Vigilance orange pour le CD&V

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Le CD&V se profile comme un parti du peuple avec une large base. Comment le parti tente-t-il d’apporter de la nuance au milieu d’un océan de formules creuses ? PUB s’est entretenu avec le président du parti, Wouter Beke, et son directeur de communication, Tom Schiettecat.
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Quels sont les thèmes principaux choisis par le CD&V pour les élections communales ?
Wouter Beke : Nous misons sur la qualité de vie, à savoir la santé (bien-être), la famille (travail/famille, garde des enfants), la protection (identité, sécurité) et l’argent (emplois, revenus, redistribution sociale). En résumé, « De weg vooruit » (la voie vers l’avant). Nous remarquons que les gens ont la sensation d’être bien lotis, mais qu’ils ont peur que cela ne dure pas.
Comment abordez-vous ces thèmes auprès de la base électorale et des électeurs ?
Tom Schiettecat : Notre campagne dépend de l’enthousiasme et de l’engagement de nos divisions locales et de nos militants. Nous disposons d’une machine bien huilée. La prise de conscience se fait à la base, souvent en raison de problèmes tout à fait tangibles. Pensez par exemple à la nuisance causée par les déchets sauvages dans de nombreuses communes. Nous travaillons en profondeur sur des thèmes de ce type plutôt que de crier au scandale dans le vide.
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Aujourd’hui plus que jamais, la réussite dépend de la perception…
Wouter Beke : C’est vrai, mais la réalité est souvent bien plus nuancée. Ainsi, les salaires et les allocations augmentent davantage sous ce gouvernement que sous le précédent. Pourtant, cela ne ressort pas des réactions de la gauche et de la droite. Les syndicats ne saisissent pas cette occasion pour réexaminer leur rôle. Sur le marché du travail flexible d’aujourd’hui, le besoin en coachs spécialisés se fait ressentir. Ils peuvent accompagner les gens, s’assurer que leurs droits sociaux soient garantis au cours des différentes phases de leur carrière, mais dans la pratique, les syndicats ne s’occupent pas de ces aspects. Les formules creuses sont malheureusement plus fortes que les propositions approfondies. Le monde est un peu plus complexe que ce que font miroiter le PTB ou Theo Francken. Cela ne nous ressemble pas de pousser des grands cris. D’ailleurs, en tant que bourgmestre, on m’interpelle rarement via des tweets. Il en va autrement de Facebook, qui laisse plus de place aux rectifications, au débat. Nos divisions aiment d’ailleurs beaucoup s’en servir.
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Comment la communication du parti est-elle organisée ?
Tom Schiettecat : Le directeur de la communication, c’est-à-dire moi, se porte garant de la stratégie à long terme, et ce, bien entendu, suite à une étroite concertation avec le président. Je suis entouré d’une équipe de communication composée d’une dizaine de collaborateurs. En outre, cinq coachs transmettent notre récit aux divisions et apprennent à nos collaborateurs locaux à mener une communication à 360 °, que ce soit pour le contenu ou pour la transmission du message dans les médias locaux. D’autre part, le porte-parole du parti se charge de la communication quotidienne et exprime les positions du parti. Enfin, nous travaillons déjà depuis 2015 avec l’agence de communication Choco, et l’un des associés de cette agence nous accompagne en tant que directeur de campagne externe.
Travaillez-vous avec une culture du débat ouvert, ou chacun s’en tient-il aux fameuses fiches de débat ?
Wouter Beke : Dans les partis à structure légère, comme l’Open VLD, la responsabilité revient avant tout aux mandataires eux-mêmes. Le PS ou la NVA ont une culture hiérarchique descendante. Au CD&V, la solidarité est intrinsèque, et une certaine autonomie est accordée à chacun des mandataires. Notre personnel se sait soutenu par un service d’étude fort et un réseau étendu. De la sorte, chacun peut se construire petit à petit une solide expertise et ensuite raconter sa propre histoire. Nous les aidons au moyen de cadres prédéfinis afin de garantir la continuité, mais pas avec des fiches de débat !
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En quoi la marque d’un parti se différencie-t-elle d’une marque commerciale ?
Wouter Beke : L’histoire racontée est un peu plus complexe. Il n’est pas seulement question ici du contenu, ou du produit si vous voulez, mais aussi du style et de la façon dont on le raconte, le langage que l’on utilise. Notre société n’est pas constituée d’un seul univers, mais d’une combinaison de plusieurs mondes. Nous ne visons pas 100 pour cent de la population, mais bien le potentiel de 45 à 50 pour cent de Flamands qui se laissent guider par le bon sens et recherchent la nuance dans le débat. C’est cela, la « voie en avant ». Cette approche fonctionne dans les divisions locales. Nous recueillons de nombreuses réactions positives, même auprès de jeunes.
Dans quelle mesure l’image du président est-elle une marque forte ?
Wouter Beke : En ce qui me concerne, cela joue un rôle important au niveau local. Je suis bourgmestre et je suis une figure de proue de la province du Limbourg. Dans ce contexte, je participe activement à la « vente » de notre récit dans la province du Limbourg et en Flandre. Mais avant les élections communales, nous jouons surtout la carte des héros locaux, les mandataires, soit trois cents figures de proue plutôt qu’une. Nous ne voyageons pas dans toute la Flandre en bus, talonnés par une troupe de dirigeants nationaux, nous ne sommes pas un parti qui doit dissimuler le fait que certaines de ses divisions ne tiennent les unes aux autres que grâce à un peu de colle et de salive (rires).
Quel rôle jouent les réseaux sociaux dans votre stratégie de communication ?
Tom Schiettecat : Les réseaux sociaux font partie de notre bouquet médiatique. Nous choisissons les canaux en fonction du groupe cible. Twitter est le média employé par les politiques et les leaders d’opinion, moins par le grand public. Si nous visons les jeunes, par exemple, nous utilisons Instagram, en accordant plus de soin à l’image. Facebook est idéal pour diffuser un message plus large et pour entamer le dialogue. Nous observons des réactions très rapides et apprenons ainsi ce que l’on pense dans les divisions locales sur des thèmes spécifiques. Par ailleurs, il est également possible de communiquer de façon très ciblée pour obtenir des réactions à un message précis, pour coacher et accompagner. Enfin, pour nous, Facebook est un outil ­(payant) utile pour les campagnes.
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Que sont les campagnes à 360 ° ?
Tom Schiettecat : Nous utilisons les médias en ligne et classiques. Mais le contact personnel reste tout de même crucial, surtout au niveau local. Nous appelons nos mandataires à aller sur le terrain. Notre objectif ? Un million de visites à domicile. En outre, nous investissons dans des magazines locaux, nous plaçons des affiches dans la rue, et sommes très actifs sur Internet. Aujourd’hui, mener une campagne nécessite d’utiliser tous les moyens.
Est-il difficile de remplir les listes ? Trouvez-vous facilement de bons mandataires ?
Wouter Beke : Il y a suffisamment de candidats. De bons candidats, qui plus est. La question est en réalité de savoir ce que l’on recherche. La fonction de bourgmestre demande un engagement sérieux, et ce, pendant six ans. De plus, vous devenez le visage du parti et devez être capable de vous défendre face à la critique. Enfin, votre partenaire et/ou votre famille doivent être d’accord, car ils seront aussi davantage sous la lumière des projecteurs. Les jeunes candidats se méfient de tels engagements à long terme, de même qu’ils ne veulent pas travailler au même endroit jusqu’à leur pension. Ils préfèrent s’engager « tant qu’ils se sentent bien ». Voilà pourquoi nous remarquons que les gens acceptent plus volontiers une fonction d’échevin, car elle se combine plus facilement avec un travail.
Quels sont les plus grands défis auxquels vous faites face dans le domaine de la communication ?
Tom Schiettecat : Avant tout, la rapidité nécessaire pour capter les informations, les comprendre puis passer à l’action.
Wouter Beke : C’est vrai. La fonction de directeur de communication est devenue un peu plus complexe du fait de la vitesse plus élevée. Par ailleurs, dans le cadre de l’approche à 360 °, il faut conserver une vue d’ensemble sur les médias classiques et nouveaux, et veiller à ce que ces deux catégories se soutiennent mutuellement. Les médias classiques tels que les dépliants perdent de leur impact au profit de la télévision et de la radio locales ainsi que des réseaux sociaux. Enfin, nous sommes confrontés à beaucoup plus de parties prenantes et nous devons écouter chacune d’entre elles, tenter de défendre notre position et couper court aux controverses.
 
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Wouter Beke : « Nous misons sur la qualité de vie, à savoir la santé (bien-être), la famille (travail/famille, garde des enfants), la protection (identité, sécurité) et l’argent (emplois, revenus, redistribution sociale). En résumé, « De weg vooruit » (la voie en avant). »
Tom Schiettecat : « Notre campagne dépend de l’enthousiasme et de l’engagement de nos divisions locales et de nos militants. Nous disposons d’une machine bien huilée. La prise de conscience se fait à la base, souvent en raison de problèmes tout à fait tangibles. »
 
 
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« Nous avons un potentiel de 45 à 50 pour cent d’électeurs flamands » - Wouter Beke
« Le bon sens veut que la voie en avant soit un récit nuancé » - Tom Schiettecat