{Teaser} Quel lendemain pour l’événementiel ? Quatre patrons se confient

Communication / News

Durant l’année 2020, le secteur événementiel a dû s’adapter, bon gré mal gré, aux directives du gouvernement. En 2021, certains d’entre eux parlent de survie. Quand redémarrer ? De quelle manière ? Mais aussi quels sont les nouveaux profils de clients et de collaborateurs ?  Alexandre Velleuer CO de VO EVENT, Bruno Schaubroeck, Live experience expert / Affaires publiques pour Event Confederation, Pierre Lebrun, Directeur de Yellow Events et Bruno Pani, Founder & Chief Creative Officer de Profirst nous ont donné quelques éléments de réponse.

Photo (de gauche à droite) : Alexandre Velleuer, Bruno Pani, Bruno Schaubroeck et Pierre Lebrun. 

PUB : Ces nouveaux évents ça signifie de nouvelles compétences ? Comment formez-vous vos équipes ? Voyez-vous l’émergence de nouveaux profils ?

Alexandre Velleuer : C’est aussi l’un des enjeux de notre métier à l’avenir c’est le développement d’expertises. Le secteur se dirige vers la capacité et la nécessité que l’agence va avoir pour développer une expertise rapidement. Dans les expertises il y a les digitales qu’on a du absolument développer, accélérer ou intégrer au sein de l’entreprise. Mais il y a d’autres expertises qui doivent être développées et maîtrisées. Une autre expertise très importante pour nous et qui constitue l’avenir de la communication événementielle c’est la dimension responsable des événements et la capacité d’organiser des évents plus durables (au sens écologique mais aussi en termes de valeurs).

"Le digital est un enjeu majeur."

Il y a un an, on se demandait comment organiser de façon dynamique un event digital, il y a 6 mois, c’était comment créer de l’engagement au niveau digital, et maintenant l’enjeu que nous anticipons, c’est comment créer le lien et comment combiner les dimensions digitale et présentielle de manière forte. On est en veille constante, on doit absolument développer l’innovation dans tout ce qu’on fait.

Bruno Schaubroeck : Ce qu’on a vu ces dernières années c’est l’hyperspécialisation et c’est parti pour s’accentuer. Ceci dit, tous les gens qui travaillent dans ce milieu ont, soit été au chômage l'année passée, soit quasiment freelance car ils travaillaient de chez eux et devaient s’organiser eux-mêmes. Ça, ça va changer l'organisation dans les agences, mais aussi envers les clients. Tout le monde est un peu indépendant, mais en faisant partie d’une team, il va donc falloir réorganiser le fonctionnement entre les équipes. Ça va être un grand challenge quand le secteur sera relancé, car je pense que tout le monde au bureau, en même temps, ce sera fini. Il y a une nouvelle confiance, une nouvelle collaboration qui va s’imposer dans les entreprises.

"Être bien organisé, c’est surtout bien communiquer."

Certaines plateformes seront installées pour communiquer en real time avec le client, celles qui existent déjà ont beaucoup d’avenir devant elles.

Pierre Lebrun : Non je ne vois pas le besoin de nouveaux profils. Je pense que l’évent digital n’a pas beaucoup d’avenir. Les gens ont besoin de se voir.

"Nous sommes des animaux sociaux, et ça ça restera."

En ligne, il y avait déjà énormément de propositions qui n’avaient pas toujours les meilleurs résultats. Je pense que le Covid fait que, vu que nous passons beaucoup de temps online, les seuls moments qu’on a envie de vivre, ce n’est pas devant l’ordi. J’ai bien conscience d’être un peu à contre-courant (rires). Il y aura bien sûr des events online, il y en avait déjà. Dans l’événementiel, il faut se réinventer, créer de nouvelles choses et il y en avait déjà énormément qui faisaient de l’online et ce n’était pas toujours une réussite. Le gros avantage de l’online c’est qu’on fait dire ce qu’on veut aux chiffres après...

Bruno Pani : La digitalisation amène l’obligation pour nous de recruter énormément de gens qui ont cette fibre de la communication digitale. 

"Il y a plusieurs profils de gens qui n’existaient pas avant mais qui vont devenir indispensables."

Le premier profil c’est tous les profils qui interviennent dans le cadre de la production visuelle, à savoir un art director, quelqu’un qui va créer le storyboard de l’audiovisuel, les équipes qui vont produire, monter et tout ce qui vient en plus donc peut-être les interactions digitales, les motion designers, traductions, sous-titrages, … L’autre partie ce sont les gens qui ont une connaissance parfaite des réseaux sociaux, à savoir quel contenu créer, comment le partager, faire du data-minding, etc. Le troisième volet ce sont des experts en communication digitale pour regarder comment on crée des liens entre les différents channels de communication digitale qu’on arrive à utiliser, donc comment créer des interactions et un suivi entre les différents réseaux. Pour moi, ce sont les trois grands profils d’experts que l’on va devoir intégrer demain dans nos entreprises.

PUB : Quel sera le profil des nouveaux clients ? 

Alexandre Velleuer : Les clients, qu’on a moins vu depuis un an, veulent à nouveau un max d’évents pour créer du lien social, en présentiel. Et puis, nos clients d’avant nous contactent pour des évents 100% digitaux. Donc là, on participe à des appels d’offre pour l’organisation de tous les évents digitaux pendant deux trois ans et on devient un interlocuteur 100% axé sur le digital. Aujourd’hui, nos clients ont pris de la bouteille sur l’aspect digital, ils vont nous briefer sur des choses digitales, présentielles, mais aussi hybrides.

"La pression budgétaire est omniprésente par contre, à cause de la crise évidemment."

En plus de ça, vient l’idée que le digital est beaucoup moins cher que le présentiel donc la pression sur les budgets que les clients ont et qu’ils nous mettent est plus importante. Les moyens semblent être plus réduits. Enfin, le nombre de concurrents croît car les évents digitaux, ce n’est pas que pour les agences d’événements.

Bruno Schaubroeck : Par rapport à 2017 - 18 - 19, le marché événementiel a complètement changé. Pourquoi ? Les réseaux sociaux ont fait naître l’envie et le besoin de faire vivre des choses vraies et c’est ça qu’est l’événementiel. 

"L’événementiel c’est un peu la vie publique organisée."

De plus en plus d’événements s’organisaient pour très peu de gens en physique mais pour une audience beaucoup plus grande en online. La taille des évents va donc être inférieure au reach qu’ils vont avoir, on va avoir des tout petits évents intimes qui vont toucher un grand public au niveau du social. Je pense qu’il y a un grand besoin d’expérience événementielle qui va revenir.

Pierre Lebrun : Je ne sais pas… Nous avons des clients très différents. Je pense qu’il y aura un peu de tout, il n’y a pas de raison que certains profils disparaissent.

Bruno Pani : Au vu du contexte actuel et de l’augmentation de la digitalisation, il va sûrement y avoir de nouveaux profils de clients. D’abord parce qu’il y a de plus en plus de start-ups qui ont pris conscience de l’intérêt de créer du relationnel physique entre les stake-holders de l’entreprise et l’entreprise elle-même. Je pense aussi, et on le voit dans certaines études, que trop de digitalisation créer une problématique de distanciation trop importante avec les clients.

"Trop de digitalisation, réduit la communication."

Probablement aussi des entreprises qui vont s’adresser à des segments plus particuliers, plus jeunes, plus matures, plus ciblés d’un point de vue professionnel. Il y a une révolution de notre métier, et on l’a vu dans le cadre de notre activité en Chine, c’est qu’en fait dans des pays très digitalisés, qui ont une capacité à pousser du contenu sur des volumes très importants de cibles, l’événement devient du contenu, que l’on filme et que l’on monte en différent format et que l’on partage sur les réseaux sociaux ou sur le site internet. Je ne dirais pas qu’on va avoir des nouveaux clients, mais je pense qu’il y a une partie de l’événementiel qui est de créer des évents dont l’objectif stratégique créatif est de créer du contenu que l’on va pousser sur les réseaux sociaux. Ce qui arrive ce sont des nouveaux modèles dans lesquels l’événementiel intervient en tant que content provider, une plateforme de contenu, pour être utilisée sur les réseaux sociaux.

PUB : Quels sont les enjeux pour le secteur en 2021 et les perspectives ?

Bruno Schaubroeck : Les enjeux ça va être la reconnexion entre les gens du métier. Entre eux, mais aussi avec les fournisseurs et autres. Ça c’est un grand travail pour les semaines et mois à venir, « les retrouvailles entre anciens copains du métier ». Il faut aussi regarder les directions vers lesquelles tout le monde a évolué, 

"c’est un métier qui est en évolution constante," 

ça ce sera le plus important de se réinventer, de se retrouver et de de re-collaborer ensemble.

Pierre Lebrun : L'enjeu, pour ceux qui ont survécu à un an d’arrêt, ce sera de remonter la pente. Je pense que très peu d’agences, dans n’importe quel secteur, pourraient survivre à deux ans d’arrêt.

"L’enjeu pour 2021, c’est la survie."

Même si j’avais les moyens de maintenir l’équipe à flot encore un an, je pense que je n’aurais plus d’équipe d’ici là. Et repartir avec une toute nouvelle team, du jour au lendemain, c’est inenvisageable aussi bien sûr. C’est quand même un secteur où on se forme beaucoup sur le terrain, petit à petit...

Bruno Pani : Les perspectives sont importantes. Tout le monde se dit qu’il va falloir revivre et revivre c’est se rencontrer, partager des choses, échanger, … L’événementiel c’est du marketing relationnel, c’est quand une marque se connecte à ses clients dans une dynamique de passion, de transmission, d’interaction, avec de l’émotion. Donc je pense qu’il y a un bel avenir pour nos entreprises et que...

"... l’événementiel va devenir un des piliers du développement de la communication digitale."

L’événement devient plateforme de création de contenu pour le sharing de communication, d’infos, de contenus vers le marché.

 

Retrouvez comment ces 4 acteurs du secteur de l'événementiel envisagent le redémarrage de leurs activités dans le prochain numéro du magazine PUB ! Parution ? Le 24 juin ! Restez connectés !