Trouver l'équilibre entre le bien-être et la prospérité

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Hans Maertens est directeur général de Voka, le syndicat patronal flamand. L'homme a aussi un passé dans les médias.

Hans Maertens  représente, en tant que directeur général de Voka, 18 000 entreprises en Flandre, qui pèsent pour deux tiers de l'emploi en Flandre et deux tiers de la valeur ajoutée (en ce compris un grand volet exportations). Le monde de la communication et des médias ne lui est pas étranger : il a été journaliste, rédacteur en chef et directeur général de De Tijd, puis actif chez Roularta Media Group, avant de rejoindre la Chambre de commerce de Voka en Flandre occidentale en 2010. En 2015, il est devenu directeur général de Voka au niveau régional.

C'est à partir de ce niveau que sont définies les lignes générales du réseau flamand d'entreprises. La mise en œuvre concrète, explique Hans Maertens, se fait pour les six chambres Voka, "les antennes locales", entre autres par le biais de bulletins d'information, de webinares, d'informations et de conseils contenant des astuces concrètes pour les entrepreneurs.

Comment évaluez-vous la situation actuelle ?

Hans Maertens : "Il s'agit sans aucun doute d'une crise très grave. La plus importante depuis les deux guerres mondiales, avec une baisse estimée de 8 à 10 % du produit intérieur brut. Nous ne sommes pas les seuls à le constater. La Banque Nationale de Belgique et le groupe bancaire KBC ont fait la même analyse. C'est un calcul qui tient compte de la quarantaine immédiate jusqu'à fin avril ; la baisse pourrait donc être encore plus importante. Je le dis avec insistance : le plus grand depuis les guerres mondiales, mais bien sûr aussi après ces guerres mondiales. La différence entre ces deux événements c'est que maintenant l'appareil de production et de distribution n'a pas été touché, rien n'est "cassé" : "Le redémarrage sera progressif et ne sera pas le même dans tous les secteurs. Un groupe de travail examine les mesures à prendre.

Il y a donc un net recul et ce malgré les mesures compensatoires. 8 % du PNB, c'est environ 40 milliards d'euros ! La question est de savoir ce qui se passera ensuite. Retournerons-nous rapidement à la normale ou, plus probablement, le "V" de la courbe aura-t-il une longue queue ? L'incertitude est grande. Allons-nous faire du shopping comme avant ? Qu'en est-il du commerce international si d'autres pays vivent encore sous la chape de mesures restrictives ? De nouvelles vagues de contagion vont-elles prolonger la sortie ?

Comment évaluez-vous les mesures qui ont été prises pour soutenir l'économie ? En êtes-vous satisfait ?

Les différents gouvernements - le gouvernement national et aussi les gouvernements régionaux - font leur travail. La continuité des entreprises est essentielle. Cela se fait en trois étapes, une fusée  à trois étages. Les entreprises - et certainement les plus essentielles - sont tenues de travailler autant que possible : par le biais du télétravail, et si cela n'est pas possible, par des distanciations sociales et bien sûr via toutes sortes de mesures d'hygiène. Divers secteurs peuvent donc continuer à travailler, dans des conditions sanitaires strictes. Certaines entreprises ont déjà redémarré début avril. Toutes les entreprises ne sont pas en mesure de le faire parce que la chaîne d'approvisionnement est défaillante, parce qu'il n'y a pas de clients ou parce que de nombreux employés sont malades, en quarantaine ou ont peur d'être infectés. C'est à cela que sert le chômage temporaire. En outre, il y a le problème de la liquidité, d'où la nécessité d'avoir un plan bancaire. Enfin, pour les PME et les indépendants, il existe toutes sortes de primes : primes de nuisance, droits passerelle, etc...

« Une bonne communication redonne rapidement confiance aux gens. »

Allons-nous travailler différemment à l'avenir, plus de télétravail, une plus grande distanciation  sociale, des structures organisationnelles différentes et plus de technologie, ou allons-nous continuer à travailler comme avant ?

Chez Voka, nous plébiscitons déjà, via des webinares, des nouvelles formes de travail. La façon dont nous nous organisons au bureau va changer. Tant qu'il n'y aura pas suffisamment de capacités de test ! La distanciation sociale deviendra la norme pendant un certain temps, tant sur le plan privé que professionnel. Ce sera le cas à votre rédaction de PUB, et aussi à Voka. Les employeurs et les employés le demanderont. En outre, l'apprentissage en ligne, le télétravail et le travail à domicile vont se développer. Tout cela existe déjà, mais il sera élargi. Nous nous rencontrerons plus souvent via Zoom, Teams, etc., bien que ces outils aient leurs limites. L'apprentissage à distance sera également développé dans les écoles. Ce ne sera pas la nouvelle norme, mais plutôt une norme de plus.

Changeons complètement de sujet. Le secteur de la santé fournit les héros d'aujourd'hui. Après cette crise, il y aura une demande croissante pour plus d'infirmières, pour une meilleure rémunération, pour des fournitures stratégiques d'équipements médicaux. Cela mettra la pression sur la sécurité sociale. Comment Voka - et par extension les entreprises - envisagent-ils cette perspective ?

C'est une question qui s'impose, sur l'avenir des soins de santé notre sécurité sociale. Ce sera un grand débat, mais nous, à Voka, nous voulons absolument y participer. Il doit y avoir un équilibre entre la santé et l'économie, ou en d'autres termes : entre le bien-être et la prospérité.  Nous allons tous en payer le prix. Que ce soit "le citoyen" ou "l'entreprise", dans les deux cas, c'est "nous".

Enfin, et nous savons que le monde de la publicité dans les médias ne vous est pas étranger : Voyez-vous une porte de sortie pour ce secteur ?

La consommation est désormais limitée, sauf pour des catégories telles que les aliments et les boissons. Y aura-t-il un rattrapage une fois le verrouillage levé ? Une ruée, comme celle que nous avons vue lors de la réouverture des parcs de recyclage ? Beaucoup de personnes gagnent moins maintenant, et plus longtemps cela dure, plus l'incertitude persiste. En d'autres termes, nous ne consommerons pas immédiatement comme avant, je pense. Les recettes publicitaires ont fortement diminué. Je vois que les médias sont maintenant très créatifs et certains secteurs - certainement le secteur de la distribution - voudront communiquer à nouveau très bientôt. Je pense donc que le secteur de la communication pourra redémarrer assez rapidement. Une bonne communication redonne rapidement confiance aux gens.