pouvons-nous revenir sur la problématique de la RTBF, dont Voo ne veut plus payer la diffusion?
En Belgique, nous sommes dans un modèle décalé par rapport à la majorité des pays, où les chaînes payent leurs frais de distribution. Ici, c’est le contraire: les opérateurs rétribuent les chaînes pour les rétribuer. Une directive européenne vient de consacrer l’inverse, en grande partie. L’objet n’est pas apriori de casser le système. Un des objectifs de VOO est d’ailleurs de préserver l’équilibre du monde audiovisuel francophone. Mais il faudrait que les régulateurs s’en souviennent et fassent peut-être en sorte que des décisions aveugles prises à l’étranger viennent moduler l’audiovisuel francophone.
Ceci étant dit, le problème avec la RTBF est simple: dans un monde où la pression sur les prix est incessante, où mes propres prix vont à la baisse alors que mon personnel est indexé, on ne peut pas avoir une hausse permanente des coûts de contenu. C’est antinomique. Et entre une thèse qui dirait « on ne paye plus » et une autre qui dirait « on ne marche pas à moins de x », il y a un chemin, celui de la négociation commerciale. Mais quand les tarifs de la RTBF, normalement tenus confidentiels, ont été dévoilés dans la presse. Cette fuite est grave! De qui elle vient? Pas de chez nous. Jean-Paul Philippot s’interroge de son côté. Je ne vise personne, je dis que c’est dommage.

C’est que cette décision tombe plutôt mal vu l’état des finances des médias audiovisuels aujourd’hui…
Vous savez, quand en 2007, le régulateur énergétique a dit à Tecteo que nous devions faire 20 millions d’économies par an, personne n’a levé le petit doigt. C’est normal, nous sommes dans une logique commerciale et économique, je ne suis pas là pour veiller aux budgets des autres. D’ailleurs, pour le moment, le projet Voo est toujours déficitaire. Heureusement, il fait partie d’un groupe qui, lui, est bénéficiaire de par toutes ses autres activités. Je ne demande pas qu’on m’épargne tant que je suis déficitaire, cela n’a pas de sens. Quand viendra l’échéance du contrat de RTL, je ne pense d’ailleurs pas qu’il y aura autant de remous. Leur vision est beaucoup plus commerciale.
Nous sommes face à des acteurs mondiaux, que ce soit Google, Apple, Netflix, peu importe. Nous, nous sommes amenés à faire de plus en plus d’investissement dans les réseaux, nous demandons toujours plus de capacité de passage internet. On est quand même à la croisée des chemins! Quand j’entends le directeur de développement de la RTBF dire que l’avenir, c’est l’OTT. De quoi nous parle-t-il avec les droits de diffusion de la bonne vieille télévision? Si ce n’est pas l’avenir, nous n’avons pas besoin de payer cher pour ce truc!

En diagonale
Feu Michel Daerden, disait de lui qu'il était son « Brutus ». Le 25 janvier 2013, Le Vif / L'Express faisait sa couverture avec le patron de Tecteo en titrant « L'inquiétant Stéphane Moreau » ... Quelle ne fut pas la surprise de l'intéressé, de voir sa tête en vitrine d'une librairie. Ceci a-t-il renforcé sa prudence vis à vis des médias? Fin sourire aux lèvres, il philosophe sur le sujet, « les médias façonnent notre mode de pensée. » Il prévoit toutefois de décocher une flèche au News magazine... mal informé!
Qui va piano va sano. Bourgmestre de Ans, Liégeois de cœur, l'homme a fait preuve d'une patience éprouvée dans la construction de Tecteo. Le groupe, société coopérative intercommunale, pèse lourd au sud du pays en tant qu'acteur dans les secteurs de l'énergie et des télécommunications. C'est dire que Stéphane Moreau n'entend pas être comparé à Didier Bellens, patron de Belgacom ou à Duco Sickinghe, ex-ceo de Telenet, avec qui il entretenait d'excellentes relations. Seul Voo, pôle télécoms du groupe, permet un certain jaugeage. Il ne cache pas son admiration pour son pendant Flamand et le soutien politique dont il a bénéficié à ses débuts. Reste que la comparaison s'arrête là, puisqu'il est fier d'avoir réussi à fédérer l'activité en Wallonie, alors que Telenet bat aujourd'hui pavillon américain.

Notre interlocuteur apprécie tout particulièrement avoir la main sur les pôles de décision. Ce n'est pas un hasard s'il jure que ses ambitions politiques resteront communales. Un niveau de pouvoir qu'il peut contrôler et qu'il entend marquer de son empreinte. Il maîtrise à l'envi les leviers politique local et économique. Sans que le premier n'avantage le second? « Je n’ai pas besoin d’être bourgmestre à Ans pour connaître tous les ministres wallons et quelques fédéraux. Comme chef d’entreprise, je suis plus en prise avec ce monde-là que si j’étais simplement bourgmestre. » Son agenda est dès lors des plus chargés. Pas le temps d'aller jouer au golf, mais bien d'avoir l'œil sur tous les médias au saut du lit.

Ph.W.