La campagne Printemps/Été 2024 de Carhartt WIP se présente comme un programme interrompu. Telle une ancienne vidéo amateur sur laquelle on aurait réenregistré plusieurs fois, et dont le contenu varierait des publicités soignées aux créations les plus crues au caméscope, l’ensemble des images est une collision de scènes, de résolutions et de sentiments incongrus. Mélange d’image en mouvement et de clichés aux couleurs vives, les tons bleus/verdâtres de certaines séquences ne sont pas sans rappeler les images de vidéosurveillance d'archive, alors que d’autres évoquent les pages monochromes de fanzines punks agrafés à la main. Celles-ci se juxtaposent à des scènes situées à mi-chemin entre les premières vidéos de hip-hop et les enregistrements de studio haut de gamme comportant des prises de vues recherchées à 360 degrés.
Combinant diverses techniques d'imagerie, la campagne a été conceptualisée et supervisée par le directeur artistique de Carhartt Work In Progress Tim Kottmann, qui a traité les photographies d'Andrew White à l’aide de dispositifs de reproduction et de multiplication d'images analogiques - au point, parfois, de ne plus les reconnaître. Le fruit de son travail a été présenté sous la forme de publicités et de panneaux d’affichage, aux côtés du contenu vidéo réalisé par Paul Hermann dont la netteté vient parfaitement compléter les clichés bruts.
Malgré sa nature fragmentée, la campagne Printemps/Été 2024 suit un fil rouge, méditant sur la perte de qualité qui accompagne l’incessante circulation de données extraites et remixées. Dans un même temps, elle s’intéresse à la manière dont une image placée dans un nouveau contexte peut revêtir de nouvelles significations.
La campagne cherche des interprétations incohérentes, des temporalités fracturées et flexibles, entraînées dans un flux d'informations. Elle traite de la gestion des problèmes, de l’aliénation et de l’appropriation ; d’activités de déplacement, de zapping nerveux et de défaillances techniques. De pages photocopiées, de zéros et de uns. En bref, elle aborde tout autant le passé que le présent.
Credits
- Directeur artistique : Tim Kottmann
- Photographe : Andrew White
- Réalisateur : Paul Herrmann
- Producteur : Johannes Bottge
- Styliste : Aya Takeshima
- Modèles : Fidelis Munir, Fanta Fofana, David Michael
- HMU : Julia Barde
- Rédacteur en chef : Matthias Graatz
- Musique : Konstantin Grissman