Les médias de petite taille sont les plus impactés par la Covid

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Le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) publie son second rapport d’impact de la crise sanitaire sur les services de médias audiovisuels régulés en Fédération Wallonie-Bruxelles pour la période mai-décembre 2020.

Le rapport concerne les télévisions privées, la RTBF, les Médias de proximité, les radios privées en réseau et indépendantes et les web tv. En moyenne, plus de la moitié des éditeurs par secteur ont répondu à cette seconde enquête avec un total de 68 répondants. Pour certains secteurs qui regroupent des acteurs de plus petite taille, comme les web tv et les radios indépendantes, les conclusions du rapport sont inquiétantes.

Le premier rapport publié en mai 2020 envisageait la crise davantage sur la programmation et la réorganisation (notamment interne) des médias. Deux mois après le début du premier confinement, les effets économiques liés à la baisse des investissements publicitaires se faisaient déjà ressentir et les éditeurs exprimaient des craintes pour la période estivale. Le second rapport confirme l’impact économique de la crise sur l’ensemble du secteur, mais avec des disparités importantes en fonction des acteurs. Ce sont surtout les éditeurs de petite taille qui sont les premières victimes des deux confinements. Ces derniers ayant peu ou moins accès aux annonceurs nationaux, ils n’ont pu bénéficier de la reprise de fin d’année sur ce marché. En outre, ils sont, dans certains cas, impactés par d’autres effets de la crise sanitaire tels l’arrêt complet du secteur évènementiel et l’interdiction de rassemblement.

Le rapport se penche enfin sur l’impact de la crise en matière d’emploi au sein des médias et sur les aides financières qui ont été attribuées au secteur à ce jour. Depuis le début de la crise, 2.993.689,02 € ont été octroyées au secteur médiatique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont 25% en télévision, 23% en radio et 52% en presse écrite.

Télévision : entre 5% et 90% de diminution du chiffre d’affaires

Les médias télévisuels de service public sont moins impactés par la crise dans la mesure où leurs revenus ne dépendent pas exclusivement de la publicité. Ils tentent de contribuer à la relance en développant un axe éditorial résolument orienté sur la mise en valeur du local. Ils se projettent au-delà de la crise. Le chiffre d’affaires a diminué de 20% en moyenne du côté des Médias de proximité et entre 5 et 20% pour les télévisions privées.

C’est du côté des web tv que l’impact est le plus important, puisque le chiffre d’affaires du secteur connaît une chute drastique de plus de 90%. Les éditeurs s’en expliquent par l’arrêt des partenariats publicitaires, l’impossibilité d’organiser des événements et la disparition des commandes de production pour des tiers. La production est d’ailleurs totalement à l’arrêt pour certains médias, notamment ceux consacrés au sport. Le CSA rappelle pourtant l’importance de ce secteur et son apport à la diversité du paysage audiovisuel. Leur survie se joue dans les mois qui viennent, conclut le rapport.

Radio : une crise à deux vitesses

Les acteurs nationaux ont pu sauvegarder une partie importante de leur chiffre d’affaires et limiter la casse grâce à la reprise de la publicité à l’échelle nationale dans la deuxième moitié de l’année. A contrario, le marché de la publicité locale et ultra-locale s’est totalement effondré pendant la période mesurée, au détriment des radios indépendantes principalement. En outre, les radios indépendantes tirent normalement une partie significative de leurs revenus de l’organisation d’événements locaux ou de partenariats sur l’organisation d’événements. L’arrêt complet du secteur événementiel les impacte donc au premier plan, faisant disparaître une seconde source de revenus. En conséquence, les déclarations des sondés indiquent une réduction moyenne du chiffre d’affaires des radios indépendantes de 62% et 25% pour les radios en réseau.

La proportion d’éditeurs déclarant faire face à des problèmes de liquidités est passé de 33% en juin 2020 à 40% en moyenne au mois de décembre 2020, tant pour les radios indépendantes que pour les radios en réseau. Cette tendance inquiète le CSA dans la mesure où on peut s’attendre à ce que cette proportion continue à augmenter en cas de prolongation de la crise sanitaire. Certains éditeurs n’ont plus que 6 mois de réserves de trésorerie. Dans la catégorie des radios en réseau, ce sont surtout les radios à couverture provinciale qui sont concernées, ce qui confirme encore que les acteurs nationaux d’une certaine taille sont "tirés d’affaire", au contraire des acteurs locaux et/ou de petite taille que sont les radios indépendantes, ou les radios en réseau à couverture plus locale.

Interrogés sur l’impact que la crise économique pourrait avoir sur la poursuite de leurs activités, 40% des répondants en réseau et 65% des radios indépendantes déclarent que leur survie est en jeu. Autrement dit, deux radios indépendantes sur trois pourraient disparaître si la crise économique se prolonge.

A ce stade, le CSA ne dispose que de chiffres indicatifs de la part des répondants, il faudra donc attendre les comptes et bilans 2020 pour pouvoir mesurer précisément l’impact de la crise sanitaire sur les chiffres d’affaires de tous les éditeurs de services de médias audiovisuels de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le CSA communiquera à ce sujet lorsqu’il disposera de ces données.