La bonne nouvelle

L'inventaire des courriers indésirables de ma boîte mails déborde d'offres en tout genre. Je ne vous parle pas de contacts connus que je m'empresse d'arracher au côté obscur de ma messagerie, mais bien des « bonnes affaires » qui fleurissent à l'infini. Les Outspot (79% de réduction sur un matelas), Viking (40% sur des enveloppes), Groupon (jusqu'à 60% sur un menu d'un restaurant)... Tant qu'il s'agit de produits pour lesquels je n'ai pas d'affinité, ou un intérêt cartésien, la dégringolade des prix m’indiffère. Ce n'est pas pour autant qu'elle est à négliger, mais quand je tombe sur une marque qui véhicule des valeurs, de la qualité... je m'inquiète. Ainsi en voyant, sur une pleine page d'un quotidien, que la biscuiterie Jules Destrooper offrait 80% de remise sur un assortiment de biscuits, le tout accompagné d'un beau livre et en plus livré à domicile... Je me dis qu’il doit bien y avoir une stratégie marketing derrière cette opération !? Je suis toutefois assailli par le doute. Vous me direz : de quoi vous plaignez-vous ? C'est vrai , l'essence sera bientôt au prix de l'eau, c'est tout bon pour mon portefeuille.

La spirale déflationniste est très dangereuse. Si la situation économique actuelle en présente les symptômes, on observe depuis longtemps que le secteur des médias, au sens large, est lui aussi aux prises avec ce syndrome. Dans la foulée du lancement du World Wide Web en 1990, une majorité d'éditeurs peu inspirés ont bradé leurs contenus en ligne. Et quant à ceux, actifs dans le registre de la musique et de la vidéo, ils ont pour la plupart freiné des quatre fers, rêvant de conserver un business modèle dépassé. Ils sont depuis lors la proie de prédilection des nouveaux comportements basés sur le piratage. Parallèlement à cette majorité d'acteurs, se débattant dans une spirale infernale – on ne veut plus payer pour du contenu – d'autres, à contre-courant, tirent leur épingle du jeu. Itunes et App Store font mieux que résister à la contagion de la gratuité. Rayon presse, Flow, magazine positif par excellence, édité par Sanoma, offre un nouveau souffle au segment. Ces deux exemples bien distincts m’enthousiasment. Oui, la pérennité d’une marque, l’innovation d’un média est liée à sa qualité. Et miracle les consommateurs/acteurs sont prêts à sortir le porte-monnaie ! Finalement, tout va bien.