Les petits plats dans les grands

Les petits plats dans les grands - Joelle Liberman - pub5-2012

Articles traduits

Gastronomie / Gastronomie et reality show

La cuisine se donne en spectacle. Les chefs ont quitté leurs fourneaux pour envahir les plateaux télé. Sites internet, applications pour smartphone, émissions de radio, magazines, livres… La sphère médiatique déborde de recettes.

·        Fonction sociale et pompe à fric
·        La cuisine s’inscrit dans une tendance lourde

Cuisiner est devenu une occupation, voire une passion, qui s’est émancipée du cénacle des femmes. Depuis des siècles, ce sont ces dernières qui nourrissent la famille… à l’abri des caméras. Aujourd’hui la cuisine est devenue à la mode, elle fait écho à notre quotidien. Au fil des décennies, elle a pourtant perdu de sa splendeur à travers spots et annonces publicitaires, qui additionnent les plats préparés, congelés, voire estampillés du nom d’un chef de pacotille. Aléa de la vie moderne, faute de temps, des générations ont désinvesti dans l’art culinaire. C’est dire que l’inflation de contenus et particulièrement en télévision, tombe à pic. «C'est une tendance sociétale lourde, qui dépasse le phénomène de mode. Elle répond à un manque de savoir-faire d'une génération qui n'a pas bénéficié d'une transmission d'informations de la part de ses parents. Il y a peu de mamy casserole dans les grands-mères d'aujourd'hui. Le diner à la maison a également une fonction sociale. On montre qu'on sait bien cuisiner. Il y a aussi une envie de mieux manger, plus sainement... » explique Carlo de Pascale, patron de Mmmmh!.

Tendance
Il faut dire que la cuisine prend aussi le relais de la télé réalité musicale, qui s’essouffle et qui n’est pas à la portée de tout le monde. Même s’il y a starification des participants, les exercices proposés s’inscrivent dans des expériences partagées par tous.   «En psychologie faire à manger s’apparente à créer des liens, générer de l’amour. Dans des familles où le courant ne passe plus, on leur propose de cuisiner ensemble. En cuisinant, on transforme des produits. C'est-à-dire que nous prenons des ingrédients qui viennent de la nature pour les rendre savoureux… Ca permet de se connecter aux autres. Dans ce domaine, le savoir-faire des anciens est reconnu, alors que dans le monde actuel, ce qui est vieux est obsolète. Il y a différents scénarios de cuisine, avec un expert qui donne le ton, à travers des échanges, comme sur le site Marmiton… » raconte Joelle Liberman, manager d’Egerie Research. «Ca répond à une envie de se reconnecter aux autres, de se prouver qu’on est capable, de démontrer son savoir-faire et de réussir avec brio. A côté de ça il y a des machines de guerre qui servent à faire du buzz et alimenter la pompe à fric. De leur côté, les téléspectateurs fascinés regardent ces programmes, des recettes qu’ils pourraient réaliser eux-mêmes et ainsi démontrer leur compétence. » Alors que le printemps et l’été 2012 sont des plus chauds, avec leur lot de manifestations culinaires, comme le Bocuse d’or, l’Omnivore World Tour, Culinaria, Brusselicious… on est en droit de se demander si le soufflé ne va pas s’effondrer! «Est-ce que les modalités de  la téléréalité vont s’essouffler? Probablement oui, si elle ne se réinvente pas. Ceci dit, nous vivons dans un monde qui réinvestit la maison, avec beaucoup d’ingrédients. Comme la tablette, qui devient un livre de cuisine. » Bon appétit.

Joelle Liberman (manager d’Egerie Research):  « Nous vivons dans un monde qui réinvestit la maison, avec beaucoup d’ingrédients. Comme la tablette, qui devient un livre de cuisine. »