Depuis le 1er mars de cette année,
Jacco ter Schegget est le nouveau dirigeant de Publicis Groupe pour les Pays-Bas et la Belgique. Il a travaillé en Asie pendant quelques années et c'est pourquoi le
BAM lui a demandé de parler de ses expériences lors du Congrès Marketing du 6 décembre. PUB a ensuite eu une conversation avec Jacco ter Schegget.
Les entreprises chinoises viennent de plus en plus vers nous. Est-ce que cela changera les règles du jeu ici, sur les plans commercial et technologique ?
Jacco ter Schegget: "Je pense que oui. Des marques comme Ali Baba sont si agressives parce que la Chine est basée sur le principe du " the winner takes it all ". Vous devez éliminer votre concurrent, c'est ainsi que l'empire chinois a été créé à l'époque, comme je l'ai expliqué dans ma présentation. Des entreprises comme Ali Baba opèrent dans un marché intérieur très affirmé. De plus, ils sont " mobile first ". Et l'utilisation des données changera aussi les règles du jeu. On dit parfois qu'en Belgique, on ne consomme pas encore beaucoup de mobile, mais cela peut changer rapidement dans les années à venir."
Quelle est l'attitude la plus saine des entreprises d'ici, maintenant que les entreprises chinoises entrent massivement sur notre marché ? Collaborer, ou s'assurer qu'on peut continuer à le faire d'une autre manière sans les Chinois ?
Jacco ter Schegget: "Je crois toujours à la coopération. Mais c'est aussi une question de taille. Je ne me battrais pas contre quelque chose qui a 1,3 milliard de personnes derrière lui. Ce qui est drôle, c'est que l'Inde a aussi à peu près le même nombre d'habitants, mais elle est beaucoup moins bien organisée. En Chine, il y a beaucoup plus d'orchestration. Il y a deux choses que vous pouvez faire. Mettre le doigt sur les choses que vous n'aimez pas, ou vous pouvez dire : " D'accord, nous allons travailler ensemble, mais dans le respect l'un de l'autre ". Personnellement, j'opte pour cette dernière attitude."
Une approche pragmatique, alors ? Il suffit de trouver notre place, parce que la Belgique est un peu plus petite que la Chine ?
Jacco ter Schegget: "Exactement ! Nous avons besoin de connaître notre place au Benelux. Ce que les Belges et les Hollandais ont en commun, c'est que nous avons toujours eu affaire à des partenaires plus importants. Nous connaissons notre position et nous la traitons avec respect. Mais nous exigeons aussi le respect. Cela va dans les deux sens. Ça marche aussi avec les Chinois."
Comment pouvez-vous gagner ce respect de la part des Chinois ?
Jacco ter Schegget: "En général : tenez vos rendez-vous. Maintenant, on peut dire qu'en Chine, les accords sont parfois un peu multi-interprétables, il ne faut donc pas être naïf. Vous devez tenir bon. Au bout du compte, quand vous pouvez tous les deux gagner de l'argent, c'est très bien. Les Chinois sont très pragmatiques à cet égard. Mais vous devez respecter la culture chinoise, vous n'avez pas à leur dire ce que nous pensons de la société chinoise ou d'autres choses."
Le marché du luxe est important en Chine, y compris pour nos propres entreprises. La Chine est à l'avant-garde de la RV et d'autres technologies dans le commerce de détail. S'agit-il principalement de produits de luxe ou aussi de produits de commodité ?
Jacco ter Schegget: "Le développement va plus vite dans les produits de luxe, il y a plus d'innovation en Chine qu'à l'extérieur. Ils s’en servent aussi. Là-bas, beaucoup d'argent est simplement gagné avec des produits de luxe, malgré la taxe sur le luxe de 40%. C'est en raison de ces taxes élevées, qu'il y a tant de Chinois dans toutes ces boutiques de luxe à Bruxelles. Ce qui est important en Chine, c'est qu'elle est " vraie ". Même dans les boutiques officielles en Chine, il y a beaucoup de contrefaçons, y compris de vins. Mais quand il s'agit de luxe, l'origine réelle est extrêmement importante. La VR et autre par exemple, c'est tout ce qui a à voir avec cette 'experience' pour les vrais produits. Les plus beaux flagship stores de Dolce & Gabbana notamment se trouvent en Chine, ils sont fantastiques."
