10 choses que vous ne saviez pas sur Pixar (et Jim Morris)

4schools / Communication / Media / News

Le 10, 11 et 12 mai derniers, l'HELHa (Haute Ecole Louvain en Hainaut) organisait MONS 3D, trois journées de conférences, et a reçu un invité d'exception : Jim Morris, président de Pixar Animation Studios. Au menu ? Le business, les « success stories » et les secrets de Pixar. Mais que faisait Jim Morris à Mons ? C'est sans doute la question qui vous brûle les lèvres. PUB y était et vous dit tout !

Jim Morris est un producteur et réalisateur de films d’animation américain. Il est actuellement président et directeur général de Pixar Animation Studios, une division de The Walt Disney Company. Auparavant, il a occupé divers postes clés chez Industrial Light & Magic. Il est donc impliqué dans beaucoup de films qui ont marqué l’histoire de l’animation 3D : The Abyss, Jurassic Park, Terminator 2, Twister, Wall-E, Star Wars… Il est également impliqué dans plusieurs projets de développement durable et s’engage en faveur de causes caritatives et sociales. "Je suis venu en Belgique il y a 25 ans, l’industrie était bien plus petite. La Californie était le lieu principal pour le FX, mais je suis venu ici car j’avais envie de rencontrer des étudiants passionnés par ce milieu, il y a de très bons programmes et logiciels aussi. J’aurais aimé que cette industrie soit aussi développée étant enfant. C’est un « vibrant time » pour être dans cette industrie et voir ses changements," souligne Jim Morris.

Copyright : Samuel Buxin / HELHa

Copyright : Samuel Buxin / HELHa

À Mons, il semblerait que l'HELHa soit la seule école, en Belgique, à avoir des partenariats pédagogiques avec Side FX pour Houdini (logiciel d'animation 3D) et Epic Games pour Unreal Engine, notamment. Jim Morris a répondu favorablement à l'invitation de son ami de Jean-Yves Arboit, expert en outils d’imagerie numérique (tels que Houdini). Il a enseigné durant 30 ans à SupInfoCom (Rubika) et dans plusieurs écoles à travers le monde (France, Tunisie, Maroc, USA, etc). Précurseur de l’enseignement en ligne en animation 3D ainsi qu’auteur de plusieurs livres et vidéos de formation, il a collaboré avec de grands studios 3D dans le monde comme ILM (Industrial Light & Magic) de George Lucas. Enfin, il assure également la coordination pédagogique de la section Animation 3D et effets spéciaux à l'HELHa. 

De nombreuses choses intéressantes ont été dites durant la conférence du 10 mai "Comment manager près de 2000 artistes et techniciens" et voici ce que nous avons retenu : 

  • Avant de rejoindre Pixar en 2005, Jim Morris a connu un parcours impressionnant chez ILM. Il y a débuté comme producteur d'effets visuels pour les films - mais aussi pour les publicités ! - pour devenir general manager, avec plus de 1 400 techniciens et artistes visuels sous sa supervision. ILM a remporté de nombreux Oscars sous sa direction, notamment pour l'utilisation pionnière de personnages générés par ordinateur dans Jurassic Park.
  • Pixar fait partie de The Walt Disney Company, qui est également la société mère de 21st Century Fox, Lucasfilm, Disney Animation et Disney Live Action, par exemple. Les entreprises entretiennent de bonnes relations entre elles : les coproductions sont inexistantes, mais elles se donnent mutuellement un retour d'information constructif et partagent leurs innovations technologiques. En fait, leurs technologies sont également mises à la disposition du monde entier par le biais du "open sourcing".
  • L'une des raisons du succès de Pixar est l'importance accordée au travail d'équipe. Le premier critère pour intégrer la société est sans doute d'être un bon storyteller. La réalisation d'un film d'animation est un long processus d'essais/erreurs qui nécessite souvent jusqu'à cinq ans de travail. En moyenne, 300 à 400 personnes travaillent ensemble sur un seul film - et dans ce film, chacun a son propre rôle à jouer. Chaque employé est invité à donner son avis lors des projections, y compris le personnel de cuisine. Lorsqu'un film obtient une prime, tout le monde reçoit six semaines de salaire supplémentaire.
  • Les films Pixar sont toujours basés sur des sujets que les réalisateurs eux-mêmes trouvent importants et qu'ils aimeraient voir apparaître à l'écran. "Une idée est bonne lorsqu'elle est originale et qu'elle parle au plus grand nombre," explique-t-il. "Si ça parle aux gens et que ça suscite de l’émotion, c’est souvent une bonne idée. Il faut que ce soit « Emotionnally true ». On met donc les meilleurs storytellers sur le pont, mais parfois ça ne suffit pas. C’est très compliqué d’avoir une histoire géniale et de la produire en animé."
    Par exemple, le producteur de Nemo s'est demandé comment être un bon père, protecteur mais pas trop. "Notre stratégie commerciale consiste à trouver une idée que nous aimons nous-mêmes," ajoute-t-il. Il n'y a donc pas de véritable étude de marché. D'ailleurs, Jim Morris pense que cela ne sert à rien : "On ne peut qu'établir ce que les gens ont aimé, pas déterminer ce qu'ils vont aimer. Tenir compte des tendances est risqué car ça peut très vite changer et d’un pays à l’autre ce n’est même pas la même chose."

  • Certains films sortent d'abord au cinéma, d'autres vont directement sur Disney+. Jim Morris lui-même reconnaît la part croissante des services de streaming et l'évolution du marché, mais il préfère toujours réaliser des films pour le grand écran. "Aller au cinéma reste une expérience différente. Le cinéma n'est pas encore mort !"
  • Jim Morris jette un regard sur le secteur européen de l'animation : "Illumination Studios Paris, par exemple, a récemment réalisé deux très bons films d'animation. Ils ont un sens de la comédie et de la performance qui est apprécié aux États-Unis."

  • Quid du streaming aux US ? "Concernant le streaming aux États-Unis, beaucoup de plateformes ont émergé mais elles ne vont pas toutes tenir sur la durée," explique Jim Morris. "Netflix s’en sort bien, mais il n’y a plus de grosse histoire de succès à raconter dans le milieu du streaming maintenant. Qui plus est, les revenus du streaming ont déjà doublé les revenus totaux d’un film, mais ce n’est pas toujours le cas. C’est une transformation constante."

  • Côté budget, Jim Morris révèle qu'il est pratiquement le même pour chaque film : "Chez Pixar, on travaille souvent avec les mêmes personnes, profils, on produit souvent le même genre de format, donc la plupart de nos projets ont le même budget. Généralement, pour la création d’un film, de A à Z, et en fonction de la complexité du film, nous tournons autour d’un même montant."
  • Le rendu, c'est-à-dire le traitement des images pour un film ou une animation, prend beaucoup de temps. C'est pourquoi l'équipe fait parfois appel aux pouvoirs de l'intelligence artificielle pour résoudre certains problèmes (par exemple, pour réduire le bruit), afin que l'équipe puisse continuer à travailler sans heurts. "On utilisait déjà le machine learning avant l’IA, c’est la même chose c’est juste que maintenant, ça a un autre nom. Pixar a besoin de faire de l’optimisation sur ses projets, que ce soit sur les FX, correction du son, etc. On peut sauver du temps et de l’argent pour rendre un projet encore plus beau !"
  • Jim Morris compare l'animation au jazz : "Dans mon travail, il faut toujours garder l'ensemble du film à l'esprit. Ce n'est pas facile. Je le compare parfois à un bon musicien de jazz, qui doit lui aussi noter chaque note séparément."
Copyright : Samuel Buxin / HELHa

Copyright : Samuel Buxin / HELHa

Bonus :
Est-ce que le fait que l’audience exige de voir des sujets comme la santé mentale, la diversité, l’inclusion, etc va faire évoluer Pixar ? Quelle direction prendre ? Réponse en vidéo ...