Luc de Tillesse: L’avant, l’après….comme avant ?

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Il y a parfois des comparaisons qui laissent perplexes et qui nous poussent à la réaction.

Décrire la situation actuelle en faisant référence à la guerre pour imaginer l’avant et l’après  est choquant.

Petit rappel : la dernière guerre a duré 5 ans, a fait plus de 80 millions de morts et déplacé plus de 40 millions d’Européens en raison des changements de frontières.

L’après-guerre voit naitre une grande majorité d’hommes politiques nouveaux, sortis des milieux de la résistance, de nouveaux chefs d’entreprises avec des idées neuves. On assiste aussi à la naissance de l’ONU, du plan Marshall, de la création d’une sécurité sociale pour tous, la création d’une Europe unie…

Peut-on décemment comparer la crise due au confinement que nous connaissons à la seconde guerre mondiale ?

Il y aura certainement un avant et un après mais, dans quelle direction ?

La publicité n’est qu’un reflet de notre société. Sommes-nous capable d’aller à contre-courant ? Je l’espère.

Oui, nous souffrons de la crise actuelle mais arrêtons d’en accaparer le monopole. Je pense aux secteurs de la culture, du tourisme, de l’horeca et bien d’autres encore, et ce partout dans le monde .

Il faut se réinventer, changer de discours, être juste, trouver un sens nouveau à donner à nos vies. Des études récentes nous révèlent qu’une majorité de  consommateurs veulent que la publicité serve aussi à promouvoir des messages capables d’apporter une contribution à la société. Plus que des consommateurs, ils sont d’abord des citoyens, des entrepreneurs, des créateurs de liens. La communication ne se limite pas uniquement entre une marque et un quelconque consommateur, mais aussi entre des personnes.

J’ai en tête ce message intelligent  des dirigeants de Devos&Lemmens qui a simplement informé  le public qu’elle mettait de côté « ses blagues » pour délivrer à la place un message de solidarité et d’encouragement adressés aux personnes qui nous soignent. Avec une touche d’humour particulièrement bienvenue en ce moment.

Par contre, lorsque l’on reçoit des messages de l’agence de communication qui gère Coca-Cola pour nous montrer avec fierté les panneaux lumineux sur Times Square à New York pour simplement dire aux gens qu’ils doivent rester chez eux, alors qu’il n’y a plus personne dans les rues, alors on réalise qu’on a encore du boulot…

La responsabilité sociale d’une partie des entreprises aussi change. On l’avait déjà constaté après la crise financière de 2008, les entreprises qui inscrivent réellement la responsabilité sociale dans leur ADN -  ont mieux résisté à la crise et cette dynamique perdure encore aujourd’hui.

Cette crise va sans doute changer nos modes de consommation, nos choix alimentaires, notre rapport à la santé et au bien-être, ce qui renforcera ainsi nos rapports dans la sociétés,  et accentuera la tendance au local et au durable enfin, je l’espère.

Alors, allons-nous nous réveiller dans un autre monde après la crise de confinement ?

L’élan de solidarité ne va-t-il pas rapidement retomber comme un soufflé pour revenir  « comme avant » ?

Les chefs d’entreprises fans de délocalisation et les hommes politiques sans volonté d’ouverture vers l’autre seront toujours là et feront tout pour nous faire oublier le confinement et leurs erreurs d’appréciation. Ils feront tout pour effacer l’idée que la crise du Coronavirus est un révélateur fantastique des dysfonctionnements de notre société tant politiques qu’économiques.

L’Européen moyen rêve de se ruer sur l’industrie mondiale, de revivre comme avant avec ses billets d’avion gratuits, ses fringues pour presque rien, sa 5G très vite installée.

Chaque année, les belges dépensent 10 milliards sur des sites étrangers du type Amazon ou Alibaba et non sur des chaînes locales, vont-ils changer leurs habitudes ?

…Et sans doute, allons-nous en tant que responsable d’agence de communication suivre la cadence…

Pourtant, je reste persuadé que nous devons donner un vrai sens à la communication.

Nous pouvons, à notre petit niveau, faire comprendre la finalité d’acheter et de  consommer juste, et réfléchir à qui profite ce que nous achetons. Nous nous porterons mieux et notre économie aussi !

Ce qui se passe aujourd’hui est nouveau pour tout le monde et nous apprenons en marchant. Bref, tout en essayant de rassurer, il faut faire preuve d’humilité dans sa communication.

 

Luc de Tillesse, Managing Director - The Crew communication