Koen Denolf : coronamobilisation

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"Nous sommes en guerre", a déclaré d'un ton solennel le président, Emmanuel Macron, comme s'il postulait pour tenir le rôle de M dans le nouveau James Bond. En arrière-plan, la Marseillaise résonne... On croit déjà entendre des explosions, tandis que le décorum en feuille d'or brille et qu'un drapeau pandouille dans un coin.

D'où vient cette rhétorique guerrière ? Elle était déjà là lorsque nous n'avons pas réussi à former un gouvernement, partie 6 ("nous devons constituer un front commun"), l'ennemi est le coronavirus. "C'est la guerre et nous sommes des soldats" et "Notre guerre cible ce virus chinois". La guerre c'est quand les Syriens fuient vers l'Europe. Le professeur émérite Karel Evrard (96) l'a exprimé ainsi dans HLN : "En temps de guerre, il y a une grande différence : il n'y a pas de pénurie alimentaire. À l'époque, tout était rationné, sauf les œufs". Il pense encore à la violence de la guerre, comme le bombardement de Merelbeke, qui a tué un millier de civils. C'était la guerre, bon sang.

Chaque guerre a ses victimes. "Soixante-dix pour cent seront infectés", "7 500 morts en Belgique et si nous nous y prenons comme en Italie, ce sera 75 000". Les experts et les politiciens ne se contentent pas de serrer la main, ils se tiennent les coudes face au défit le plus grave de notre époque.

ING a calculé que le corona coûtera 9 milliards à notre économie. Nous pouvons faire mieux, pensait VOKA : 16 milliards ! Le professeur Koen Schoors l'a transformée en 20 milliards. Who knows?

Une vraie guerre a aussi besoin de héros. Ici ce ne sont pas les infirmières et les médecins que nous applaudissons chaque soir à 20 heures qui sont les sauveurs de notre nation, mais les marques et les agences de communication, qui "sont là pour vous en ces temps difficiles" et "prêtes à raconter votre histoire". Les messages, pour la plupart très bien écrits, que je vois passer ("Le Coronavirus a un impact énorme". Vraiment ?), témoignent d'un opportunisme mondain. "Ne pas passer à coté d'une bonne crise", telle est la devise. Quelqu'un sur LinkedIn l'a même transformé en "les plus grands problèmes du monde sont les plus grandes opportunités commerciales du monde". Bizarre.

One lesson I'm learning from this pandemic is that way too many brands have my emailMaura Quint (@behindyourback) March 13, 2020

Il doit aussi y avoir un gagnant, un résultat, une nouvelle alliance : quelque chose comme "les Nations unies contre le corona". Un certain nombre d'organisations m'ont déjà demandé quels changements majeurs cela entraînerait. "Le virus détruit-il l'industrie du design et de la création ou la crise est-elle même peut-être une opportunité ?" De grands mots et franchement : je ne sais pas et je ne pense pas que le monde attende une autre opinion pour le moment. Nous verrons bien.

Les marques et les individus doivent maintenant réfléchir à la manière dont ils peuvent apporter une contribution précieuse, sinon ils doivent se taire. Et ce n'est pas bien grave, regardez l'ami Bart, qui, pendant la durée de la crise, prend une photo du soleil couchant chaque soir (voir photo ci-dessus, nvdr) et me rend heureux, ainsi que la communauté LinkedIn.

Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est de repos, et non de métaphores dramatiques et de conjectures ou de théories farfelues. Prenez ce moment pour ralentir, pensez à tout, lisez ce livre blanc qui est dans votre dossier de téléchargements depuis un certain temps ou ce livre de Aart Lensink qui n'a pas encore trouvé de place dans votre tête. Si nous faisons cela, nous en sortirons tous plus forts.

Koen Denolf, The Fat Lady