Garry Kasparov et Richard Edelman : "Les entreprises peuvent briser la méfiance"

Cannes Lions / News

Les Lions Cannes n'auraient pas pu être relancés de manière plus impressionnante, après une interruption de deux ans. Richard Edelman a commencé par une minute de silence pour, entre autres, toutes les victimes du covid, pour l'inégalité, pour les victimes de Bucha, pour la planète, pour George Floyd et pour les 12 millions de réfugiés qui errent actuellement en Europe. Puis vint Garry Kasparov, et lui aussi n'était manifestement pas venu à Cannes pour faire du pain sucré... Un rapport pour PUB par Peter Lissens.

Garry Kasparov est un homme avec une mission. Et il l'a fait pendant quarante ans, souvent au mépris de sa propre vie et de son intégrité physique. L'Occident se félicite aujourd'hui de l'aide qu'il apporte à l'Ukraine, dit Kasparov, mais de nombreux pays occidentaux visaient initialement une chute rapide de l'Ukraine. Les conseillers américains et européens ont prédit que le pays serait envahi par les Russes dans les 96 heures. Et que c'était donc une mauvaise idée de fournir des armes - car elles tomberaient immédiatement entre les mains des Russes. "C'est la fermeté des Ukrainiens et l'intransigeance de leur président qui ont fait changer d'avis l'Occident. Le président français Macron insiste toujours sur une "solution diplomatique", une "issue négociée". Il entend par là que l'Ukraine cède une partie de son territoire à la Russie. Il n'existe pas de résultat négocié. C'est gagner ou perdre."

Garry Kasparov est en colère. Et son ami Richard Edelman le comprend très bien. Edelman est membre du conseil d'administration du Forum économique mondial et dirige l'une des sociétés de relations publiques les plus puissantes du monde, en sélectionnant soigneusement ses clients et ses affaires."Garry parle avec beaucoup de force... Mais ce qu'il évoque à propos des gouvernements occidentaux et du président français est une question très urgente. Ce que nous faisons chez Edelman, c'est étudier la "confiance". C'est à ça que servent les relations publiques, à installer et construire la confiance. Ou pour le restaurer. Le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui est caractérisé par une méfiance de plus en plus grande. La confiance devient une denrée rare. Ces dernières années, les gouvernements et certains médias se sont alimentés mutuellement pour nourrir la méfiance des populations et la transformer en monnaie politique et financière. La méfiance est devenue "l'émotion par défaut" dans une grande partie de notre société. Pas moins de 60 % des personnes ont tendance à "se méfier jusqu'à ce qu'elles voient la preuve que quelque chose est fiable," soutient Richard Edelman. "C'est un frein énorme à toutes les choses que nous devons aborder ensemble aujourd'hui : les défis mondiaux, avec le changement climatique au premier plan. Les entreprises, y compris les entreprises de communication, ont un rôle à jouer. Plus de la moitié des citoyens du monde entier ne font pas confiance à leur gouvernement, mais plus de 70 % des employés croient en leur employeur. Les entreprises ont donc un rôle important à jouer pour rétablir la confiance, pour assumer la responsabilité sociale qui leur incombe indéniablement. Mais les entreprises ne peuvent y parvenir seules. Le monde des affaires doit collaborer avec les institutions pour générer du changement, de l'innovation et de l'impact. Et le monde des affaires n'en fait pas assez. Bien que nous ayons fait d'énormes progrès au cours des dernières décennies : il a fallu 20 ans pour convaincre 200 multinationales de cesser de faire des affaires avec l'Afrique du Sud et son régime raciste de l'époque. Il n'a fallu que 20 jours pour voir 2 000 multinationales couper leurs liens avec la Russie. C'est donc encourageant. Les entreprises dont les affaires restent, sont en chute libre sur l'indice de confiance, les entreprises qui améliorent les liens avec la Russie augmentent leur score de façon spectaculaire et globale."

Les entreprises de communication ont également un rôle important à jouer dans ce domaine ?

Richard Edelman : "Les entreprises de médias avant tout. Le moyen le plus efficace de briser la spirale vicieuse de la méfiance. Des informations fiables, cohérentes et fondées sur des faits sont essentielles pour briser le cycle de la méfiance. La vérification des faits est une bénédiction, soutenir les médias de qualité est une nécessité."

Vous avez dit que Garry Kasparov était un bon ami. Pourquoi votre implication avec Kasparov et son activisme ?

Richard Edelman : "Garry est un ami depuis plus de trente ans. Nous nous sommes rencontrés en 1979, lorsque Edelman a fait les relations publiques pour le match de championnat du monde entre Garry et Anatoly Karpov. Garry et son combat pour la vérité et contre l'hypocrisie symbolisent bon nombre des valeurs que je partage avec Edelman. Ces valeurs et ces préoccupations ont maintenant été traduites en un rêve. Pour l'instant, ce n'est qu'un rêve, mais c'est un rêve pour lequel nous nous battons avec acharnement. Ce rêve s'appelle "Regain Ukraine".

"Nous voulons unir les entreprises et les organisations du monde entier dans un effort pour restaurer l'Ukraine. Une sorte de plan Marshall pour les entreprises, mais d'une plus grande portée. Nous voulons restaurer le territoire du pays, ses infrastructures, ses systèmes d'information et de santé, sa culture..."

"Et même dans le cas de Garry Kasparov - malgré sa nature combative et sa volonté modérée de compromis - l'espoir prévaut toujours, semble-t-il. La dernière image qu'il montre au public cannois est celle d'un étudiant ukrainien devant les décombres lugubres d'un bâtiment qui a été mis en pièces... La robe rouge vif de la fille s'échappe de l'écran. "Cette fille est diplômée", dit Kasparov. Le bâtiment est son lycée et la robe lui a été offerte par sa mère pour le bal de fin d'année. Il y a encore des jeunes qui obtiennent leur diplôme dans des zones de guerre. Avec des sacs de sable pour les fenêtres..."

Contenu créé par Superkraft en collaboration avec Lionscreativity

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