La transparence sur l’origine, les produits de saison, la durabilité et la proximité sont les valeurs clés de C’TOUT BON!, une plateforme qui connecte producteurs bio et commerçants. Alice Regout, fondatrice de cette jeune entreprise active dans la production et la distribution de produits locaux, nous raconte comment les consommateurs d'aujourd'hui ont évolué mais aussi comment les agriculteurs et producteurs biologiques font face à des défis pour mettre leurs produits sur le marché tout en préservant leur transparence, leur identité et leurs valeurs.
Pourquoi avoir lancé C’TOUT BON! ?
À la base, le but de C’TOUT BON ! était d’avoir un projet en lien avec la nature. Il y a maintenant 4 ans, on s’était donc lancé dans la production de fraises, comme activité complémentaire à nos boulots respectifs. On s’est vite rendu compte qu’il fallait faire des partenariats avec des magasins pour écouler plus facilement nos produits. C’est de cette constatation que l’on a eu nos premiers partenariats avec des petits commerçants de notre région. Il y a eu une demande de la part de ces magasins, ils voulaient qu’on leur livre d’autres produits bio et locaux. C’est de là qu’est née notre idée de créer un réseau qui vise à rassembler les producteurs, centraliser et redistribuer leurs produits en B2B (magasins, CPAS, crèches, écoles, collectivités et autres).
Qui sont vos producteurs ?
Des producteurs que nous avons rencontrés, avec qui la relation s’est bien passée, et ayant une approche de travail qui nous conviennent. Cependant, nos critères de sélections se font également en fonction de la gamme de produit, car notre volonté est de l’étendre un maximum. On retrouve sur notre réseau des producteurs de grandes cultures(carottes, pommes de terre, oignons, etc) et des maraichers. Ce qui est important pour nous, c’est de ne pas les mettre en concurrence, ce sont les producteurs qui fixent leur juste prix. Ensuite sur notre plateforme, on indique à chaque fois le produit, le conditionnement, le prix et le nom du producteur.
Vous disiez que les crèches, les écoles et d’autres institutions utilisaient votre plateforme, comment les utilisent-elles tout en respectant vos valeurs ?
On propose des affiches par produit qu’on retrouve tant dans les magasins partenaires, que dans les cantines scolaires, cours de récré, au CPAS, etc. Elles ont pour but de mettre un visage sur les produits, et donc sur les producteurs : ça va vraiment permettre de garantir la transparence sur l’origine.
A côté de ça, certaines écoles proposent nos légumes dans leurs potages et mettent à disposition des fruits dans la cour de récré. Ils chargent les plus grands d’expliquer aux plus petits les fruits de saison, leur provenance etc. Ça permet de sensibiliser les jeunes à la production locale et à savoir ce qu’ils ont dans leurs assiettes.
Si votre volonté est de rendre les produits accessibles aux consommateurs, et de faciliter la tâche aux producteurs, j’imagine que le fonctionnement de la plateforme doit être facile ? Comment fonctionne-t-elle ?
La plateforme permet des accès producteurs et des accès clients. Donc tous nos producteurs ont un accès personnalisé, ce qui va leur permettre de gérer leur stock de produits en fonction de leur culture. Un producteur de carottes par exemple, va mettre 500 bacs disponibles en un coup, car il sait qu’il aura du stock, alors qu’un maraicher va beaucoup plus adapter son stock en fonction des saisons, et même des jours, c’est ce qui nous permet d’essayer de garantir à nos clients, dans la majorité des cas, zéro manquant. Les clients bénéficient aussi d'un accès personnalisé à notre e-shop, où ils peuvent voir en temps réel toute notre offre. Ils consultent les détails des produits, tels que le nombre de bacs disponibles, et peuvent les ajouter à leur panier.
Le zéro manquant, c’est quoi ?
Ça veut dire que tout ce qui sera commandé sera livré, parce qu’en fait, c’est adapté en temps réel par nos producteurs. Il y a évidemment quelques petits bémols parfois avec la météo par exemple, mais la plupart du temps, on arrive à garantir ce zéro manquant.
Quels sont vos projets pour l'avenir de C'TOUT BON! ?
On a plein de projets et de défis à relever pour le futur ! Tout d’abord, on voudrait sensibiliser encore plus les consommateurs finaux à manger bio et à faire attention à l’origine de leur produit, et tout ça, ça passe par une bonne communication sur laquelle on est en train de mettre un point d’honneur.
On a également l'ambition de créer un "HUB logistique", avec un projet de construction d'un hangar. Nous souhaitons que notre plateforme soit une plateforme physique représentative de notre réseau.
Un peu comme un marché finalement ?
Pas vraiment un marché, ce sera plutôt un lieu où préparer les commandes. Le plus gros avantage, c’est surtout de pouvoir discuter avec le producteur quand il vient déposer ses produits chez nous. L’idée en créant ce hangar, c’est vraiment d’être un facilitateur pour les producteurs et les magasins qui n’ont pas spécialement le temps de livrer chaque magasin individuellement et inversement de commander chez chaque producteur séparément.
Tous vos producteurs viennent donc vous livrer leurs produits ?
Oui, la majorité nous les livre. Nous, on s’occupe de préparer les commandes et de livrer les clients. Nos clients doivent commander dans le délai prévu et au terme de celui-ci les producteurs reçoivent leur récapitulatif via la plateforme. C’est ça aussi qui nous différencie, car au niveau de la fraîcheur, on est très intransigeant !
Pour terminer, pouvez-vous me donner un ou deux exemples de producteurs avec qui vous travaillez et qui illustrent bien votre engagement pour une production locale, durable et transparente ?
Oui, dans la grande culture, Belgo Bio. La productrice s’appelle Caroline, je pense qu’on partage les mêmes valeurs. Elle est très sensible au fait de savoir où partent ses produits, ce que nous garantissons grâce à la plateforme. On donne aux producteurs les statistiques de tout ce qui a été vendu via la plateforme, pour qu’ils puissent prévoir les années d’après et voir l’évolution.
Dans le maraichage, je pense à la ferme du Peuplier. On a une chouette relation avec eux, car ce que nous produisons ici à la ferme, on leur vend, et inversement, on prend de leurs produits pour compléter notre gamme.
Un article de Luana van de Poele, étudiante à l’IHECS.